Briefwisseling. Deel 3: 1640-1644
(1914)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend2509. R. DescartesGa naar voetnoot2).Je suis bien glorieux de l'honneur qu'il vous a plû me faire, en me permettant de voir vostre traitté flamend, touchant l'usage des orgues en l'eglise, comme si j'estois fort sçavant en cette langue. Mais, quoyque l'ignorance en soit fatale à tous ceux de ma nation, je me persuade pourtant que l'idiome ne m'a pas empesché d'entendre le sens de vostre discours, dans lequel j'ay trouvé un ordre si clair et si bien suivy, qu'il m'a esté aisé de me passer du meslange des mots estrangers, qui n'y sont point, et qui ont coustume de me faciliter l'intelligence du flamend des autres. Mais ce n'est pas à moy de parler du stile, et j'aurois mauvaise grace de l'entreprendre; mais pour vos raisons, je puis dire qu'elles sont si fortes et si bien choisies, que vous persuadez entierement au lecteur tout ce que vous avez témoigné vouloir prouver; ce que j'avouë icy avec moins de scrupule, à cause que je n'y ay rien remarqué qui ne s'accorde avec nostre Eglise. Et pour les epithetes que vous nous donnez cependant en divers endroits, je ne croy pas que nous devions nous en offenser davantage qu'un serviteur s'offense, quand sa maitresse l'appelle schelme, pour se vanger d'un baiser qu'il luy a pris, ou plustost pour couvrir la petite honte qu'elle a de le luy avoir octroyé. Il est vray que ce baiscr n'avance gueres, et je voudrois qu'en nous disant de telles injures, vous eussiez aussi bien deduit tous les points qui pourroient servir à rejoindre Geneve avec Rome. Mais pour ce que l'orgue est l'instrument le plus propre de tout pour commencer de bons accords, permettez à mon zele de dire icy omen accipio, sur ce que vous l'avez choisie pour sujet. En effet, si quelques Indiens ont refusé de se rendre Chrestiens, pour la crainte qu'ils avoient d'aller au paradis des Espagnols, j'ay bien plus de raison de souhaitter que le retour à nostre religion me fasse esperer d'estre, apres cette vie, avec ceux de ce païs, avec lesquels j'ay monstré par effet que j'aimois mieux vivre que dans le mien propre. Et pardonnez-moy, si je me plains un peu de vous à ce propos de ce que vous m'avez estimé estre une fera bestia, lorsque vous avez scen que j'avois dessein d'aller en France; car, si je m'en souviens, c'est ainsi que JustinienGa naar voetnoot3) nomme ceux qui n'ont pas animum redeundi, et je me propose de ne faire qu'une course de quatre ou cinq mois. Je me plains aussi du sujet que vous dites avoir appris de mon depart, car je ne suis pas, graces à Dieu, d'humeur si déraisonnable ny si tendre. Je sçay tres-bien que les plus beaux corps ont toûjours une partie qui est sale, mais il me suffit de ne la point voir, ou d'en tirer sujet de raillerie, si elle se monstre à moy par mégarde; et je n'ay jamais esté si degoûté que d'aimer ou estimer moins, pour cela, ce qui m'auroit semblé beau ou bon auparavant. Au reste, Monsieur, en me plaignant de ce que vous m'avez jugé d'autre humeur que je ne suis, je ne laisse pas de me sentir tresobligé de la bienveillance qu'il vous plaist me témoigner par cela mesme, et je vous supplie tres-humblement de croire que je seray toute ma vie ..... (Août 1640)Ga naar voetnoot4). |
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