Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend3741. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*Les lettres cy joinctes m'ont esté tant recommandées, et nommement celle de M. le comte GuillaumeGa naar voetnoot3), que je ne les ay osé laisser vieillir jusques à ce que la garnison enemie soit sortie du Sass. Ce qui doibt arriver dès demain au matin à neuf heures, mais il en sera, peut estre, dix ou onze, comme volontiers ces sorties se trainent, avant que tout soit prest et en ordre de | |
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marcher. - Ce jourdhuy il n'est rien arrivé de considerable, qu'une foule incroyable de Zelandois, qui vienent veoir vuider ceste place, et donnent de la peine à S.A. à sortir et entrer dans son logis par tant de presse. Je croy qu'on s'en appercevra à la solitude des rues de Middelburgh et de Flissinghe, car chasque marée regorge d'un nouveau monde. - Le comte de Meghen n'a pas disné aveq S.A. mais aveq le comte de HornesGa naar voetnoot1) en sa garde aux approches, aveq bien une douzaine d'autres officiers, tant Espagnols que d'autres nations, et les a on veu s'escrimer des dents, comme gens qui de quelque temps n'avoyent faict si bonne chere. Apres disner ces messieurs sont tous venus faire la reverence à S.A., ce que nous n'avons jamais veu prattiquer en d'autres sieges, et ceste conversation a duré plus d'une grosse heure, comme il y a mille choses à se dire et demander en telles occurrences. Le comte de Meghen est homme faict tout de mesme que le baron de la FertéGa naar voetnoot2), de bonne façon, bien parlant et un peu beaucoup. - D'ailleurs ils ont laissé entrer au Sass grand monde de nostre costé, qui a esté veoir aveq admiration et horreur le terrible fracas qu'y a faict le canon, les grenades et les mousquets; ils disent qu'ils ameneront plus de 600 blessez, parmi lesquels il y a jusqu'à femmes et petits enfants, griefvement traictez de ces grenades. - Le gouverneurGa naar voetnoot3), viellard de fort bonne mine et tres-civil à un chascun, a dit à quelqu'un, que ce n'est pas luy qui a perdu le Sass, mais le comte d'YsemburgGa naar voetnoot4), pour avoir retiré son monde vers Bruges, mesprisant les advis qu'il luy avoit tant donnez, que quelque mine que fit le Prince d'Orange d'en vouloir à ce quartier là, il ne buttoit que vers icy. - Voyci bien de bagatelles dont je m'avance à entretenir V.A., mais ne les disant que par occasion, et pour accompagner ces deux lettres d'un papier qui ne soit pas tout blanq, j'espere que V.A. les recevra en bonne part. Au camp à Assenede, le 6e Septemb. 1644. |
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