Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend4919. P. CorneilleGa naar voetnoot2). (B.M.)Je ne scay ce que vous dires de moy d'avoir attendu si longtemps a vous remercier de vostre souvenir, et du present que vous m'aves fait de ces precieux MomentsGa naar voetnoot3) dont vous aves enrichy le public. Ce n'est pas que je ne sois tres sensible aux obligations de cette nature et à la gloire qui me vient d'une main si scavante a la distribuer. Vostre present m'a esté tres cher et par sa propre valeur, et par ce qu'il vient de vous, et par l'estime que vous y tesmoignes pour mon bon amy LucainGa naar voetnoot4); mais j'avois honte de vous en rendre graces sans m'en revancher en quelque sorte, et j'esperois que cet hyver me mettroit en estat d'accompagner mes remerciements de quelque piece de theatre qui du moins eust esté considerable pour sa nouveauté. Les desordres de nostre FranceGa naar voetnoot5) ne me l'ont pas permis, et ont resserré dans mon cabinet ce que je me preparois a luy donnerGa naar voetnoot6), si bien que pour ne paroistre pas devant vous tout a fait les mains vuides, je me trouve reduit a vous envoyer deux recueils de mes ouvrages qui n'ont rien de nouveau que l'impressionGa naar voetnoot7). Je croy toutefois que le premier n'a pas eu asses de reputation pour aller jusqu'à vousGa naar voetnoot8). Ce sont les peches de ma jeunesse et les coups d'essay d'une Muse de province qui se laissoit conduire aux lumieres purement naturelles, et n'avoit pas encore fait reflexion qu'il y avoit un art de la tragedie, et qu'Aristote en avoit laissé des preceptes. Vous n'y trouveres rien de supportable qu'une MédéeGa naar voetnoot9), qui veritablemenl a pris quelque chose d'asses bon a celle de Seneque et ne l'a pas tellement defigurée, qu'il ne luy reste une partie de ses graces. Hanc, si fas veterum videre naevos
Graiis Euripides dedit trementem,
Nec digna prece supplicem Creonti;
Annaeus Latio, malam et tremendam
Iasoni nimis, et nimis Creüsae;
Nos Gallis tumidam, atque sic furentem,
Et per crimina tanta dum recurrit,
Multiplex scelus, aut magis scelesti
Multiplex meritum exprobrans amoris,
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Ferox spiritus absit a minaci,
Paratae metus absit ultionis.
Haec Graio nihil, at nimis nimisque
Debet Ausonio, venena, planctus,
Diros conjugis impetus relictae
Materna in pietate fluctuantes,
Quotquot induit, exuitve motus,
Qua mater doluit, vel ausit uxor,
Et quicquid tragicum sonans cothurnum
In scena juvenis stupet senexque,
Id totum facili ac fluente vena,
Leni carmine, nec tamen jacenti,
Interpres malefidus inde nostros
Detorsit stylus artifex ad usus;
Addidit sua multa, sed recoctis
Nunquam non male comparanda furtis.
Hanc sic et veterem simul novamque
Frequens murmure non malo probavit
Coetus, hanc lege, forsan et probabis.
Vous voyes, Monsieur, quelle peine je prens a me decrediter aupres de vous, puisque au mauvais francois que je vous envoye, j'ose joindre cette eschappée en une langue qu'il y a trente ans que j'ay oubliée. Aussy ay je grand interest que vous me cognoissies tout entier, et que vous rabaties un peu de cette trop bonne opinion pour moy dont vos deux epigrammes vous accusentGa naar voetnoot1), afin que je la puisse remplir, quand vous l'aures mise a son juste point; mais en vous demandant cette diminution d'estime je ne consens pas que vous me facies rien perdre de la part qu'il vous a plu me donner en vos bonnes graces; ma plus haute ambition est de m'y conserver et je m'imputerois a un bonheur extraordinaire une occasion qui me donnast lieu de yous faire cognoistre par les effets que je suis veritablement .... A Rouen, ce 6 de Mars 1649. |
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