Briefwisseling. Deel 5: 1649-1663
(1916)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend4974. Aan prinses Amalia van OranjeGa naar voetnoot8).Le Sieur van Campen partit d'icy, il y a quatre ou cinq jours, apres avoir remis tous ses peintres en bon train d'achever chascun sa tasche. Il me dit, qu'il se retiroit à Amersfort, pour encor travailler à de certains modeles, dont on ne sçauroit se passer. Nous concertames alors que, puisque le bon peintre CrayerGa naar voetnoot9) s'est excusé - dont je suis bien marry - Willeboert seroit le plus propre à faire la piece, qui luy avoit esté destinée; et je prins à ma charge de l'en advertir, ce que j'ay faict depuis par lettre expresse, en luy recommandant fort de m'envoyer au plus tost ses modeles, que luy et les autres peintres m'avoyent monstrez à Anvers, parce que V.A. avoit haste de les veoir, et qu'ils m'avoyent promis, que je les trouveray icy au retour de S.A. de Zelande. Jusqu'à present je suis encor dans ceste attente, et je ne puis m'imaginer ce qui les retient. Au moins je leur en ay escrit bien aygrement, et en auray asseurement response au premier jour. Ceste perte de temps nous vient de ce que van Campen, qui pretend qu'on suive exactement ses ordonnances, les marque si obscurement, que ceux qui les doibvent executer, sont obligez d'en faire nouveaux modeles de leur main, pour veoir s'ils s'entendent. Il m'avoit prié que, quand ils viendroyent d'Anvers, en les envoyant à V.A., je luy en donnasse advis, et ainsi l'eussay je faict, mais comme j'ay dit, il n'est rien paru jusques ores. Aussi sera il bon que l'on en confere de bouche, ce que je preveois ne pouvoir bien se faire, qu'au retour de | |
[pagina 18]
| |
V.A., puisqu'elle se va remettre en voyage, mais cela n'empeschera pas, que je m'en descharge par avance, et les feray tenir à V.A. par exprès, dès qu'ils seront arrivez. Touchant les quartiers maternels que je procure en France, les plus habiles personnages en ce mestier là y sont après. Voyez, comme j'en reçus advis hier au soir du 28e Aoust. ‘J'espere que vous aurez l'ordinaire prochain les quartiers d'armoiries; on me les a promis pour ce temps. Il n'y a pas peu de besoigne à faire ceste recherche. Je n'y perdray une heure de temps, afin de donner contentement à leurs Altesses.’ Je m'asseure que V.A. rencontrera les mesmes longueurs en Allemagne, et qu'à la fin au lieu de 32 quartiers, nous serons obligez de nous contenter des 16Ga naar voetnoot1). Car icy mesmes les plus curieux desesperent de pouvoir fournir les 32 de Nassau. Cela estant de si aride recherche, et ne passant que par les mères des mères, et sautelant ainsi par nombre de diverses genealogies, je travailleray tant que je puis à recouvrir le plus qu'il sera possible. En tout cas, si l'on n'en trouve que 16, comme il y a quatre voultes, il fauldra mettre deux fois les mesmes quartiers à l'opposite les uns des aultres, qui ne sera pas tant laid. Pour ce qui me regarde, j'ay appresté une sorte d'inscription qui se doibt mettre en rond sur les huict pans de la coupole, et est de facheuse invention, parce qu'il fault demeurer dans un certain nombre de lettres precisement, et dire ce qu'il fault dire. J'ay versé cela en plusieurs moules, mais comme ce n'est pas là le plus pressé, j'attendray l'honneur d'en conferer avecq V.A., parce que c'est une des plus importantes pieces de la salle qui doibt parler par là; et suis je plus en peine de bien expliquer mon intention à V.A., que de la composer en Latin, parce que ceste langue a des proprietez et des aggrements particulierement pour les inscriptions, dont aucune aultre n'est bien capable. Je prieray lors V.A. de sçavoir l'advis des sçavants sur ce que je produirayGa naar voetnoot2). Au reste je ne voy pas que les peintres soyent negligens; au contraire chascun depesche le plus qu'il peut, et PostGa naar voetnoot3) y va souvent, pour mieux pousser. Il y a des endroicts qui me plaisent fort, d'aultres moins, et j'ose les leur disputer, mais surtout je ne sçay, comme nous ferons de ceste Aurore infernale, que van Campen ne peint pas, mais qui est purement de son crayon. C'est un fascheux homme à gouverner, et après tout il faudra que V.A. interpose les marques de son déplaisir avecq autorité, jusques à ce que tout soit à son gré. J'ay aussi medité quelque chose sur la publication du livre de S.A. de glorieuse memoireGa naar voetnoot4), quoyque nos coursses et nos voyages m'ayent assez interrompu. Tout cela pour le retour de V.A. que je luy souhaitte heureux et prospere. A la Haye, le 3e Septemb. 1649. |
|