Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663
(1916)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend5586. Aan Frederik, Rhijngraaf. (K.A.)Nous avons sceu comme ceux de Herstal et de Wandre s'estans trouvez devant V.E., vous avez prins la peine de laver la teste a ces derniers, comme a merité leur impudence, en ce que seditieusement ils ont osé s'opposer au reglement que par ordre tres-expres de leurs Alt.es j'ay eu soin d'establir entre eux à mon depart, tant pour la conservation des droits et revenus de S.A. que pour la reformation d'une quantité de corrupteles que j'ay trouvées glissées en ceste baronnie, auxquelles il estoit plus que temps de remedier. Les honestes gens donc louent hautement vostre action si genereuse, la Maison vous en a beaucoup d'obligation et, en mon particulier, j'ay fort ressenti que les bonnes intentions de V.E. ayent concourru en cet office aveq la sincerité de mes debvoirs. Il restera de veoir quel sera le gré que nous en sçauront Mess.rs nos pretendus souverains de Liege; car, comme vous voyez, Monseigneur, leur insolence va peu à peu montant si haut, qu'enfin il leur est advis que le pauvre S.r de Herstal, comme ils le qualifient en leur derniere declaration, n'a plus rien à dire en sa terre, non pas jusqu'à pouvoir regler et ajuster un desordre arrivé entre ses subjects. Je ne sçay si V.E. a daigné jetter les yeux sur ceste | |
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dite declaration, publiée depuis peu, mais j'ose bien vous asseurer qu'elle est sifflée et descriée icy et ailleurs pour une piece infame, et par trop indigne de gens d'honneur. Sans toucher aux impertinences dont leurs Alt.es et leur pupille s'y trouvent deschirez, et dont peut estre on aura subject de se ressentir en autre occasion, tous les soleils n'estans encor pas couchez, je vous supplie de considerer, si c'est un procedé honorable, que là où il y a different entre les Princes, l'on se jette avec outrage sur la personne des ministres d'un ou d'autre costé; au moins en ce qui a esté publié du nostre ceste insolence ne se trouvera point, et je puis bien dire qu'au service de plus de trente ans que j'ay rendu et de la langue et de la main à de grands Princes, jamais il ne m'est arrivé de me veoir injurié pour chose dite ou escritte de leur sceu, de leur part et soubs la confirmation de leur seing, apres lequel tout le monde sçait que la piece n'est plus du valet, ains du maistre seulement. Mais parmi ces gens de fer et de houïlle il semble que la maxime est toute autre, et qu'apres s'estre acquitté avec fidelité au regard du Maistre, et aveq civilité envers les estrangers, il faut souffrir de se veoir cracher au visage et de s'entendre traicter d'ignorant, de perfide et de quoy non? Car c'est là, Monseigneur, une partie des complimens et beaux eloges que vous verrez que me donne ceste merveilleuse declaration, où d'ailleurs il se trouve plus d'extravagance et d'indiscretion qu'il ne vault la peine de vous specifier icy. Entre autres le passage est excellent qui dit en substance que les Princes ses tutrices se seroyent données l'authorité de parler en forme d'arrest, qu'au rapport de leur deputé on auroit trouvé qu'il auroit maintenu le droict de son Prince par raisons indisputables. Il est tres veritable que leurs Alt.es et tous les Messieurs du Conseil et tous les advocats du Prince sont de cest advis, mais la soustenue d'une partie contraire faict elle jugement d'arrest? Dans quelle cervelle raisonnable peut tomber une imagination si mal bastie? Voire n'est ce pas bien plus se donner l'autorité d'une sentence d'arrest, que de se jetter à main forte sur les droicts et les subjects d'un Prince mineur, où il y a controverse entre deux, et non aucune decision, qui en effect ne sçauroit sortir de la bouche de l'une ou l'autre partié? Je m'engage insensiblement au discours dont j'avoy proposé de ne rompre point la teste à V.E. Je la supplie tres-humblement de me pardonner ceste saillie. Apres avoir veu imprimer que je manque de connoissance de l'estat de la Maison de mon Prince, que j'ay mal informé les Princesses ses tutrices et les ay servies d'un rapport infidele, il me semble que je suis aucunement excusable, si en ne respondant pas au fol selon sa folie - comme je m'en garderay fort bien - je cerche à me justifier le plus modestement que je puis à l'endroit de V.E., qui sçait ce qui est de l'honneur et de la discretion, et envers quelques autres amis de consideration que j'ay laissez dans Liege mesme, et qui ne se retienent pas de blasmer ce vilain procedé aussi ouvertement qu'ils ont reproché l'incivilité de ceux à qui j'ay eu si longuement à faire dans leur ville, et desquels pas un jamais ne s'est avancé à m'offrir un mauvais repas, et apres tout, ayants faict attendre leurs Alt.es jusques à bien six mois apres le terme prefix à leur response, n'ont pas daigné de leur donner aucun advis de ce qu'ils vouloyent resoudre ou non resoudre au subject du traicté de vente entamé par eux mesmes, incivilité si brutale qu'il paroist bien que ces declarateurs s'en trouvans embarassez n'ont pas osé se laver du reproche qui leur en avoit esté faict tres-justement. Je finis dans une autre demande de pardon de ceste | |
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prolixité tant ennuyeuse, mais qui pourroit venir à point, si peut estre V.E. venoit à rencontrer de ses voisins, qui osassent l'entretenir sur ce subject à mes despens. Ce qui arrivant, je la supplieray tres-humblement de se souvenir qu'on luy parle d'une personne que jusques à present elle aGa naar voetnoot1) faict la grace de tenir pour homme d'honneur et qui, avec l'ayde de Dieu, taschera d'en conserver le charactere jusqu'à sa fin, c'est à dire, tant qu'il cherira la faveur d'estre creu ..... 20e Juin 1658. |
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