Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend4402. Th. GobertGa naar voetnoot5). (L.B.)Monsieur TassinGa naar voetnoot6) m'a communiqué le memoyre qu'il vous a pleu luy recrire entierement pour moy. Je vous dire, s'il vous plaist, Monsieur, que selon vos ordres j'ay tousjours attendu les pseaumes et airs que vous avés mande que vous envoyeries pardeca. A presant que nous sommes commandés d'aler a Fonteinebeleau pour servir le Roy, je ne pouré point avoir le bonheur de travailler avec Mr. BalardGa naar voetnoot7) pour vostre impression, qu'apres le retour de Sa Majestée. N'ayant point encore receu vos ordres pour cet effet, je voy qu'a present rien ne presse a cette consideration; aussy consideres-je que de vostre part vons estes dans le fort de vos affaire, | |
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qui a ma creance ne vous peuvent donner tant de relache pour vous divertir a la musique, ou pour le moins n'es ce pas sans g[r]ande admiration de ma part, ce qui m'a fait apprehender, Monsieur, de vous recrire, de crainte de vous importuner. Pour les nottes que vous aves pris la peine de faire sur les petites observations que je vous avois escript, je n'ay rien a y contredirre, scachant que l'on permet beaucoup de licences aux choses qui sont touchées sur les instruments, et en telles manieres de recitatifs que sont vos pseaumes ausquels je voy, aynsy qu'il vous a pleu me mander, que vous aymés la maniere Italienne. Je vous asseure, Monsieur, que je ne croy pas l'aimer moins que vous, et estime fort la recherche et l'essay qu'il font de beaucoup de belle chordes et dissonances, mais j'advoue que je souhaitte qu'elles soient pour le contentement de l'oreille; en cette consideration il me semble qu'il y a beaucoup a trier et a esplucher dans leur musique, entre autre dans celle du prin[c]e de VenouseGa naar voetnoot1), dont j'ay veu quelque ouvrage qui estoit en partition a quatre parties, ou j'ay treuvé peu de bonnes choses a mon sentiment, mais dans quelques autres beaucoup de belles et bonnes choses, comme dans quelques madrigalles, qu'a fait MonteverdeGa naar voetnoot2), et dans plusieurs airs de differens autheurs que nous avons pardeca, et desquels, Monsieur, je vous envoyre coppie, si vous en avés affection, en m'envoyant, s'il vous plaist, une liste de ceus que vous aures. Pour ce qui est du peu que je fais, je m'estimeré tousjours favorisé d'en avoir vostre sentiment et vostre correction, vous asseurant que j'ay un singulier contentement dans les rencontres des sentiments differens et resonnés. Je ne manquere, Monsieur, de vous faire transcrire plusieurs choses. Il est vray que la pluspart de nos ouvrages de chappelle sont de difficile execution, ayans besoing de beaucoup de voix; je ne laisseré pourtant de vous en envoyer quelque chose. J'ay aussy plusieurs antiennes recitatives a deux et une basse continue, dont je vous envoyré les meilleures; pour des airs francois j'en fais peu, ayant beaucoup a travailler et sur des longues matieres pour le service de la chappelle du Roy. Je vous diré, Monsieur, que Monsieur le premierGa naar voetnoot3) m'a parlé souvent, et le pere Mercene, de vous treuver une persone pour enseigner la facon de chanterGa naar voetnoot4). J'ay beaucoup differé et consideré avant me determiner. J'ay esté veoir ces jours passés mondit Sr. le premier pour vous en presenter un, lequel vous a escript sur ce sujet. J'ay jugé et estimé qu'il a beaucoup de qualites pour vous plaire, estant propre pour enseigner la matiere de bien chanter et mesure pour vous donner contentement a l'entendre executer, ayant la disposition et la voix avec le tuorbe. Il est jeune, de bonnes meurs et garcon de cocur. Il a du genie beaucoup pour composer des airs et en a fait plusieurs qui reusissent et sont bien receus. Il a inclination d'avoir l'honneur de vous rendre service. Je croy, Monsieur, que c'est ce qu'il vous faut, et qu'il s'en rencontre peu de mesme. S'il vous plaist de mander un mot a Monsieur le premier, ou si vous m'en donnés ordre, je vous l'envoyre et le fairé partir incontinent. Je vous demande pardon de ce long entretien qui ne part que de l'inclination et de l'affection que j'ay de vous faire cognoistre que je suis ..... de Paris, ce 13e Juillet 1646. |
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