Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663
(1916)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend6002. Aan J. Sauzin. (H.A.)Depuis ma derniere du 8e de ce moisGa naar voetnoot2) voyci comme j'ay receu vos depesches de pardelà: l' 11e celle de M. de Lubieres et la vostre du 3eGa naar voetnoot3); le 15e la vostre seule du 6e.Ga naar voetnoot4); le 19e celle de M. de Lubieres seule du 6eGa naar voetnoot5); le 22e la vostre et celle de vostre nepveu du 13eGa naar voetnoot6), item une seconde de M. de Lubieres dudit 3e et ensemble celle du 13eGa naar voetnoot7). Je ne scay pourquoy cela est si inegal, puisque vous escrivez en mesme temps et de mesme lieu, et que les pacquets se trouvent bien conditionnez quand ils arrivent. - N'attendez pas que je m'amuse à m'estendre sur tant d'histoires que vous m'escrivez. C'est assez qu'elles servent à m'informer, et par moy S.A. Madame de ce qui se passe d'important au service du Maistre. Je voy bien que ce ne seroit jamais faict, si on prestoit l'oreille à toutes sortes de discours, et dites et redites et dedites dont vostre monde a accoustumé de s'exercer. Il faut aller aux effects, et veoir si on est d'intention d'obeir aux ordres de la Tutele ou non. Ce que vous me mandez presentement me faict juger qu'on commence à considerer les conseils que j'ay tant prins de peine à donner là dessus, et vous repete encor, que ceux qui prendront ceste voye là, se louëront quelque jour de l'office d'ami que j'ay eu soin de leur rendre, et ceux qui s'en escarteront se plaindront aussi bien en vain qu'à tort de n'avoir pas estez advertis à temps. Je voy que vos prochaines m'en doibvent esclarcir, et les attens avec impatience pour une fois me veoir delivré de la peine de tant rebattre tous les jours sur un texte auquel parmi de bons et loyaux subjects il ne doibt ni ne se peut trouver aucune doubte ni obscurité. Gardez vous bien tous, s'il vous plaist, de me croire capable de trahir les droicts de mon Prince, ou de consentir à ce qui les puisse interesser en maniere que ce soit. Si j'auroy à rendre compte ailleurs qu'à la Tutele de ce que je dis et fay en ceste cour, je vous feroy bien connoistre par les memoires que je ne cesse d'y exhiber, avec combien d'ardeur je me tremousse contre les invasions d'une puissance estrangere sur l'autorité de S.A., et contre ceux qui nous suscitent le malheur de ceste violence. Je ne sçauroy empescher les gens d'escrire ce qu'il leur plaist; si M. de Beauregard est bien servi d'un ami qu'il employe pardecà, et qui me paroist homme de bien, il n'ignore pas à l'heure que j'escris, ce que je luy en ay tant dit, et la maniere dont il me void agir contre tels procedez, auxquels j'aymeroy mieux estre mort que d'avoir semblé seulement de vouloir prester la main. En voyci desjà trop, et je sens que je | |
[pagina 519]
| |
me fais tort de protester contre des faussetez qui se destruisent elles mesmes; aussi ne m'en entendrez vous plus parler; il ne m'en vault pas la peine. Je suis bien aise de veoir M. vostre nepveu s'opposer comme à une calomnie à ce qu'on m'en avoit faict entendre de luy de plus que d'un costé. Faictes que ces bruicts au moins servent à porter un chascun à l'aversion de touts petits discours legers, et qu'au nom de Dieu on ne songe qu'à bien faire et à parler peu .......... 22e Dec. 1662. P[ost] D[ate]. Notez que j'ay bien faict connoistre icy combien est vain et frivole le pretexte qu'on prend d'avoir besoin d'une protection estrangere pour faire valoir et subsister les ordres de feu la Princesse Royale, attendu qu'il a esté pourveu à cela par un article expres du traicté de la Tutele faict en Angleterre le 27e May 1661, ce que M. de Beauregard sçait tres-bien, comme aussi il n'ignore pas que tous comptes ouys et clos à Orange doibvent encor passer par les mains de S.A. et de ceux de son Conseil, pour y recevoir la derniere teinture, et qu'en suitte ce n'est que là où il peut et doibt se pourveoir au besoin. |
|