Briefwisseling. Deel 3: 1640-1644
(1914)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend2459. D. de WilhemGa naar voetnoot4). (L.B.)..... Attendant vostre responce aux miennes du 18Ga naar voetnoot5), je n'ay oublie de communiquer de mon chef l'affaire dont est question avec un mien ami de Frise, et luy faire entendre | |
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de quelle importance seroit a la Frise la faveur de S.A. en toutes leurs factions, desordres es finances, et particulierement en l'attente du rabais de la cottisation qu'ils ont tousjours tant desire, et en tous autres differens qu'ils ont avec les cincq autres provinces, et avec leurs voisins plus specialement; j'ay exaggere les maux et inconveniens qu'ils doibvent apprehender, choisissant pour gouverneur en chef un jeune seigneur volage et peu experimenté, et negligeant l'occasion d'eslire S.A., en la personne duquel contestent la valeur et la prudence. Il avoue mon dire et me fait ouverture qu'il y a moyen de gaigner les villes de cette facon. Qu'il a a sa devotion Tobias TecneiusGa naar voetnoot1), Ropertus SixtiGa naar voetnoot2) et autres ministres, qui ont le plus de pouvoir a captiver les bonnes graces des bonnes gens dans les villes parmi ceux du magistrat et ce qui en depend. Mais pour ne tenir le loup par les oreilles, il propose qu'il ellectuera que la ville de Harlingen s'addressera a Mess.rs les Estats Generaulx, pour avoir octroy d'eux de pouvoir faire et creer leur magistrat, comme font les villes de Leeuwarden et Franicker, die haer raetsbestellinge selfs doen, uyt crachte van t octroy van haere Ho. Mo. Que cette ville s'engagera a S.A. sur l'occasion de cest octroy; que les autres villes suivront, lesquelles on pourra traiter comme on vouldra par dilatoires, et obtenir soudain leurs suffrages pour S.A. La Cour sera aisement gaigne par le moyen que je vous ay propose, bien que quelques uns des conseillers, comme M.rs AndreaGa naar voetnoot3) et ViersenGa naar voetnoot4), monstrent de vouloir faire pour le conte Guillaume, avec lequel ils pretendent peut estre d'entrer plus facilement en conventions et negotiations a la mode de Frise. Ces deux la partirent hier de bon matin, lorsque je pensai me donner l'honneur de les aller voir chez Monsieur de Haye. Je luy respons sur cette difficulte que, si la Cour traitte avec le conte Guillaume, qu'ils pourront estre affinez, comme ils l'ont este du temps du defunct, et qu'il se banderoit aux occasions de regaigner ce qu'il pourroit lascher presentement, et qu'alors il seroit trop tard de s'addresser ailleurs. Je luy propose l'exemple de la province de Gueldres, etc. et la speciale bonte et benignite de S.A. en l'endroit de ladite Cour de Gueldres et Z[utphen], et presse particulierement que S.A. sera bien aise de deferer quelque authorite a la Cour de Frise, afin que son lieutenant en son absence n'usurpe trop de pouvoir en la province, ains se contente de l'honneur, et qu'a S.A. demeure vis ac potestas imperii. Par ce qu'il m'escrit je vois que ceux qui sont la en consideration envers leur parti sont Messieurs AilvaGa naar voetnoot5), EysingaGa naar voetnoot6), BurmaniaGa naar voetnoot7), RoordaGa naar voetnoot8), HottingaGa naar voetnoot9), notamment Rienck Burmania, Hobbe Ailva et Douwe Hottinga. Il me mande que le secretaire SohniusGa naar voetnoot10) estoit arrive la en grande diligence et qu'il briguoit fort pour le conte Guillaume, qu'iceluy conte estoit aussi arrivé, qu'il me rendra adverti de ce qu'ils entreprendront, des qu'il en pourra faire quelque jugement; il s'oblige de gaigner les nobles surnommes, au moins la plus grand part, comme scachant tous leur intrigues. Il me marque particulierement que tous les deputez de Frise qui sont hors de la province, tant ici a la Haye qu'en l'armee, n'ont point de credit en Frise. Je scay de bonne part que Messieurs de BockhorstGa naar voetnoot11) et Knuijt ont parle ici avec quelques deputez de F[rise] et G[roningue]. Je m'appercois a peu pres de la responce qu'ils ont eue sur leur propos et discours, mais, a mon advis, S.A. feroit bien de se servir | |
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de quelqu'un dans la province mesme ad introspiciendas et dirigendas procerum voluntates. M. KethGa naar voetnoot1) a Harlingen est fort habil homme, et propre pour agir en ladite ville pour S.A. et ailleurs, si on veut, es petites villes. Mon amy aussi desire s'y employer avec affection extreme, et il y a grande apparence, me dit il, qu'on defere le gouvernement de Frise a S.A., pourveu qu'il mette pour son lieutenant le conte Guillaume. Comme je luy avois denote le peu d'heur de cette maison, particulierement en la personne du pere et du frere, et qu'il y auroit a craindre de mesme pour ce jeune seigneur, il me dit d'avoir entendu la des principaux officiers, que ni le pere ni le fils defunct avoient eu le sens rassis pour prendre conseil au destroict et en l'angoisse, quod non potuerint capere consilium in arena. Qui est certes un grand default en une personne de commandement. - Je pensois de poursuivre ce discours, mais me voici aheurte par vostre lettre du 23 que je viens de recevoir, par laquelle vous me dites que doresavant il suffira que soyons spectateurs. Non ti fidare de' Frisoni. Je ne veux alleguer ici mon experience pour ce subject, ayant demeure et estudie quelques annees en Frise. Les histoires nous fournissent beaucoup des exemples de leur peu de loyaute. Si ceux de la province monstrent quelque aversion contre S.A., ou qu'on remarque des tergiversations des principaux par preoccupation, apprehension de trop grande puissance de S.A. etc., cela affirmera la condition du conte Guillaume et l'authorisera mesmes grandement en son parti et dessein. Pourtant je conclude qu'il faut qu'il y ait quelqu'un qui agisse accortement, homme de prattique, brigues et menees, telle que j'estime estre mon amy, qui veille a tout, se fourre dans les maisons, conseils, colleges et cabinets, pour profiter les occasions et apporter le meilleur conseil et remede que le temps lui permettra a la confusion qui s'y trouvera. Car il faut que vous scachiez qu'il est tout certain que plusieurs ici de nos plus grands politiques, auxquels S.A. peut estre ne se fie que trop, seront marris de ce que ces gouvernemens de F[rise] et G[roningue] ne demeurent a part, sans estre joincts aux aultres des cinq provinces en la personne de S.A., et par consequent a son fils le jeune Prince, afin que S.A. soit moins redoute et aye moins d'authorite es provinces. Qui rex est, regem, Maxime, non habeatGa naar voetnoot2). C'est leur maxime, laquelle S.A. scaura mieux prattiquer en son endroit, a mesure que les affaires s'y adonneront. Je ne veux estraindre cest affaire davantage et n'ay garde de proposer qu'on doive, comme par une pressee instance, faire poursuitte sur l'intrepretation de la resolution d'Hollande, puisque S.A. ne desire qu'on touche cette chorde, bien qu'a mon advis S.A. feroit tres bien de suivre et presser les mesmes maximes de feu le Prince son pere de glorieuse memoire et de son frere defunct, le Prince Maurice. Cestui ci n'a point eu l'occasion si propice, mais on connoit assez sa visee et ce que l'union et le bien de ces provinces requiert; il suffit d'avoir fait sentir en avoir envie. Je vous envoye celle ci par un messager expres, afin que vous me commandiez si je dois surseoir la correspondance de Frise tout a fait. Je jure et proteste devant Dieu, que j'ay un grand regret de ne pouvoir mesnager cette occasion tant belle, sans engager en aucune facon son authorite et son nom, et de considerer qu'il faille que S.A. passe par les mains des gens, quorum suspecta mihi est fides. Je suis trop bien avise pour mettre jamais en consideration l'offre de mes services; mais c'est pour vous monstrer combien a tort S.A. se sert des gens qui lui sont peu affidez, la ou il y a moyen d'estre bien servi des personnes de la province, mesme par l'intelligence et direction de ceux de son conseil, s'il veut. Je vous prie que j'aye soudain responce dessus ces poincts de ma lettre par ce porteur. Le Prince Guillaume a establi ces lieutenans en F[rise], le conte de Renneberg, M.r de Merode, et le conte GuillaumeGa naar voetnoot3), chef de cette maison, [qui] n'a pas tenu a honte de se veoir dans tel emploi en la province de Frise, lorsqu'elle n'estoit pas considerable comme a cest heure et, a ce que je m'appercoi, il semble que ce seroit peu loisible ou honnorable de proceder en la forme que dessus. Si cette occasion eschappe a S.A., il la regrettera et toute | |
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sa posterite et peut estre nos descendans aussi. Dites moy librement, je vous supplie, vostre opinion; elle me sera comme une loy a tousjours mais, et je ne vous importunerai pas sur ce subject ..... De la Haye, ce 26 de Juillet 1640. |
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