Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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4055. R. DescartesGa naar voetnoot1).J'ay eu de la peine a me resoudre de vous envoyer cete letre, sans y joindre quelque discours touchant la chymie, ainsy que vous avez tesmoigné le desirer; car il n'y a rien que je ne fisse tres volontiers pour vous obeïr, pourvu que j'en fusse capable. Mais, ayant desja escrit tout le peu que je sçavois touchant cete matiere, en la quatriesme partie de mes Principes, lorsque j'y ay traité de la nature des mineraux et de celle du feu, et de tous les divers effets ausquels se peut quasi rapporter toute la chymie, il ne m'est pas possible d'en rien escrire davantage, sans me metre en hasard de me mesprendre, a cause que je n'ay point fait les experiences qui m'auroient esté necessaires pour venir a la connoissance particuliere de chasque chose; et n'ayant point la commodité de les faire, je renonce dorenavant a cet estude et a tous les autres semblables, touchant lesquels je ne pourrois entierement me satisfaire sans l'ayde d'autruy; car il m'en reste encore assez d'autres, ausquels je n'ay besoin que de moy seul, pour occuper agreablement le reste de ma vie. Je n'aurois pas manqué aussy de faire imprimer les pieces qui me sont venuës de GroningueGa naar voetnoot2), si je n'avois eû autre dessein que de nuire a mon ennemi; mais je ne juge pas qu'il en vaille la peine, et il en a offensé tant d'autres, qui sont incomparablement plus puissans, et apparemment aussy plus irritez contre luy que je ne suis, que, si ceux la ne peuvent le chastier, je ne croy pas que ce soit a moy de l'entreprendre. Il y a quelque tems que j'envoyay la copie de ces papiers de Groningue a M.rs du vroetschap d'Utrecht, et aussi celle de cinq lettres que Voetius a escrites au pere Mercenne, dans lesquelles il a medit de moy, avant que j'eusse jamais rien escrit contre luy; a quoy j'adjoustoy une lettreGa naar voetnoot3) que je leur adressois, pour me justifier, et leur faire entendre les raisons pour lesquelles ils me sembloient estre obligez a faire quelque reparation des affrons que j'ay receus de leur ville; mais j'apprens qu'ils ont mesprisé tout cela, et ont seulement fait une defense tres expresse a tous leurs libraires de rien imprimer ou distribuer pro et contra Descartes, ce sont leurs mots. De façon qu'ils semblent estre maintenant plus irritez contre moy que jamais; car ils avoient seulement voulu auparavant me bannir de leur ville, et a cete heure, ils en veulent bannir mesme mon nom. En effect, on m'assure qu'ils sont resolus de maintenir leur Voetius, a quelque prix que ce soit, malgré tous et contre nous. Comme aussy j'ay appris que la pluspart des ministres du païs d'Utrecht ont promis de le seconder, en ce qui est de prescher contre les chanoines. Non nostrum inter vos tantas componere litesGa naar voetnoot4). Je ne demande qu' amour et simplesse, et que, sans offenser personne, je puisse avoir moyen de rendre service a ceux a qui j'en ay voué. Et je seray toute ma vie ..... Egmond, le 4 d'Aoust 1645. |
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