Briefwisseling. Deel 3: 1640-1644
(1914)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend2543. A. Rivet. (L.B.)aant.Je n'ay rien obmis pour tascher de m'acquiter de la commission que vos dernieres m'ont donnée. J'en ai communique la substance a Monsieur de Saumaise. Sa response a esté que vos remerciements et vos eloges surpassent le prix des livres que vous avéz reçeus, et le merite de l'auteur, autant que le cedre faict l'hysope. Il ne veut pas passer condamnation sur la querelle des deux champions, non pas mesme pour partager le tort. Il vent qu'il soit tout d'un costé, et que tout ce qui se dit et escrit contre luy, soit faict ou suggeré par celuy duquel il m'escrit que ‘c'est un champion qui n'est pas digne de commander a une escoüade, tant s'en faut qu'il puisse conduire de grands escadrons.’ Nous avons faict un second effort depuis huit jours pour les mettre mieux. Un petit escrit a sorti sans nom, intitulé Excerpta ex Trapeziticis Salmasij. Il y a 18 articles, au bout de chacun desquels est adjousteé une exclamation injurieuse. Mons. de Saumaise dit que Heinsius en est l'auteur. M.r Heinsius le nie. L'autre s'est offert d'attendre encore le jour de la Cene, si M. Heinsius | |
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se veut purger par serment de n'en estre ni l'auteur ni le fauteur, et prendre sur cela la S.te Cene avec luy, et se don[n]er la main. Mons. Heinsius persiste en sa negation, mais ne se veut sousmettre a cette purgation. Sur cela est sortie la response directe contre Mons. Heinsius, en laquelle rien ne se peut adjouster pour denigrer un homme par le plus noir charbon qui se puisse trouver. Avec une protestation qu'il se prendra encore a luy de tout ce qui s'escrira contre luy par qui que ce soit. Il est sur le poinct de partir, et a donné charge qu'on luy envoyast a quelque prix que ce soit tout ce qu'on escrira contre luy, et que les imprimeurs de Paris prendront part a cette pratique. Et pour vous dire tout, voici les propres mots de sa lettre: ‘Je puis dire ce que disoit Caesar de son ennemi, Hoc voluerunt. Et j'estoy' perdu, nisi auxilium a calamo petijssem. Et quelque chose qu'on me puisse dire ou escrire, j'ay pris une ferme resolution, laquelle je ne quitteray point, qui est de respondre a tous les libelles qu' Heinsius fera contre moy directement, ou indirectement. J'ay commencé comme cela; il faut que j'acheve. Si je manquay a la response d'un seul, ilz diroient que je n'auroy' rien a dire contre le dernier, puisque j'ay refuté tous les precedents. Voila ce que je vous puis dire sur la lettre de Monsieur de Zuylchem, lequel neantmoins je supplie de me garder quelque petit coin en ses bonnes graces, s'il luy en reste quelqu' un de vuide que l'amitié d' H[einsius] n'ait point occupé.’ Aprés cela, Monsieur, je n'ay rien qu'a prier Dien, qu'il leur doint meliorem mentem. Car je suis d'advis qu' Iliacos inter muros peccatur et extraGa naar voetnoot1). Et si jusques ici on ne vend rien de Mons. Heinsius par escrit, il en dit asséz ici et partout, pour faire cognoistre que les soupçons de l'autre ne sont pas sans fondement. Et j'en oy parler ainsi a tous ceux qui le voyent. Je ne justifie point l'autre, tant s'en faut. Mais je sçay bien que sa patience a esté longue, devant qu'il leur ait monstré qu'il sçavoit parler et escrire latin, et qu'il estoit quelque chose supra grammaticum. En une livre de telz procés a peine se trouvera il un scrupule de charité. ‘Il faut’, dit celuy ci, ‘qu'on pleure sur la cheute honteuse de Heinsius, ou qu'on se rie de la mienne.’ Il vaudroit bien mieux qu'ilz se tinssent tous deux debout, et en leur debvoir, et qu'ilz regardassent a l'honneur de Dieu, et a l'edification de l'Eglise. Le livre de PrimatuGa naar voetnoot2) s'imprime, qui est une meilleure querelle. Et on me promet que la MiliceGa naar voetnoot3) promise sortira ce voyage, et que les notes d'ArnobeGa naar voetnoot4) viendront. Le temps amenera tout; j'espere que celuy de vostre retour sera en brief .... De la Haye, le 21 Septemb. 1640. |
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