Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend4163. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*aant.Nos lignes estant conduictes jusques sur le bord du fossé de la contrescarpe, nous sommes apres à preparer les choses qui en doibvent faciliter le passage, contre quoy les enemis travaillans du mieux qu'ils peuvent, il y aura de la ceremonie à en venir à bout, ce fossé ne se jugeant pas moindre que celuy du Sass, et desjà estant estimé à six ou sept verges de largeur. Pendant quoy les assiegez depuis un jour ou deux ne nous font gueres de mal aveq leur canon; au contraire ils bouchent leurs embrasures, qui veult dire que la pluspart est demontée. Et si donq V.A. peut entendre du canon d'icy à Breda, comme il est vraysemblable par ce vent, elle peut bien s'imaginer que c'est le nostre, en cent coups contre un. Aujourdhuy seulement ils ont recommencé à tirer quelques coups, par des embrasures enfoncées. - Du costé de M. de Brederode la nuict d'avanthier les enemis avoyent resolu une attaque sur nos travailleurs, et M. de Brederode leur en avoit destiné autant. Mais le mauvais temps rompit l'une et l'autre execution, qui eust esté rude, si des gens preparez, et conduicts par de bons oficiers de part et d'autre se fussent venu à chocquer. La nuict passée M. de Brederode les a faict envahir dans leur chemin couvert, d'où ils se sont laissez chasser aveq tant de frayeur, qu'il en fut rapporté plus de soixante mousquets et piques abandonnées, mais, comme ils revindrent, bien pourveus de grenades à main, nos gens, qui n'en avoyent encor peu avoir, et furent fort incommodez de leur mousquetterie du hault rempart, ne purent pas se loger, et ainsi s'en revindrent en leurs ouvrages. | |
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Ceste nuict il semble que la partie pourroit estre reprise, soubs la faveur de quelques logemens qui ont esté faicts depuis sur la contrescarpe. - Deux soldats separément sortis de la ville tesmoignent que s'il y a 1200 hommes, c'est bien environ le tout. Dont la fatigue est extreme, et nulle autre solde que du pain d'amunition. Que nostre canon faict un domage incroyable dans la ville, où il n'y a place qui en demeure franche. Que le gouverneur et les trois coronels, qui sont les comtes de MouqueronGa naar voetnoot1), et de la MottrieGa naar voetnoot2), et un du JardinGa naar voetnoot3), s'entendent mal ensemble. Que l'officier qui rendit Nassau, a esté passé par les armes, pour sa lascheté. Demain nos bombes commenceront à tourmenter ces miserables, et ne pourront manquer d'y faire grand mal. - S.A. a esté se proumener apresdisner jusqu'au village de S.t Gille, à une heure et demie d'icy, qui, quoyque pillé et mal mené, tesmoigne bien la richesse de ce beau païs de Waes, et si n'est que des mediocres. - Je feray passer ceste lettre par Rosendal, selon ce qu'il a plû à V.A. m'en faire ordonner par M. de Heenvliet. Mais tousjours la marée me peut beaucoup arrester, celle du soir ne pouvant servir sur ce mauvais passage de l'Escault, et les nuicts estans si longues, qu'on y perd tousjours treize ou quatorze heures de temps. Au camp devant Hulst, le 20e Octob. 1645. |
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