Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend4654. F. Spanheim. (L.B.)aant.Je mets la main derechef à la plume par commandement de S.A.Ga naar voetnoot5) pour vous representer une affaire, qui concerne l'interest de Monseigneur le Prince, et celuy de toute la Maison. Le sujet en est né de la communication que j'ay eue icy avec le lieutenant civil de Gand, homme d'honneur et de sçavoir, qui m'a fait la faveur de me venir voir à diverses fois, pour conferer avec moy sur divers points de religion. Quelques communications reiterées ayans produit de l'amitié entre nous, je luy presentay un exemplaire latin de la harangue faitte sur feu S.A. de glorieuse memoireGa naar voetnoot9). Le lendemain m'estant revenu voir, il me dit entre autres propos, qu'il s'estonnoit que je n'avoy fait mention de la seigneurie de ChasteaubellinGa naar voetnoot10) entre les autres titres donnez à mondit Seig- | |
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neur. Je luy respondis, que j'avoy ignoré ce titre, et suivi en ma dedicace la tablature ordinaire des titres donnez à feu S.A. et à mondit Seigneur. A ceste occasion nous entrasmes en propos sur ceste matiere, et il me demanda, si les interests particuliers de S.A. n'estoyent compris au traitté de Münster, qui se fait avec l'Espagne. Je luy repliquay, que je ne doutoy point que cela fust, et qu'il estoit plus que raisonnable, que dans l'interest du general S.A. eust raison de toutes les pretentions, qu'elle avoit justement sur le bien de ses ancestres, soit en Bourgogne, soit en Flandres, en Brabant, ou ailleurs, que je ne pouvoy sçavoir si ceste terre y estoit specifiée ou non, que cependant j'emancipoy de le prier s'il en avoit quelque cognoissance particuliere, de me dire ce qu'il en sçavoit. Il me respondit que feu son pere, pendant qu'il avoit esté advocat à Malines, avoit esté employé à la poursuite de ladite terre par le feu Prince PhilippeGa naar voetnoot1), et qu'il avoit encore en son pouvoir nombre de papiers et memoires concernans ceste affaire, entre autres une consultation tres particuliere de ce fameux jurisconsulte Charles du MoulinGa naar voetnoot2) en faveur de la Maison d'Orange contre une confiscation faitte par le Roy d'Espagne. Que ledit Prince ayant resveillé ceste affaire au Parlement de Malines, son pere l'avoit poussée contre les fiscaux du Roy si avant, qu'il y eut sentence interlocutoire, pour admettre les parties à la production de leurs droits. Qu'apres la mort dudit Prince l'affaire estoit demeurée pendue au croc, touttefois qu'il ne sçavoit pas bien, si le feu comte Jean de NassauGa naar voetnoot3) avoit renouvellé ce proces, ou non, se croyant le plus proche, qui fust alors capable dans la guerre de poursuivre ceste affaire, que la vefue au moins dudit comteGa naar voetnoot4) luy avoit demandé les papiers qui concernoyent ce proces, mais qu'il ne s'en estoit pas voulu dessaisir. Je le priay là dessus de les garder, et le conjuray de moy mesme, de regarder ces papiers à son retour exactement, et d'en tirer les documens qui pourroyent servir pour faire voir les droits de S.A. sur ladite terre, laquelle il me representa tres avantageuse, et absorbant une bonne partie du domaine du Roy d'Espagne en Bourgogne. A quoy s'estant montré franc, je creus estre de mon devoir d'en informer Madame, qui me commanda de le sonder, s'il ne pouvoit donner une course à Breda, pour s'y abboucher avec vous. Il me respondit qu'il s'y trouvoit empesché pour deux raisons, l'une qu'il estoit officier du Roy d'Espagne, l'autre qu'il estoit fort espionné par les ecclesiastiques, qui ne le tenoient pas pour trop bon catholique, et qui seroyent bien aises d'avoir sujet de le persecuter. Qu'il pouvoit aller plus aisement à Hulst, comme ayant aussi la qualité de lant-eschevin du pays de Waes. N'ayant peu le disposer au premier voyage, comme trop esclattant, pendant que S.A. y seroit, n'ayant pas jugé à propos de l'en presser, je le priay qu'au retour chez luy il considerast tous ces papiers de pres, qui concernoyent ceste affaire, et qu'il tirast un factum de toute l'affaire, et qu'il me l'envoyast au plustost en Hollande, et qu'on verroit ensuite, s'il seroit besoin de venir à un attouchement. Ce qu'il m'a promis ce matin sur son depart, avec la reserve que sa personne fust mesnagée. Il me promit aussi d'aller à Malines, et de s'informer parmy d'autres affaires des fis- | |
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caux dudit lieu, à quoy ceste affaire en estoit, et de visiter mesme la greffe, pour en avoir plus de lumiere par l'inspection des pieces qui y sont. C'est de quoy je l'ay conjuré, l'asseurant que leurs Altesses luy sçauroyent beaucoup de gré de ceste affection à leur service, et le luy tesmoigneroyent ès occasions. Madame a trouvé bon que je vous en informasse particulierement, afin que si ceste terre n'estoit deja sur le rolle dans le traitté, on se reservast les pretentions qu'on avoit dessus, jusqu'à ce qu'on en eust plus d'esclaircissement, et qu'elle en avoit ouy parler parfois à feu S.A. Ledit lieutenant civil m'a asseuré, en cas qu'on trouvast à propos en suite de ces memoires, qu'il vint en Hollande, qu'il en pourroit trouver les moyens plus aisement et avec moins de bruit que pour Breda, qu'il se pourroit bien faire donner une commission au pays de Waes pour luy servir de pretexte, et qu'on sçavoit bien qu'il faisoit bibliotheque, ce que pourroit aussi convier un voyage de Hollande. Il tesmoigne aussi une grande estime de vostre personne, et de vos productions qu'il a veues. J'ay creu, Monsieur, vous devoir faire une legende entiere, et quand bien vous seriez instruit de ceste affaire, que ceste communication seroit innocente, et que je ne devoy rien negliger en une affaire qui concernoit en quelque façon l'interest de S.A. Vous me manderez, s'il vous plaist, si je doy rompre ou continuer. D'abord qu'il m'aura adressé ce pacquet, je vous le remettray, et vous pourrez entrer en communication avec luy immediatement, si vous y trouvez de l'estoffe ..... De Spa, ce 29 Aoust 1647. Madame fait estat de partir demain d'icy; je pourray avoir l'honneur de vos nouvelles à Cleves, Dieu aidant. |
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