Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend4007. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*En suite de ma derniere d'hier, nous avons decampé aujourdhuy à la poincte du jour, et l'armée est entrée en ce quartier sur le midi, S.A. ayant demeuré tout ce temps là à cheval, par une pluie continuelle, qui a bien percé des meilleures casacques. V.A. peut juger de là de l'estat de sa santé, qui, sans ce tirement de nerfs, est telle, que la pourrions souhaitter de la main de Dieu. - Le quartier de Selzate, despourveu de logemens, donnoit subject de plainte à plusieurs, qui maintenant souhaitteroyent d'avoir encor les mesmes commoditez, car ce pauvre village en est grandement sterile, et la pluspart des officiers n'y trouve point de couvert. Vers le soir nostre trompette est revenu d'aveq M. de Lorraine, qui l'a receu amiablement, et dit, qu'il eust à asseurer S.A. qu'il est son ami et serviteur. Le contenu de sa response porte ensuite, qu'estant venu en diligence des frontieres de Lorraine pour joindre l'armée du duc d'Amalphi - ainsi se qualifie Piccolomini - dans la creance qu'il eust besoin de quelque renfort, neantmoins iceluy luy ayant faict sçavoir depuis, qu'il n'avoit pas necessité de son secours, il avoit faict halte, pour raffraischir ses trouppes dans les lieux où il est, pouvant asseurer S.A. qu'il n'a nulle pensée de rien faire qui puisse choquer son armée, ny les interests de Messieurs les Estats, dans la creance qu'il a que S.A. en usera de mesme sorte en son endroict, et qu'au reste il s'estimera tres heureux hors de ces païs de luy rendre toute sorte de service de sa personne, et de tout ce qui peut dependre de luy. - Ce stile verifie qu'il n'y a encor rien de bien conclu entre les Espagnols et luy, selon ce que nous en a rapporté aujourdhuy une femme affidée, qui dit, qu'il leur auroit demandé jusques à deux millions de livres, en quoy cest argent qui se debvoit tirer des cheminées de Gand feroit une grande part, les gens d'eglise ayans à fournir le reste. Sur quoy n'ayans peû se resoudre, ce seroit le subject pourquoy le marquis de CastelrodrigoGa naar voetnoot2) s'en seroit allé à Bruxelles, pour y resoudre finalement. Cependant l'on est pardèla en grandissimes inquietudes et jalousies, de ce que ce duc de Lorraine s'entend aveq nous, et qu'estant de l'un costé du canal et nous de l'autre, il tendra la main, quand l'occasion sera venue, pour ainsi nous saisir de Gand, ou de Bruges, pour le moins. Et maintenant que nous remuons vers icy, ces ombrages ne diminueront gueres. L'on a fort entendu tirer avanthier du costé de Dunkercke, sans que l'on sache encor ce qui s'y passe. Au camp à Oost-Eeckeloo, le 5e Juïllet 1645. |
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