Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663
(1916)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend5122. Aan prinses Amalia van OranjeGa naar voetnoot7). (K.A.)*aant.J'ay esté present, quand M. Dedel a receu la lettre de M. Motsvelt, par laquelle il dit, qu'en tout cas V.A. attendra les deputez de la Cour, quelque response que fasse la Princesse Royale ou non; et Dedel dit que c'estoit aussi son intention, mais que V.A. ne doibt pas s'estonner quand elle les entendra raisonner contre elle, parce qu'en matiere d'accommodement c'est la coustume de plaider quasi contre ceux qu'on tasche de conduire à la raison. Au reste, que pour luy, il s'employe à contrecoeur en ceste commission, parce qu'il n'y | |
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peut mettre en avant les choses qu'il voudroit, comme justes et raisonnables. V.A. n'oubliera pas de se plaindre envers ces Messieurs de ce que l'on souffre que la Princesse s'ingere par voyes de faict dans la tutele, et en dispose de mesme que s'il n'y en avoit que pour elle, au grand mespris de la justice; en suitte de quoy V.A. auroit bien subject aussi de dire, qu'en un païs où chascun faict ce qu'il veult, elle ne [se] soucie plus de la Cour de justice, mais que persistant dans ses premiers respects elle est encor contente d'entendre à bout tout ce qui sera trouvé juste et raisonnable. J'ay encor insisté aupres de Dedel à ce que la Cour fist proposer des conditions qu'elle mesme declareroit avoir trouvées raisonnables; mais il respond n'avoir osé tendre à telle conclusion, parce qu'il voyoit qu'il seroit conclu à des choses qu'il seroit marry de proposer. Apres tout, ce ne sera pas d'aujourdhuy que ces commissaires, qui seront Crommon et Dedel, verront V.A., car ayants envoyé demander audience à la Princesse Royale, elle a faict dire qu'elle avoit prins medecine. C'est à dire, dit Dedel, qu'on veult gaigner du temps, pour aviser avec Crommon et d'autres, comment on aura à se comporter. Ains l'affaire doibt estre remis à Lundy. Aujourdhuy le secretaire de la Princesse RoyaleGa naar voetnoot1) a porté au Conseil les resolutions de sa Maistresse par escrit sur chasque point des advis du Conseil touchant le mesnage de la maison, et Knuijt, apres avoir tout leu, s'est levé, disant, qu'il falloit donc veoir Lundi comme tout se pourroit mettre en execution. Je l'ay arresté aveq peine, et ay dit, s'il sçavoit bien, que ce n'estoit que la moitié de l'ouvrage, et qu'il falloit aussi sçavoir les intentions de V.A. sur lesdits points. Il a respondu legerement, et tousjours quasi en fuyant, que V.A. avoit les points, et qu'elle en pourroit faire parler au Conseil quand il luy plairoit. J'ay repliqué qu'il seroit bon qu'elle fust advertie qu'on attendoit cela, et que desjà on estoit informé d'un costé. Tousjours en se coulant comme une anguille, et tantost entrant et tantost sortant du Conseil, il a tasché de me rompre ce propos, duquel veritablement je ne sçay point de resolution de son costé, sinon qu'à la fin il me dit que V.A. avoit temps entre icy et Lundi, et que quelqu'un la pourroit veoir entretemps. Je dis que je n'aurois pas l'honneur de revoir V.A. en ce temps là - comme de vray je n'y iray pas, afin qu'on ne die que j'aye esté procurer ce que je diray cy dessous - et que luy, qui avoit delivré ces points à V.A. de par le Conseil l'en pourroit bien sommer. Cela est demeuré là en confusion, et me semble maintenant, que V.A. doibt faire mettre par escrit ses resolutions sur chasque point, comme a faict l'autre, et puis envoyer querir Knuijt, Beaumont et de Wilhem, ou PauGa naar voetnoot2), et leur dire comme elle est estonnée, que ceux du Conseil, ayans declaré, comme est leur devoir, de se tenir dans la neutralité, avoyent negligé de luy envoyer ledit advis de mesnage. Quand lors Knuijt dira qu'il l'a mis entre les mains de V.A., elle pourra le confondre sur son procedé, faisant entendre | |
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aux autres - qui ne le sçavent pas - qu'il n'a jamais dit que c'estoit par ordre du Conseil, et que cependant, sans insister sur la formalité, V.A. en continuant d'avoir les soings qu'elle doibt du bien et de l'honneur de la Maison, avoit voulu communiquer au Conseil ses meilleures pensées sur le tout, desirant qu'on y prenne tel esgard qu'il convient, et qu'on se garde de rien conclurre ou ordonner, sans sa cognoissance et adveu, aussi bien que de celuy de l'autre costé, ou bien que, peut estre, elle trouvera le temps de s'en ressentir. Ce que presentement elle leur diraGa naar voetnoot1) froidement et hors de cholere, afin qu'on n'aille plus la blasmer d'avoir mal mené le Conseil, auquel elle n'en a pas voulu, mais à celuy ou ceux qu'ils avoyent bien pû remarquer. Et puis nous verrons quels seront les rapports de tout au Conseil, qui se falsifient si estrangement d'ordinaire, que c'est une honte. Mais si V.A. veut encor faire paroistre qu'elle scait ce qui s'est passé au Conseil, soit en gros ou en destail, il n'y a plus moyen que je la serve aveq fruict, et sans mon dernier prejudice. Le meilleur seroit qu'elle voulust tout sçavoir, et faire semblant de n'avoir jamais ouy parler de rienGa naar voetnoot2). Cependant je considere aveq estonnement, comme il est possible qu'elle repose tousjours de la confiance aux personnes qui ne sont ses serviteurs qu'en sa presence, et hors de là la trahissent ouvertement. 18 Mars 1651. |
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