de Gand, qui pourtant ne nous a tué et blessé que deux òu trois hommes. Peu apres nostre arrivée nous eusmes advis que Mess.rs les mareschaulx de Gassion et de Ranzau s'en venoyent de leur quartier de S.t George, de l'autre costé du canal, pour s'aboucher aveq S.A. selon les assignations qui en avoyent esté données. La difficulté fut de leur trouver quelque chose de flottant pour les passer. A la fin une petite chalouppe fut recouvré, capable justement de porter trois ou quatre hommes, au moyen de laquelle M. de Beverweert passant les repassa luy quatre- ou cinquiesme, sa canne servant de rame et d'aviron. Comme ils aborderent, S.A. se trouva sur le bord du canal, et apres quelques complimens les prist dans son carosse, envoyé querir pour cest effect, et les mena au quartier, où ayant discourru, et concerté les choses quasi deux heures, ils remonterent à cheval, et s'en retournerent vers le pont de Lovendighem au deçà du canal, et ainsi sur le tard r'entrerent en leurs quartiers, dont celuy de M. de Ranzau estoit encor bien à quatre lieuës audelà de l'autre, vers Tielt, parce qu'aveq sa trouppe il avoit ceste nuict passée esté prendre et piller Ingelmunster. Aujourdhuy M. de Gassion l'a suivy aveq son monde, et se vont rendre vers Meenene pour y trouver leurs vivres et bagage, et puis faire ce qui a esté resolu. V.A. n'attendra pas, s'il luy plaist, de le trouver en ceste lettre, parce qu'elle va passer aveq tout hazard.
A ce matin S.A. s'est resolue de decamper de Mariekercke, et de venir loger icy, où y a un pont et petit fort sur le canal, qu'il a esté jugé à propos d'occuper. Nous avons donq marché au delà du canal, et sommes repassez par ledit pont, rompu par les enemis, mais reparé par nous mesmes. Icy nous logeons daus le plus beau païs et plantage que j'ay encor veu. Les enemis ont eu dessein d'aller attraper le bagage de Mess.rs les François durant leur absence, qui est bien gagliarde, mais j'espere qu'ils y seront prevenus par ces Mess.rs, qui font des diligences et prouësses incroyables, ne plus ne moins que s'il n'y avoit point d'enemi au païs. - S.A. se porte tres-bien, graces à Dieu. Au camp à Lovendighem, le 29e Sept. 1645.