Briefwisseling. Deel 3: 1640-1644
(1914)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend2485. Aan R. DescartesGa naar voetnoot4). (K.A.)Je ne responds pas si tard qu'il semble, car vostre pacquet avoit vieilli de douze jours, avant que m'estre rendu. Apres ceste justification, qui est fondée sur verité, et au default de laquelle toutefois vous estes prié de vouloir suppleer par la consideration de mes occupations tres assiduelles, j'adjoustray que, venant de lire la prefac qui se va publier soubs le nom Waessenaer, elle me semble un discours veritable, judicieux et discret, et portant des coups aveq lesquels on prendra congé de bonne grace de ces petites noises, pour enfin ne respondre plus au fol selon sa folie, qui ne prendroit point de fin. J'estime que vous n'aurez pas voulu prendre | |
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la peine de l'escrire en flamen, et de la vous juge heureux d'avoir trouvé de si bons interpretes, qui veritablement vous suivent de si bonne façon et en termes si propres, que la traduction seulement n'y paroist pas, qui n'est pas un don commun a touts translateurs. M.r van SurckGa naar voetnoot1, qui est poli en tout, vous y pourra avoir presté de sa diligence; qui que ce soit, vous luy en avez un peu bien d'obligation. Je vous supplie de me pardonner, si je vous ai compté Sabinorum somnia, de ce que vous auriez soubs la presse de metaphysique; mes raporteurs l'auront tres souhaitté ainsi, et moy de mesme, affamé que je suis sans cesse de vos escrits. Ainsi, Mons.r, j'advouë que les Jesuites se mettent en posture de gaigner mon amitié, en ce qu'ils vont vous tailler de la besoigne; et enfin j'attendray, et toute raison le requiert, que tant d'autres objections, qui vous ont esté faictes, paroissent un jour en ordre aveq vos solutions, ne se pouvant dire combien tout le publiq s'en tiendra obligé a vostre amitié. Le perpetuel mouvement de cette armée m'a fait negliger de vous envoyer de certaines theses philosophiques, et pour la pluspart mathematiques, que le pere Mersenne me mandeavoir [esté] disputées a Paris, ou on s'en prend aussi a vostre matiere subtile et autres positions; et maintenant qu'il seroit temps de vous les communiquer, je les trouve esgarées, mes gens me faisant croire que, parmi d'autres pacquets de reserve, je les auroy envoyés dans mon bateau. Elles paroistront en quelque endroit, et vous les aurez, si tanti est et n'aymez mieux d'attendre a les veoir a vostre arrivée a Paris, ou le pere Mersenne vous en cornera bien d'autres. Mais, Monsieur, ce sera a mon tres grand regret, car, en me nommant le dessein de ce voyage, il m'a semblé d'un coup de tonnerre qui me frappoit, et vous dis franchement, bien que ce me soit praevisum telum, qu'il me touche par trop vivement. Ce que je pense y avoir preveu, est le desplaisir que ce sot garçonGa naar voetnoot2) vous aura donné, comme souvent de mauvais objects particuliers sont capables de donner un desgoust universel de quelque païs. Mais, si j'ay bien deviné, je vous prie que le soleil ne se couche pas dessus vostre ire, et voyez si ces affaires domestiques ne se pourroyent commettre a ceux qui les ont signées si longtemps. Si ma conjecture est faulse, au moins ranimez-nous de cette asseurance, que vous n'avez rien veu de si hideux en ma patrie, qui vous la puisse faire abhorrer pour tousjours, et sçachons quel terme d'exil passif vous nous donnez. J'en vivray en inquietude, jusques a ce qu'aurez prins la peine de m'esclaircir; car veritablement, et sans couleur[s] de cour, qui sont indignes de vostre entretien, vous ne lairrez personne icy, qui se ressente plus de vostre absence, ni qui regrette plus vivement de n'avoir jamais eu moyen de vous tesmoigner d'effect, comme il est d'entiere affection ..... 14 Aoùt 1640. Mons.r, maintenant que nous sommes sur la communication des discours flamens, je vous supplie d'aggreer que j'en soubsmette un a vostre censure, que j'escrivis l'hiver passé - non pas de jour, mais de nuict, car vous sçavez que le soleil ne me void gueres a moy - sur le subject de l'usage des orgues en l'eglise. Mons.r de WicquefortGa naar voetnoot3) en est presentement en possession; s'il vous valoit la peine de le luy demander par lettre, estant si proche d'Amsterdam, l'adresse en seroit plus seure et courte, que si je le faisoy r'envoyer a mon frere, pour vous le faire tenir. Vous m'obligerez extremement de perdre une couple d'heures a le visiter, et de m'en dire franchement vostre opinion. En mesme temps vous pourrez, s'il vous plaist, renvoyer l'exemplaire manuscrit a mon frere, car il n'y en a point que cestuyla, et je pretends le faire imprimer pour introduire ce que je croy utile, ou faire abroger ce qui est scandaleux sans doubte. |
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