Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663
(1916)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend5753. LubieresGa naar voetnoot2). (H.A.)Ayant apris par un bruit semé icy despuis quelques jours, qu'on a porté plainte à Sa Majesté tres chrestienne d'un accedit, ou procedure de justice par moy faicte dans l'eglise des catholiques du lieu de GigondasGa naar voetnoot3), j'ay creu, Monsieur, que je vous devois edifier sur ce sujet, et vous envoyer un extraict en bonne forme de madite procedure, afin que vous pussiez faire voir à Sa dite M.té, que des officiers de justice, que S.A. a establis, ne font rien dans ceste principauté que conformement aux edicts de S.A. et à ce qui s'est tousjours prattiqué icy, et qu'en ceste rencontre je n'ay rien faict au prejudice desdits catholiques, et partant que les plaintes qu'ils font sur ce sujet sont plustost malicieuses que bien fondees. Vous verrez donc, Monsieur, par madite procedure que toutes les parties du procès sont catholiques, voire mesmes je vous dois dire que toute la communauté dudit Gigondas sans exception d'aucun faict profession de ladite religion. Or nous observons entre nous, conformement aux edicts de S.A., que lorsque les parties qui playdent par devant nous sont | |
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d'une mesme religion, qu'il n'est pas necessaire que le commissaire par devant lequel se font les formalitez, soit de leur religion, comme elles ne peuvent pas demander que lors du jugement du procès, les juges soyent en nombre esgal de chasque religion. Vous y verrez, Monsieur, qu'il ne s'agissoit point d'une affaire ecclesiastique, mais seulement d'un banc qu'une personne laique veut mettre dans ladite eglise, voire mesmes qu'il ne s'agissoit que de voir le lieu ou elle veut mettre ledit banc, et voir si ledit banc occupe trop de place, et aussy de faire mesurer la capacité de ladite eglise, en un mot que je n'y allois que pour voir, pour apres faire rapport à la Cour lors du jugement du procès, de ce que j'aurois veu, à quoy faire un conseiller de la religionGa naar voetnoot1) estoit aussy competent qu'un catholique. Vous y verrez aussy, Monsieur, que bien loin que moy, ou quelque personne de celles qui estoyent avec moy, ayent commis quelque irreverence dans ladite eglise, qu'au contraire nous y avons esté avec autant et put estre plus de respect que si le commissaire eut esté catholique, ayans esté tous chapeau bas durant tout le temps que nous avons demeuré dans ladite eglise, quoyqu'il ne s'y fit aucun service. Vous y remarquerez aussy que durant le temps de madite procedure j'ay tousjours eu avec moy les deux prestres de ladite eglise, et deux officiers du lieu qui sont catholiques, lesquels ont attesté et signé madite procedure, comme il vous plairra de voir. Finalement je vous dois dire, Monsieur, que s'il estoit vray, comme on publie à Paris, que ladite eglise eut esté pollue, parce que des personnes de nostre religion y sont entrées, que Monsieur l'evesque de Voyson - dans la diocese duquel est situé ledit lieu de Gigondas - ne permettroit pas qu'on continuat de celebrer la messe, comme on a tousjours faict du despuis, qu'auparavant il ne l'eut rebenie, ce qu'il n'a pas songé de faire. Et si j'y avois commis quelque irreverence, le vicaire et le secondaire du lieu n'auroyent pas signé madite procedure. Voila, Monsieur, la pure verité, d'ou vous pouvez inferer que les catholiques d'Orenge qui ont porté des plaintes au Roy sur ce sujet, ne sont que quelques uns qui se plaignent incessamment pour parvenir à leur but, qui est que le Roy soit persuadé que les catholiques sont icy tres mal traittez. Et en effect il vous plairra de remarquer que ce n'estoit point aux catholiques d'Orenge de faire aucune plainte pour ceste affaire, mais seulement à Monsieur l'evesque de Voyson, veu que pour la spiritualité, les catholiques de Gigondas sont sous la conduite dudit Seigneur evesque et non pas sous celuy d'Orenge. Or ledit evesque de Voyson ne faict aucune plainte d'autant qu'il a pris soin particulier de sçavoir comme la chose s'est passée. M.r l'advocat generalGa naar voetnoot2) est de retour icy despuis le 7e du courant, et nous ayant faict comprendre qu'il desiroit rendre compte au Parlement de la deputation, et luy faire sçavoir que Monsieur de Gaut vient icy avec des ordres du Roy pour faire demolir les bastions de la ville, et faire plusieurs autres choses, il nous requit de convoquer le Parlement, ce qui ayant esté faict, le Parlement est assemblé despuis quatre jours. Ledit S.r advocat n'a pourtant pas encores rendu aucun compte de sondit voyage, ny parlé desdits ordres que Monsieur de Gaut porte, y ayant apparence qu'il attend que mondit Sieur de Gaut soit arrivé icy auparavant. De sorte que le Parlement n'a encores faict autre chose | |
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que de travailler a mettre en estat le procès qui a esté intenté contre les particuliers qui, lors du feu de joye faict pour la naissance du Daufin, ont excedé en paroles contre le respect deu à S.M.té tres chrestienne, pour apres juger ledit procès au premier jour. Et cependant pour faire voir qu'on n'oublie rien pour tascher de se saisir des prevenus, Monsieur l'advocat general demandera pareatis à tous les Parlements de France pour ce sujet, et S.M.té verra qu'asseurement il ne s'obmettra rien pour chatier ceste irreverence. Le Bureau a veu la lettre qui a esté par vous escritte à M.r Sauzin, eta pris sur cela deliberation, laquelle vous sera envoyée au premier jour, ensemble tous les actes necessaires pour vous faire voir et à Mess.rs du Conseil de S.A., à quoy tous les deniers de S.A. qui ont esté reçeus icy par Monsieur de Beauregard despuis le rétablissement du Bureau ont esté employez, et qu'est ce qui reste entre ses mains, en ayant rendu compte de la plus grande partie au mois de May dernier par devant le Parlement et le Bureau conjoinctement, et estant en estat de rendre aussy compte du reste aujourdhuy devant les mesmes personnes, desquels comptes il vous sera envoyé des extraicts en bonne forme, qui vous esclairçiront de tout l'employ, aussy bien que de la recepte. On nous faict craindre icy plusieurs maux, mais puisque vous ne nous en dittes mot, j'ay sujet de croire qu'il n'en est pas tant comm' on dit, y ayant apparence que vous, Monsieur, qui estes à Paris pour negoçier les choses qui regardent cet Estat, auriez la bonté de nous faire sçavoir les resolutions que le Roy pourroit avoir prises contre iceluy, et nous suggerer ce que les corps et les particuliers de cet Estat doivent faire pour prevenir ces orages. Je me conduiray, Monsieur, suivant vos avis, et j'auray l'honneur d'estre toute ma vie .... A Orange, ce 18 de Jan.er 1662. |
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