Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663
(1916)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend5585. Aan Curtius, heer van GranzaGa naar voetnoot5). (K.A.)J'ay esté adverti, comme il vous a pleu vous donner la peine de me procurer la copie du tableau que j'avoy prins la liberté de vous demander; jusques à present il ne m'est encor apparu, mais ce n'est pas ce que je doibs attendre pour vous en remercier; l'obligation en a esté née des l'heure que vous avez eu la bonté de me faire esperer ceste faveur. Je vous en rens donc graces tres-humbles, Monsieur, et vous supplie de songer, s'il y a moyen que j'aye le bien de vous servir en pareille occasion, ou en telle autre de plus d'importance qui soit de mon pouvoir. Car veritablement je m'y employeray avec la mesme joye que j'ay eue, quand vous avez voulu me frayer le chemin de vostre amitié, et celle que j'ay encor tous les jours, en publiant icy ceste generosité desinteressée qui vous a porté tout seul dans laGa naar voetnoot6) grande ville de Liege à me faire un acceuil que je n'avois aucun subject d'attendre de vostre | |
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costé, n'ayant rien à demesler avec vous; là où de ceux aveq qui j'ay eu ordre et occasion de traicter, pas un n'a voulu user de la civilité de m'offrir un morceau de pain, ne plus ne moins que si j'eusse esté un pestiferé parmi vos gens, aveq lesquels cependant je pense avoir vescu par tant de sepmaines dans les termes convenables à l'estat et condition d'un chascun, autant qu'il m'a esté possible. Il m'a semblé aussi, Monsieur, que je n'y avoy pas laissé de si mauvaise odeur de moy, qu' apres mon depart j'eusse merité d'y estre malméné avec tant d'impertinence, comme je vien d'apprendre qu'on a faict nouvellement par une declaration publiée au nom de S.A.E.Ga naar voetnoot1) où, au lieu de s'estendre sur les interests des Princes que nous servons de part et d'autre, on s'esgaye à m'attaquer laschement d'injures et de calomnies, sur ce que j'ay servi aveq ce que je doibs d'obeïssance et de fidelité à ceux qui disposent de mon travail. Que si je me jettoy sur des recriminations de ceste sorte, comme j'en ay tout subject, je vous donne à penser ce que les gens d'honneur de pardelà en jugeroyent, et si, comme ceux de pardeça, ils ne siffleroyent pas des procedez si indignes de personnes de condition. Et c'est en verité la consideration qui me retiendra. Je vous supplie de m'en rendre tesmoignage, si l'on vient à gloser sur mon silence en ceste occasion, où le papier me manqueroit, plustost que la matiere. Je suis marri de m'y veoir emporté jusqu'à la troisiesme page; mais, comme j'ay voulu dire d'entrée, vostre seule et unique generosité m'a persuadé à croire que vous m'avez destiné l'honneur, que je vous prie de me continuer tousjours de m'advouër ..... 4e Juin 1658. J'espere que nostre copie sera de quelque bonne main, et attendray qu'en me l'envoyant on m'indique ce que j'en doibs payer, ce qui sera fourni punctuellement et en toute promptitude. |
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