Briefwisseling. Deel 3: 1640-1644
(1914)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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2771. Aan E. de FranchemontGa naar voetnoot1). (K.A.)Je ne sçaurois vous dissimuler d'avoir trouvé assez estrange la responce qu'il vous a pleu me faire sur un subject qui n'en meriteroit point la peine. Il est question d'accomplir la derniere volonté de fen M. du Buat. C'est de quoy M. Dorlot s'est acquitté en partie de son costé, en commençant par une des plus honorables debtes du testament; et ce, j'avouë, à mon instance, qui jugeant que Mad.le Dorp avoit à faire à des estrangers qui pourroyent trainer l'execution de cest article, trouvay à propos de luy procurer, si je pouvois, des plus prompts deniers de la maison mortuaire. En cela j'auroy faict une injustice - dont, peut estre, je ne porte point la reputation - si j'eusse sçeu que, cest argent fourni, les creanciers de ce païs fussent demeurez courts d'un denier de leurs presensions, car je n'ignore non plus que vous, Monsieur, la preference qu'a le creancier sur le legataire, bien entendu, en necessité, et où il est question de perte ou derobais, mais, apres avoir esté bien informé qu'en ces Provinces mesmes il en restoit prou, pour satisfaire à ce peu de debtes que le deffunct a laissé, j'ay creu qu'il n'y avoit aucun mal, que ce payement passast devant d'autres de moindre somme et consideration; au contraire, que c'estoit se conformer le plus près aux bonnes et honorables intentions du testateur, qui de son vivant n'en eust pas voulu user autrement, et peut estre, Monsieur, s'il en pourroit avoir cognoissance, seroit bien estonné de veoir avilir ainsi ses dispositions par ceux qui les debvoyent executer aveq lustre, et ne leur en sçauroit non plus de gré que moy, qui veritablement commence à m'appercevoir par ce procedé que l'advis a esté bon, de penser à la saisie du premier argent, veu qu'à tout considerer, il semble qu'on butte ou à eluder ceste demoiselle, ou à l'envoyer cercher au loing ce qui luy est deu sans dispute. Qu'ainsi ne soit, à quoy sert il de chicaner sur l'ordre des payements de si peu de parties, en un heritage où il y en a tant et plus pour payer tout le monde? Vous nous parlez de l'importunité de quelques petites gens. Est-ce pas se mocquer? Je vous prie de balancer aveq cela la consideration des interessez de l'autre costé et de ceux qui s'y entremettent sans prejudice de qui que ce soit, et je sçay, qu'en faisant comprendre cela mesmes à de ces petits importuns, aveq promesse bonne et valide d'un temps certain et court dans lequel vous avez moyen de les asseurer et satisfaire de leurs pretensions, hors de ce qui est deub si liquidement à M. du Buat en ce païs, pas un d'entre eux ne songera à s'en tenir interessé ou mescontent. Aussi est-ce, Monsieur, la seule voye franche et honorable qu'il me semble qu'on doibt et peut tenir en cest affaire, sans prejudicier ni à l'honneur, ni au droict de personne, comme l'on feroit bien manifestement, si par des subterfuges vains et mal fondez on obligeoit des gens de qualité à s'asseurer par arrest des deniers et pretensions d'un gentilhomme et amy d'honneur, qui de son vivant a esté recognu pour la candeur et franchise mesme, et laisse à ses heritiers de si belles et grandes successions. Vous sçavez que peut estre aurions nous assez de credit pour en venir à bout de ce biais là, mais je me suis tousjours opposé à ces delibera- | |
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tions, et partant vous supplie encor ceste fois de ne m'en vouloir pas faire naistre le subject malgré moy, ains que l'honneste payement de M. Dorlot avoué, et son obligation restitutée, toutes choses puissent demeurer vuidées sans bruict, ni autres inconveniens. Il ne tiendra qu'à vous seul d'en disposer ainsy, et de mon service ensuitte en toutes occasions de mon pouvoir et de vostre contentement, où vous apprendrez, s'il vous plaist, que je sçay estimer la vertu où je la rencontre, et me ressentir de la civilité de mes amiz, et suis ..... 9 Juillet 1641. |
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