Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend4191. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*Son Alt.e en sortant aujourdhuy matin des approches, a envoyé representer au gouverneur et aux trois autres coronels, que j'ay parfois nommezGa naar voetnoot4), par le trompette Lus qu'elle les louoit extremement de s'estre defendus en gens d'honneur, de jugement et de courage, mais que presentement, voyans nos mineurs dans leurs remparts de part et d'autre, il estoit temps qu'ils songeassent à impetrer des conditions favorables qu'elle leur offroit, mais que cy apres elle ne pourroit pas leur accorder, en cas de refus de ceste courtoisie. Le trompette, par instruction de M. de Beverweert, adjousta quelques menaces à ceste harangue, disant avoir entendu de bonne main que 150 hommes d'eslite de chaque regiment avoyent esté ordonnez pour un assault general, et choses semblables, mais ces messieurs apres avoir deliberé un demi quart d'heure, dans la chambre et devant le lict du comte de MoucronGa naar voetnoot5), qui est blessé à l'espaule, entamerent leur response par un compliment, de l'honneur que S.A. leur faisoit d'avoir si bonne opinion de leur comportement, mais qu'en suitte, quelque chose qui pûst arriver, ils ne pouvoyent demeurer en faulte d'aucun debvoir, ny se resoudre à rendre une place de telle importance, sans y avoir attendu ou la mine ou l'assault. Les discours et reparties entre eux et le trompette furent assez longues là dessus, mais enfin ils persisterent, et le renvoyerent civilement, prians S.A. de considerer, que si elle avoit des officiers qui en usassent autrement, elle ne pourroit s'empescher de les chastier. Durant ces entrefaictes la tirerie de part et d'autre n'a pas cessé et le trompette fut dans la ville plus de deux heures, parce qu'il falloit envoyer querir ces autres officiers de leurs postes, vers la chambre du malade. Voyci donq que nos mines se poursuivent en diligence, et de plus, pour leur donner une espouvante qui ne sera pas vaine ny sans subject, nous ferons coucher demain deux ponts | |
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flottans de bois, l'un à costé de nostre galerie, et l'autre en un nouvel endroict, entre M. de Brederode et nous, c'est à dire derriere les couppures qu'ils peuvent avoir dans l'un ou l'autre bastion, qui par là se rendroyent infructueuses, aussi bien que les mines qu'ils y ont certainement. Le jour de demain, ou bien la nuict d'apres dira quel effect cela pourra faire sur leur courage. Cependant un garçon, sorti depuis de la ville, rapporte, qu'ils ont couppé le bastion de M. de Brederode en deux endroicts, et derriere y ont planté quatre demi canons, pour en donner à boire à ceux qui pourroyent entreprendre de les emporter. Du bastion de nostre costé il n'a point de cognoissance. On en peut assez imaginer la mesme chose, mais il asseure que ceste mesme nuict icy ils attendent l'assault general, et ont enfermé toutes les femmes et enfans dans la tour de l'esglise, nonobstant les instances continuelles que leurfont les moines RecollectsGa naar voetnoot1), en les conjurans de se rendre, et de prevenir le carnage de tant de personnes innocentes. En effect, M. PüchlerGa naar voetnoot2) qui est de garde, a ordre de se mettre un peu en posture comme s'il debvoit donner, mais que seulement il envoye dix ou vingt hommes sur le bastion, pour veoir s'ils mettent le feu à leur mine, on bien s'il y aura moyen d'occuper la pointe, et de s'y loger. Cela donnera asseurement l'alarme chaude, et demain au matin se verra ce qui en sera arrivé. Ceste lettre ne le peut attendre, ayant à partir sur la minuict, pour trouver encor un reste de marée au Poldre de Namur, qui m'est un fascheux embaras, en ces derniers jours que je voudroy que V.A. pûst sçavoir d'heure à autre à quoy nous en sommes. Au camp devant Hulst, le 2e Novemb. 1645. |
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