Briefwisseling. Deel 3: 1640-1644
(1914)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend3392. Aan prinses Amalia van OranjeGa naar voetnoot2). (H.A.)*aant.Je sçay aveq regret, que mon premier messager se sera esgaré, n'ayant peu deviner que V.A. fust partie d'Ysselstein. Il fault donq que par ce second je confirme le grand et heureux succes qu'a eu Monseigneur le Prince Guillaume, sorti hier au soir aveq toute la cavallerie, assisté de Messieurs de StakenbroeckGa naar voetnoot3), comte de StirumGa naar voetnoot4) et RhijngraveGa naar voetnoot5), et revenu presentement victorieux, aveq un concours et acclamation extraordinaire. Dans la bruyere aupres de Wouw, où S.A. l'attendoit, il luy a presenté ses prisonniers, qui sont Don Juan de Borgia, lieutenant general de la cavallerie, item le lieutenant du mestre de camp general, dont nous n'avons pas encor bien le nom, dix capitaines de cavallerie, six à pied, aveq autres officiers montans au nombre de quelques quarante, aveq cinq ou six cens fantassins espagnols. On sçaura aveq le temps combien de morts a eu l'enemy, qui, à ce qu'on dit, sera un bon nombre. De nostre costé y est demeuré le cornette de Beens, et douze ou quinze cavalliers en tout. L'infanterie espagnole s'estoit enfermée dans un lieu fort clos, esperant de s'y maintenir, en attendant le secours, mais de nos gens ayants mis pied à terre, pour les forcer, ils se sont rendus. Pour trouppe de reserve Monseigneur le Prince Guillaume - qu'on a eu grand' peine de retenir d'aller au plus fort des coups - a eu le regiment des gardes, et celuy du S.r de SpijckGa naar voetnoot6). Au retour il y eut des officiers des enemis qui le voulurent asseurer que Cantelmo le viendroit encor suivre aveq toute l'armée, mais en se mocquant il dit qu'il le vouloit attendre en disnant, | |
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et se fit couvrir la table dans la bruyere, où ces seigneurs prisonniers disnerent aveq luy, se plaignants haultement de Cantelmo, pour leur avoir donné ordre de suivre les nostres jusques contre Berghe, et ne les avoir pas - disent ils - secondé comme il debvoit. Cependant nos gens tesmoignent, qu'ils ont rendu beau combat, mais attaquez en queuë par M. le comte de Stirum, et coupez sur les flanqs par M. de Stakenbroeck et M. le Rhingrave, ils ont esté mis en pieces; comme cela va où le plus fort attrappe le plus foible dans la bruyere. On louë generalement nostre cavallerie de s'y estre comporté aveq une ardeur digne de bons soldats. Devant tous aussi le bonhomme M. de Stakenbroeck, y allant aussy vertement que les plus jeusnes. Enfin la journée est glorieuse au possible, et du plus bel augure pour nostre cher jeusne Prince qu'on la puisse souhaitter. Demain nous pourrons avoir quelque liste des prisonniers. Tout n'est encor que tumultuaire. Ce messager porte l'advertence de ce succes de par S.A. à M. les Estats. Un quartiermaistre de M. le prince de TalmontGa naar voetnoot1) a tenu Cantelmo par le bras, mais il a esté recoux par des officiers qui maintenant regrettent tout hault de ne l'avoir laissé prendre. A B[erghen] op Zoom, le 4e de Septemb. 1642. |
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