Briefwisseling. Deel 4: 1644-1649
(1915)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend3738. Aan prinses Amalia van OranjeGa naar voetnoot6). (H.A.)*Beaucoup d'avantcourriers se sont pressez à porter vers V.A. les premieres nouvelles de la capitulation du ZassGa naar voetnoot7). Je ne demande pour ma part que l'honneur de sçavoir V.A. contente des tres humbles devoirs que je luy ay rendus ceste campagne, et que pour ma conclusion je puisse luy confirmer ceste grande nouvelle, laquelle veritablement a surprins tout le monde, et non moins S.A. qui un moment devant que les assiegez ont faict leur chamade, pour signe de vouloir parler, a soustenu contre beaucoup d'opinions contraires, que quand desjà le Rapenbourg seroit prins, ils ne manqueroyent de disputer le hault fort ou citadelle aveq opiniastreté. Dieu soit loué de ce que S.A. s'est mescomptée, et que sa precieuse personne a esté conservée, pour jouir pleinement de l'honneur de ceste glorieuse prinse de la plus forte place des Païs-bas, en si peu de temps. - On verra quelle couleur donneront les vaincus à ceste resolution plus soudaine que personne n'a osé imaginer. Le comte de MeghenGa naar voetnoot8) en a desjà tenu d'assez foibles discours au bout des ouvrages aveq quelques uns des nostres, se plaignant de ce que leur canon est demonté, qu'ils sont despourveus de canoniers, et l'ont tousjours esté; mais enfin nos galeries ne touchoyent pas encor à leurs bastions, et on juge qu'ils eussent | |
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peu attendre une mine, pour meilleure mine. Il tarde à tout le monde de veoir s'ils n'ont rien en de retrenché au dedans. Cependant S.A. ne laisse de les louër en face, comme de fort braves gens, et qui se sont extraordinairement bien defendus. Le compliment de la guerre le porte ainsi. Nous avons peu de peine aux conditions qu'ils nous demandent. Elles sont si ordinaires et si peu en nombre - n'y ayant en effect que fort peu de bourgeoisie dans la place - que S.A. n'eust pas faict difficulté de les signer sur le champ. Deux canons, un mortier, bale en bouche, mesche allumée par les deux bouts, enseignes desployées, c'en est le principal continu. Puis liberté de conscience aux habitans qui voudront demeurer, et pour l'exercice de leur religion aux villages du plat païs. Voila des articles que nous voudrions accorder à ceux de Gant et Bruges, non qu'à ceux du Zass. - La nuict passée on leur a enlevé les deux redouttes d'entre la place et S.t Antoine, sans guere de resistance, tout fuyant quasi d'abord aux premieres alarmes, qu'on leur a données, tant veritables d'un costé, que fausses des autres. - Je souhaitte du fonds de mon ame tout bonheur et contentement à V.A. sur ce grand et important succés, ou l'Estat a tant d'interest, et au moyen duquel V.A. pourra dorenavant dormir aveq moins d'inquietude. Assenede, le 5e de Septemb. 1644. |
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