Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663
(1916)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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5640. Aan M.F. van LangrenGa naar voetnoot1).Je responds fort tard a vostre depesche du mois de Novembre, mais c'est que vos desseins estant demeurées entre les mains de mon Archimede, il a negligé de m'en faire rapport, dans la presse des occupations qu'il se donne, tant pour le ciel que pour la terre, car il ne s'arreste pas en si beau chemin, et vous en verrés partir encor de belles choses, s'il plait à Dieu. Vos proposititions nous ont tant pleu, que ne cessons de vous plaindre, de ce que vous estes tombé entre les mains d'un monde qui ne peut, ou ne veut pas vous entendre. Souffrez cependant que je vous redie que je pense vous avoir encores objecté, que les eaux retenues et soudainement lachées ne font pas icy l'operation qu'on avoit accoustumé de s'en promettre, n'y ayant presque que la premiere cheute qui fasse quelque effect a fort peu de distance; et se trouve que ce premier sable retombe tost apres, et fait autant de mal en avant, que de bien en arriere. C'est ce qui a donné occasion à une invention notable, que nous practiquons avec beaucoup de succes au havre de MaeslantsluisGa naar voetnoot2); c'est une forme de rasteau, que je pense qu'en Espagnol vous nommez rastro. Il a quinze ou seize pieds de long, et trois ou quatre de large, armé de grandes et fortes pointes de fer. Cest engin s'enfonce jusques sur le fond, attaché à certain petit ponton plat, auquel de part et d'autre on a attaché une aisle de planches, au moyen de quoy l'eau lachée le pousse vigoureusement, et ces pointes de fer raclans ainsi la bouë ou le sable, par la [mes]meGa naar voetnoot3) impetuosité tout s'emporte dans la Meuse, et tient on par là ledit havre à telle profondeur qu'on desire, ou au contraire des ecluses pareilles à celles que je pense que vous proposez, n'estoient aucunement capables d'y faire effect de consideration. Voyez comment vous goustez l'invention; si vous en desirés instruction plus ample, je seray tousjours prest à vous la departir, comme estimateur de vostre vertu, et en ceste consideration tant porté a vous tesmoigner aux occasions de vostre service, et de mon pouvoir, que je suis d'entiere affection .... le 10 de Mars 1660. |
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