Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663
(1916)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend5089. Willem Frederik van NassauGa naar voetnoot2). (H.A.)Je suys estonne quiGa naar voetnoot3) vous a peu donner cognoissance de mes bonnes intentions que j'ay eu pour vostre avancement. Ayant cognoissance de vostre capacite et experiance aux affaires, j'ay bien souhaicte que la charge de Mons. Musch tomboit entre vos mainsGa naar voetnoot4), car je scay quel advantage qu'on en peut tirer, quand on a la plume de son coste. Mess. les Estats d'Hollande, ayant ceste cognoissance, se sont tant plus hastez, et samble que les longues services qu'avez randues a leurs Altesses de immortelle et glorieuse memoire, vous aura este prejudiciable en cest affaire, car vous scavez comment ceulx sont regardez et estimez qui se sont attachez, tesnus fermes et fidels a leur service; tout rit à Mess. les Estats de Hollande [et] de Westvrise et | |
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samble que le temps et les occurrances d'aujourdhuy y veulle contribuer. Dieu veulle qu'ilsGa naar voetnoot1) le menagent bien, qu'ilsGa naar voetnoot1) ne s'en emportent, et que tout ce qu'ils entreprennent puisse reussir, pour la conservation de l'Estat, l'union generale et particuliere, car l'égualite entre tant des testes et humeurs interessez, generalement et particulierement, ne peult longtemps demeurer sans quelque jalousie, haine ou envie, avantcoureurs de desunion, asseuree perte de l'Estat. Je suys pourtante tres-aise que me[s] bonnes intentions vous ont este notifiez, qui vous seront tousjours conservez et continuez, selon ma petite capacite et pouvoir, tant par affection et inclination que par obligation, car j'ay tousjours remarque que vostre bienveillance me secondoit, de quoy je ne me puis satisfaire, pour vous en randre de tesmoignage par mes veux et souhaicts, puysque le pouvoir m'en manque, dont de nouveau vous meGa naar voetnoot2) donnes des preuves, en me felicitant avecques le[s] honneurs et dignitez nouvellement receuuesGa naar voetnoot3), lesquelles j'espere que personne m'envie; car, pour parler franchement, ils ont este quarante ans en nostre Maison, et vous scavez que, devant dix ans, ils ne m'eussent quitez, si l'on les eust laissez suivre leur inclination et santiments, dont je n'en parleroy plus; aprez, Monsieur, vous voyez que cela ne donne point de prejudice a S.A. le Prince. Car les Estats d'Hollande sollicitent touts les provinces a ne le faire point leur gouverneur, ny de le eslire pour generalissime, ce que je n'espere pourtant qu'ils suivront; neamoins en touts le[s] provinces il y enn a des mauvais, comme scavez mieulx que moy, qui ne remarquent, ny apprehandent point le mal qui leur en peult resulter, et, tout bien considere, il me samble que l'on debvroit establir quelque un pour represanter la personne de S.A. le Prince; car, s'il n'y en a point, d'icy en vint ans, ils seront tellement affriandez de l'autorite qu'il[s] s'attribueront asteur, qu'ils ne le voudront jamaisGa naar voetnoot4) quiter; ce quiGa naar voetnoot5) appartient de droit a S.A. le Prince, il[s] le donneront a leur[s] fils ou cousins, changeront point les charges qu'ils usurperont seulement des personnes et illustres familles, a l'example d'Engleterre, qui ont un Roy en effect, point en tiltre. Je craings que les disputes de leurs Altesses, Medames les Princesses, donnera grand prejudice aux affaire de Monseig. le Prince, que leurs ennemis la fogmanteront, s'en rieront, sans le decider, pour gaigner du temps et jouuer de leur personnage, et pour cela le plustost qu'il est possible, cela debvroit estre accordee, an quoy vous peuvez beaucoup; j'espere qu'employerez vostre capacite a le trouver, dont j'espere d'en entendre bientost des bonnes nouvelles. Monsieur, vous me faictes la faveur de me notifier que S.A. MadameGa naar voetnoot6) eust trouve bon que je me eusse plus ouvert a elle, sans aller avec de retenue, de quoy je vous asseure et proteste que je l'ay faict et suys alle, avecques la mesme franchise comme avez veu que j'ay vescu avec S.A. Madame; je luy ay presante mon obeissance et service et demande son conseil et advis, ce que je ferois en ces conjectures du temps, que je me regulerois entierement selon ses sentiments, et ordres, et bon vouloir; la responce fust, avec des compliments et civilitez, qu'elle ne me scavoit rien dire, ny faire, dans cest affaire, qu'elle se tiendroit quoyGa naar voetnoot7) et neutrael, puysque le comte Maurice et Mons. de Brederode luy avoyent faict la mesme demande; aprez je n'ay manque jour que j'ay este deux fois a la court, pour voir si S.A. Madame avoit besoin de moy, ou si elle me vouloit employer, mais jamais j'ay receu cest honneur; un jour S.A. Madame me dict que je ne luyGa naar voetnoot8) conseillois point ou que je ne luyGa naar voetnoot8) disois rien; je luy disois, tout ce que je avois entendu que je luy avois dict, sortant fort peu de la maison, et pour donner conseil ou dire mes sentiments, sans estre demande ny resquys, dedans des affaires d'aultruy, que cela estoit meseant; que je ne l'osois faire, car on le pouvoit trouver mal, ou me l'imputer d'outrequidance ou temerite. Pour l'affaire de Gronningue et Omlandes, je n'en scavois rien a mon partement, et ne recevois de nouvelles que les desputez de ceste province de Frise avoyent envoye de leur corps devers la ville de Gronningue | |
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et Omlandes, pour chercher de reunir ses provinces qui ont grande interes de cela, par aliances, par situation et reciproques mariages qui sont entre leurs subjects; qu'a Harlingue, decendent du batteau, dont un des desputez qui avoit des affaires en Hollande, me sera tesmoin, qui scavoit si peu que moy de cette deputation, ce qu'estoit le propre jour de mon partement. Et je vous diray, Mons., sans flatterie que, sitost que la nouvelle tres malheureuse du trespas de S.A. d'immortelle memoire venoit a Gronningue, a l'assamblee des Estats, j'avois touts le[s] voix de grands et petits; vous scavez aussi que la constitution de ceste province est telle qu'elle ne peult estre sans gouverneur, et tant plus qu'il se peult presanter a eux qu'il est tant mieulx pour prevenir, accomoder les disputes et controverses qui resultent de jour a aultre. Vous apprendrez donc, Mons., que je n'ay manque en rien, que j'ay continue d'estre, devant comme aprez, a estre obeissant, et prest pour servir Madame, mais de s'insinuer aux affaires, ou donner advis, sans estre demandee, que personne ne le feroit, ou ne l'approuveroit, et je ne feray jamais faulte pour commettre un tel exces. C'est pour cela, si entendez desrechef telles raisons, je vous supplie de les defandre et d'asseurer son Altesse de mon obeissance, fidelite, tant par volonte, debvoir, qu'obligations que j'ay de tout temps receu d'elle, en maintes occasions, et me tesmoignerez, Mons., qu'estes vrayement mon amy, et que voulez aider a verifier ce que m'avez faict l'honneur d'escripre dans ma fenaistreGa naar voetnoot1), que j'estime infinement, le fais conserver et guarder avecques grand soin. Car il y est - dans le rebut et dans la honte de ses ennemiz abatuz - et puysque je croy que cela me previent en partie de mes ennemis, que j'ay eu de tout temps, j'espere que m'aiderez que je puys triompher d'eux; cest escript me console, quand je suys seul en mon cabinet, le lisant, voyant d'estre si bien en l'esprit et memoire d'un homme vouue avecques tant de vertuz et qualitez, dont je ne vous scaurois assez remercier, ny vous tesmoigner les obligations que je vous en ay, ny jamais en perdre la memoire, et a souhaicter le moyen et occasions de le faire paroistre par obeissantes et tres volontaires services. Et jusques a ce que ce temps favorable se presante, je vous souhaicteray un heureulx nouvel annee, que pouvez vaincre et surmonter la grande perte qu'avez faict en la personne de S.A. de glorieuse memoire, la commencer en sante, prosperité et contentement, la continuer et finir de mesmes, avec touts les vostres; en ceste bonne pansee je finiray et me signeray a jamais, veritablement et sans changer .....Ga naar voetnoot2). |
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