Briefwisseling. Deel 3: 1640-1644
(1914)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend2830. Aan D. de WilhemGa naar voetnoot2). (K.A.)La grande presse de mes affaires m'a empesché de penser quasi jusqu'à cet heure à la proposition que vous avez prins la peine de me faire de la part de M. Strezo, à sçavoir, si j'auroy aggreable que parmi les presches qu'il pretend mettre en lumiere celuy des orgues fust comprins, et si je gouste la preface par laquelle il me dedieroit cest oeuvre. Enfin voyant par la recharge que vous m'en faictes, comme l'imprimeur insiste à pouvoir jouïr du fruict de son travail, et de ses fraix, qui est chose raisonnable, je me desrobbe un quart d'heure, pour vous dire, sur le premier poinct, que, si le livre me doibt estre dedié, il est necessaire en toute façon que ledit presche des orgues y comparoisse en son rang, pour des considerations qui ne regardent pas moins mon interest, que celuy de M. Streso et celuy de l'eglise, mais qui toutes seroyent trop longues à deduire par lettre. Et ne sert de dire - comme vous me rapportez de la part de l'auteur - que ce presche, imprimé, pourroit causer nouvelle brouïllerie, parce qu'en tout cas il ne causera brouïllerie que contre les Papistes, puisque M. Strezo declare n'en avoir voulu qu'à eux, atque ita se explicationem naturae cultus publici organo applicuisse, ut redargueret eius usum, vel abusum potius, qui in Papatu obtinet; et in tota concione verbulum non fuisse, quo praeter pontificium organi abusum quicquam fuerit reprehensum. L'opinion de mes amiz, et de tous ceux que j'ay ouy parler, estoit qu'il y avoit de l'offense donnée l. aux eglises voisines, 2. au magistrat de la Haye, 3. aux ministres collegues de M. Strezo, et 4. à moy; mais il proteste 1. non se ea dixisse, quasi nullo modo ferri possit istum organi usum, qui in vicinis ecclesiis obtinet, et puis sinistras fuisse suspiciones et opiniones, quasi 2. voluisset amplissimo magistratui se opponere, 3. vel dominos collegas, a quibus nulla in re dissentit, oppugnare, 4. aut me praesentem, ob scriptum de organi usu et abusu editum, traducere; et en un mot neque se collegarum sententiae, a qua non differt, nec amplissimi magistratus scopo, nec mei scripti consilio contradixisse aut se opposuisse. Il ne reste donc plus de subject de brouïllerie, comme j'ay dit, que contre noz adversaires Romains, aveq lesquels il importe que nous soyons tousjours brouïllez, tant qu'ils ne sortent du brouïllard qui les enveloppe; par consequent il est expedient que ce presche se publie aveq les autres, et necessaire pour les causes que j'ay dites, mais que je n'ay pas loisir de deduire. Pour le second point, qui est de la preface dedicatoire, je ne sçaurois aussi que vous dire par abregé, que ce seroit luy vouloir beaucoup de mal, de luy conseiller qu'il la mist au jour, pour des raisons qui proprement concernent son honneur, ma satisfaction et, ce qui vault doublement les deux, l'edification | |
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de l'eglise. Je ne sçay comme il est possible que vous ne les apperceviez pas toutes trois, ou pourquoy, en les appercevant, vous n'en vueïllez faire semblant. Basta; je suis amy et serviteur, comme vous, de ce rare personnage; ne portons rien à la ruine de sa belle reputation; cela est de trop mauvaise suitte. Mais enfin, pour ce qui est de mon interest, s'il persiste à me vouloir donner, comme il doibt, satisfaction publique d'une offense qui n'a pas esté donnée en cachette, et le tout aveq ce qui se doibt de franchise et de candeur par un homme de sa vocation, il a moyen de satisfaire ensemble per latus meum aux trois autres interessez, en publiant ce dit presche des orgues à part, et me le dediant aveq les declarations que dessus, et protestations bien reïterées de ce que dessus, à sçavoir, que c'est luy faire tort par interpretation sinistre de dire, qu'en le prononçant il en ayt voulu à autre qu'à l'Eglise Romaine. C'est le sommaire de tout, et la voye par où il peut sortir à son honneur au contentement d'un chascun en particulier, et au bien du publiq. Pour les autres presches, qu'il ne s'en mette point en peine; il trouvera à qui les dedier, et y a des amitiez à gaigner, qui luy seront plus utiles que la mienne, qui cependant luy est et demeurera tres-acquise. Mais au fonds, si on dilaye à me rendre, et nommement à mesdites cointeressez, ce qui nous est deu, il ne faudra pas qu'on s'estonne, si un matin j'y mets la main moy-mesme et de la sorte que j'estimeray convenir. Mon papier est plein, et mon loisir expiré dès l'autre page, aussi sera bien vostre envie de lire ces niaiseries, mais vous n'en tasterez plus gueres, ni moy non plus, j'espere, qui suis parfaictement ..... Au camp à Offelen, 23e d'Aoust 1641. |
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