Briefwisseling. Deel 3: 1640-1644
(1914)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend2649. Aan V. ConrartGa naar voetnoot4). (K.A.)Vous m'obligez de bonne grace en secondant les vertuz du S.r de Veine de voz recommandations, que j'espere pour ma descharge qu'il me donnera plus de subject de m'en ressentir en son endroict, que n'a voulu faire le S.r de Fremont, en faveur de qui vous aviez prins la peine de me conjurer par l'illustre mention de M. d'Ablancourt, son oncle. Il ne se pouvoit rien adjouster à de persuasions si puissantes, et elles m'avoyent mis au point de la passion pour son service où vous fistes paroistre d'avoir envie de me porter. Mais je ne sçay comme il y a des personnes qui se plaisent à reclamer leurs amiz, comme au besoin, et au prendre craignent ou mesprisent de se prevaloir de leurs adresses. C'est ce qui nous arrive du costé de ce brave gentilhomme, à qui je suis inutile depuis qu'il est en mon païs, et m'en scandalize, ne sachant pas seulement | |
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s'il y est, ou s'il a repassé en France. Mais vostre bonté souffrira que je me couche en mon innocence, et fasse tousjours gloire d'estre hors de coulpe, si on m'envie celle de vous servir en voz amiz. Ce dernier est aussi des miens, il y a longtemps, et peut estre ces deux liens me le retiendront mieux. Il reste que je soye capable de l'obliger en ses desseins, mais ils varient, et ne semble pas qu'il ayt encore bien determiné sa routte. Si elle ne sort de mon hemisphere, je tiendray pied à son boussole, et tascheray de le guider de mes meilleures directions. - Je vous rends mille graces des joliz presens qu'il vous a pleu m'envoyer, n'y ayant chose au monde qui me ravisse comme de veoir des grands esprits se bander au dernier point de leur effort. C'est ce que vous voyez tous les jours chez vous, depuis que les bonnes lettres y triomphent soubs la faveur et protection des grands. Je debvois dire du grand, car certes ceste gloire est propre à Monsieur le Cardinal et ne cede en rien à celle que luy acquierent ses actions plus heroïques. Au moyen de ceste influence le lustre de vostre eloquence et particulierent de vostre poesie monte bien haut, et se peut doubter, num quid ultra sit. Que s'il vous plaisoit, Monsieur, de faire advertir parfois le S.r Euskercke de ce qui se publie de bon, et arrive plustost à vostre cognoissance qu'à la siene, à ce qu'il pust m'en faire achepter des exemplaires à temps, ce seroit m'obliger d'une faveur signalée, mais de laquelle je vous requiers aveq tout ce que doibt de scrupule et de retenue un homme qui n'a rien de proportionné à l'honneur de vostre amitié. Donnez y ordre, s'il vous plaist, et au moins luy assignez où il puisse suppleer par service au default du merite. Car en verité et hors de compliment pour peu qu'il vaille, il ne cede à personne en la passion de se faire cognoistre ..... 1641Ga naar voetnoot1). |
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