Briefwisseling. Deel 3: 1640-1644
(1914)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend2582. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*Hier au matin S.A. ayant disné sur les neuf heures monta en carosse à Assen, et passant par quelques autres villages de moindre importance, arriva heureusement en ceste ville entre les trois et quatre heures apres midy. A une petite heure de la ville elle fut rencontrée par la compagnie de cavallerie qui est en garnison icy, et tost apres fut complimentée par des deputez des Ommelanden; encor plus proche de la ville luy furent envoyez au devant quelques carosses, dont une partie du train s'accommoda. A costé marchoyent quelques gentilshommes et autres honestes gens à cheval, et en cest ordre on entra dans la ville, entre deux rangs de bourgeoisie armée, dont une partie s'estoit avancée hors des portes. Aux fenestres tout estoit plein de gens de qualité, et dans la rue une grand' presse de tout ce qui n'estoit pas soubs les armes, aveq des visages tesmoignants pour la pluspart de la rejouïssance et satisfaction, quoyque soubs main on sache qu'il y a de toutes sortes d'humeurs, qui toutefois iront s'adoucissant de jour à autre, et n'est croyable combien la presence de S.A. y a desja operé. Dès que S.A. fust en sa chambre, le senat de la ville et autres colleges vindrent luy faire harangue de tour à tour, et au partir en allerent tous faire autant à Monseigneur le Prince Guillaume, qui se met en belle habitude de recevoir ces complimens de fort bonne grace et d'y respondre sur le champ. - A ce matin S.A. ayant receu une visite de M. le comte d'EmdenGa naar voetnoot2), vers les onze heures s'est rendu au college des Estats, assemblez en forme de landdagh, et, apres les avoir remerciez de leur bienvueillance en son endroict, s'est trouvée surprinse de ce qu'envoyans prier soudainement Monseigneur le Prince Guillaume en l'assemblée, ils luy notifierent, comme la survivance de ce gouvernement luy venoit d'estre deferée par communs suffrages des Estats, qui est une resolution, dont il semble que les moins affectionnez mesmes se trouvent contents, veu que maintenant chascun sachant ce que le gouvernement doibt devenir, il est prevenu à toutes menées | |
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et machinations, qui les pouvoyent inquieter; et pour les bons, qui certainement font le plus grand nombre, et depuis ceste action sont accruz de beaucoup, ils s'en rejouïssent universellement, comme d'une chose tres-salutaire à l'Estat et à la grandeur de la maison de S.A. que Dieu benie et comble de prosperitez infinies. Il faudra que ceste sepmaine escoule avant que ces messieurs soyent prests et pourveuz, comme ils desirent à bien festiner S.A., qui aujourdhuy desjà en a festiné quelques uns d'eux, mais ci apres les traictera aveq plus de formalité, à quoy V.A. peut juger qu'il est requis quelques jours de demeure en ceste ville, et sans doubte on ne se hasteroit pas de la racourcir - le peuple se tenant si satisfaict de la presence de son gouverneur - ne fut l'apprehension qu'on a de la gelée, qui dura bien serrée jusques à hier au midy, mais depuis s'est relaschée en pluyes et tempestes. Aussitost que j'auray cognoissance du temps du partement de S.A., j'en advertiray V.A. par exprès, qui nous pourra devancer de quelque temps. - Ces messieurs ont encor resolu aujourdhuy de faire present à S.A. de huict chevaulx de carosse, qui doibvent couster 4000 franqs. A Groninghe, le 23e de Novemb. 1640. |
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