Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend4168. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*aant.La nuict d'hier M. DeslogesGa naar voetnoot4) ayant ordre de se saysir d'une petite traverse des enemis, sa generosité, d'autant plus ardente qu'il faisoit sa premiere garde, le porta à y pousser aveq plus de bruict et d'appareil, que n'eust requis une suitte de deux heures de sappe, dont l'enemi s'alarmant, comme si le dessein | |
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estoit de luy enlever un autre plus grand ouvrage, il y eust quelque trop de monde tué de part et d'autre. De pardeçà le lieutenant du S.r de la VillaumerGa naar voetnoot1) y eut la cuisse cassée d'un coup de mousquet, et le frere du S.r de Soigné, enseigne, eut un semblable coup à la jambe, dont il se guerira mieux que l'autre, à ce qu'on m'en a dit, et l'apparence le dicte. Un jeusne gallant ingenieur, autrefois lacquais de S.A., y fut aussi blessé à mort. Apres tout autre essay S.A. resolut hier de faire le fossé de la contrescarpe à gauche dessus un pont de jonqs, qui a esté heureusement executé à ce matin à la poincte du jour en sa presence, soubs la conduicte du coronel KirckpatrickGa naar voetnoot2), qui vient d'estre relevé de garde par le coronel EerenreiterGa naar voetnoot3), et rapporte, au grand contentement de S.A., d'avoir, avant sortir, faict coucher un second pont de bois dans un lieu a costé que S.A. avoit ordonné pour cest effect, comme beaucoup moins veu que l'autre, et où en suitte le costé a esté couvert d'une blinde, qui nous rend dorenavant ce passage tres-asseuré, mesmes à y mener du canon quand on voudra. Le travail de la nuict qui vient sera d'avancer des sappes par la contrescarpe vers le chemin couvert, et de bien reparer et fortifier ce logement tumultuaire qui a esté faict au passage dudit premier pont, comme il en va en ceste sorte d'actions qui font tousjours la plus gagliarde piece de tout siege, dont icy aussi l'enemi n'a pu estre si bien surprins, qu'il ne nous en ayt cousté de vingt à trente morts, et encor plus de blessez. Les plus considerables sont parmi les blessez - de morts il n'y en a pas - le sergeant-major LevingstoneGa naar voetnoot4), mais qui n'a qu'un coup assez leger au dos, le lieutenant du comte de WitgensteinGa naar voetnoot5) percé d'une mousquettade, l'ingenieur FluddGa naar voetnoot6), tres-brave jeusne soldat, qui a un oeil crevé et souffre des grandes douleurs, et un gentilhomme escossois nommé Duré, ami, dit on, de Mad.le Harington, sans que je le puisse autrement deschiffrer que par l'avantage de sa belle taille, que j'entens fort louër. Ainsi, grace à Dieu, nostre affaire s'avance à souhait, par ceste belle et merveilleuse seicheresse dont Dieu nous benit si longtemps. Ladite nuict d'hier CrocqGa naar voetnoot7) fut envoyé pour tascher d'enlever deux compagnies de Croates logées au pont de Loqueren, où V.A. se souviendra que S.A. a passé aveq l'armée en venant icy. Ces bonnes gens se creurent en seureté au delà dudit pont, mais Crocq, en passant la Durme à gué, plus hault que ledit village, leur en fit cognoistre l'abus, et s'il fust venu un moment plus tard, les auroit tous trouvez à pied, où maintenant ils estoyent encor à cheval, sur quelqu'advertence qu'ils avoyent eu de nostre dessein de leur general Beck. Ainsi ils eurent moyen de fuïr, et quoyque poursuivis à plus d'une heure et demie de chemin, n'y perdirent qu'un cornette tuez - dont le S.r CouvrelleGa naar voetnoot8) prit le cheval - et sept ou huict prisonniers, aveq environ trente chevaulx, outre quelques cavaliers tuez. On dit encor tousjours ledit Beck fort malade de sa blessure, soit receuë à nostre passage de l'Escault, ou auparavant, car les | |
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rapports en varient. - Un soldat sorti hier de la ville en nos ouvrages - à ce matin il en est venu encor deux - confirme le grand ravage qu'y faict nostre canon, et nos grenades, dont une seule auroit emporté sept personnes, tant femmes qu'enfans. Aujourdhuy aussi à ce passage du pont nous en avons veu faire de terribles effects sur des bastions, d'où l'enemi faisoit le plus grand feu, outre un si grand nombre de canon qui les y foudroyoit, et mettoit tout le ciel en feu. Le mesme soldat dit, qu'il y a longtemps que le gouverneur n'ose plus entrer dans sa maison, qu'il roulle partout comme un enragé, et pretend se defendre jusqu'au dernier homme. Il fault veoir s'il voudra estre le premier à se jouër à ce jeu là, contre une armée comme celle cy. Aujourdhuy S.A. a eu advis de M. de GassionGa naar voetnoot1), comme M. de RanzauGa naar voetnoot2) avoit prins Lens. Leur dessein estoit de s'en prendre à l'impourveuë à la Bassée; mais comme la mesme nuict de l'arrivée dudit Ranzau il y entra 400 hommes par les marais, ils n'ont pas trouvé à propos d'en entreprendre le siege sur ceste arrieresaison. Ils avoyent aussi commencé à demolir Menin, mais le lendemain se resolurent de le fortifier plustost, sur les grandes instances de la bourgeoisie, requerant la continuation de leur protection contre les Espagnols et portant elle mesme la main à cest ouvrage aveq femmes et enfans. - S.A. vient d'envoyer complimenter Madame de Brederode au Polder de Namur, Au camp devant Hulst, le 24e Octob. 1645. |
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