Briefwisseling. Deel 3: 1640-1644
(1914)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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3438. Marie de la Tour d'Auvergne, duchesse de la TremoïlleGa naar voetnoot1).Toutes les lettres que je reçois de la Haye m'apprennent, l'on y a si mal pris notre intention sur l'affaire, pour laquelle nous y avons envoyé le Sieur de BeaugendreGa naar voetnoot2), que je ne puis m'enpêcher de me donner la libertté de vous en esclaircir, n'y ayant rien qui me fut si facheus que de passer dans la créance de leurs Altesses pour gens chimériques et qui eussions des vizée tout à fait destituée d'aparences. Je vous diray donc que jamais nous ne nous sommes flattés de l'esperance de rentrer dans la possession d'un royaume sur lequel nous fais[i]ons voir assés de droit pour y prétendreGa naar voetnoot3), si nous avions cinquante mille hommes pour le conquérir de nouveau, mais cessant cela, ce seroit vouloir passer pour entièrement ridicules, si nous témoignons y avoir la moindre pensée, car quelle aparance de prétendre la restitution du royaume de Naples, cependant que nous voyons le Roy dans l'impuissance de se faire rendre celuy de Navarre? Certes, Monsieur, je conffesse qu'il faudroit avoir le sens renverssé, et je m'estonne que son Altesse n'ait encore rejetté la chose avec plus de mespris qu'elle n'a fait. Ceste indulgence donc qu'elle a tesmoignée la dedans, qui sans doutte ne peut partir que de bonne volonté, nous fait espérer qu'elle ne nous desniera pas un effet de la sorte que nous nous flattons de pouvoir prétendre, qui seroit d'apuyer l'instance que nous faisons d'estre recognus pour descendans de ceste maison, et par conséquent tenir le rang que tiennent les princes vivans des maisons souveraines. L'exemple de Monsieur mon frereGa naar voetnoot4) qui présentement poursuit la même choze et espére de l'obtenir, quoyqu'il ait perdu la possession de Sedan, donne sujet - à ceus qui sont les plus avant dans le maniment des affaires - de crèreGa naar voetnoot5) qu'aydés du crédit de leurs Altesses cela nous seroit absolument accordé. Je say que l'objection que plusieurs font à cela est pourquoi nous avons attendu si tard à en parler, mais la responce est aysée. Il y a dis ans qu'on ne faisoit en France nulle différence entre un prince estranger et un duc et un pair, et ainsy s'eut esté choze inutille à nous, ayant une des calittéz bien establie, de demander l'auttre, veu mesmes que cela choquoit si fort le parlement, qu'il n'a jamais menqué à faire rayer la calitté de prince à ceus qui la vouloient prendre; mais présentement que l'on a introduit entre eus des différences si notables qu'à peine les peut on croire si on le voit, on ne peut trouver estrange que nous recherchions d'establir ce que la naissance nous donne avec autant de droit qu'à eus, et que tant de prérogatives dont nous jouissons à l'exclusion des ducs soient fondées sur quelques dignittés plus eslevée. J'ay mesme fait voir icy que cela peut tourner à quelque soulagement à la Reine, cela la deschargeant des solicitations que luy peuvent faire les | |
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ducs de leur acorder les mesmes privilèges dont nous jouissons, en quoy ils sembleroient estre bien fondéz, si nous n'avons point de calittés qui nous distingue d'avec eus. Je vous suplie, Monsieur, de faire refflection sur tout ce que dessus, et particulièrement sur la favorable conjoncture du temps, puisque Monsieur mon frère demande la même choze, et que je suis assurée de la bonne part que l'entremise de son Altesse y peut extrêmement. Avant le despart de Messieurs les plénipotentièresGa naar voetnoot1) nous estions comme asseurés d'eus, qu'ils ne nous refuseroient pas une lettre favorable au Roy, qui porteroit advis de traitter avec nous de ce droit, ce que nous ne demandons que pour servir de prétexte, afin que par quelque traitté on nous recognoisse ce que nous sommes. Si donc le sieur de Beaugendre estoit party sans remportter ce contentement, et qu'il vous plut nous donner la peine de nous le procurer, ce seroit acquérir sur nous une obligation infinie, qui en mon particulier me feroit rechercher toute ma vie les ocasions de m'en revancher par tous les services que vous sauriez requérir ..... Paris, le 26e de Décembre 1643. |
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