Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend4753. Aan Graaf Hendrik van Nassau. (H.A.)Je vous requiers d'une estrange faveur; et en voyci l'histoire. L'on vient d'imprimer à Paris en beau charactere une quarantaine de pieces de musique de ma façon, faictes pour la voix et la tiorbe, et comme l'on en a voulu faire plus d'estat qu'elles ne meritent, des gens de condition de pardelà m'ont fait dire que j'én voulusse faire relier quelques livres en belle forme, parce que leur intention estoit de les envoyer aux Reines de Suede, de Poloigne et ailleurs. Je leur ay mandé, que si cela valoit la peine, mon devoir estoit de faire moy mesme ces depesches par des lettres de ma main, et ensuitte en ay envoyé premierement un livre à la Reine de la Grande BretaigneGa naar voetnoot4), et un autre à | |
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celle de PoloigneGa naar voetnoot1), le tout adressé par de si bounes et seures mains, et si bien accompagné de lettres d'amis, qu'il ne peut estre que bien pris et accueilly. J'ay un semblable pacquet et lettre preste pour la Reine de Suede, vostre bonne amieGa naar voetnoot2), Monseigneur. Auriez vous pas la bonté de l'accompagner d'une adresse de vostre main, en sorte que ce fust comme vous en effect qui m'eussiez persuadé à ne frustrer pas ceste Maj.té de ce qui se produict en nostre monde de nouveau en matiere de beau passetemps, et que là dessus j'avoy prins la hardiesse de luy en envoyer un exemple comme aux dites autres Reines? Ou bien, Monseigneur, aymeriez vous mieux ne vous en mesler du tout point? Je vous supplie de le faire ou non faire franchement. Car au fonds, la chose m'est assez indifferente, et ce n'est qu'un compliment que je fay par plaisir, et mesme par quelque desir de n'estre pas tousjours incognu à une Princesse de si eminentes vertus. Mais notez, s'il vous plaist, que si vous prenez la peine de le faire, il fault mentir à outrance, et me declarer pour personnage de fort grand merite et consideration, comme je sçay que d'autres ont faict. Mais, sans raillerie, il faudroit donner de fortes impressions à la bonne dame, de ce que je suis nullement musicien de profession, et ne fay que me delasser là dessus d'un peu de plus importantes affaires qui me sont à charge, afin qu'au moins on ne me prenne pas pour un faiseur de petits livrets, et qui me mesle d'en gueuser aupres les grands. Car enfin je ne regarde qu'à divertir un peu ces femmes; et si vous craignez qu'on l'interprete à autre sens dans le Septentrion, je vous supplie tres-humblement de m'en preadvertir, et je me garderay bien de m'y hazarder. Surtout, Monseigneur, pardonnez moy ceste impudence et ceste prolixité. Je n'ay peu m'expliquer plus briefvement; et pour vous, si le moindre point de ma proposition vous deplaist, croyez que je ne vous ay rien dit. Car, comme j'ay dit, elle vient d'un coeur fort indifferent, hormis ou il pourra estre jamais question de vous tesmoigner par mes services, que je suis ..... A la Haye, le 7e Febvr. 48. J'envoyeray aussi un volume de mes Poemes latins à ceste Reine, puisqu'on dit qu'elle entend parfaictement ceste langue. C'est feu le S.r Barlaeus qui les a mis en lumiere, aveq une grande preface que j'avouë ne meriter point. Ainsi, Monseigneur, si vous escriviez, il faudroit se souvenir de deux livres. Celuy de musique est dedié à Mad.le Ogle ou Swann. |
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