Briefwisseling. Deel 3: 1640-1644
(1914)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend2431. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*Comme hier l'armée eust mis pied à terre, S.A. la fit promptement marcher vers deçà, d'où Mons.r le comte Henri venoit de desloger, pour se joindre à M. de Haulterive, selon l'ordre que S.A. luy en avoit envoyé du bateau par le sergeant major BijmaGa naar voetnoot1), qui, comme j'eus l'honneur d'escrire hier à V.A., avoit porté la nouvelle de la prinse du fort de Nassau. Pour le fort du Moervaert qu'il importe esgalement ou plus d'avoir, M. le comte Henri n'avoit pas trouvé à propos de le faire attaquer la mesme nuict, pour des raisons dont il a sceu rendre bon compte à S.A. - Tant y a que l'enemi ne nous ayant pour encor que d'un costé, a moyen de pourveoir sa ville tant qu'il luy plaist, et quant et quant amasse d'heure à autre des trouppes à pied et à cheval au païs ferme, qui est vers S.t Jans Steen, où il[s] nous en font paroistre en plusieurs assez grands bataillons. - S.A. fut hier visiter ledit fort de Nassau, qui est une grande redoutte de brique, qui ne debvoit pas se rendre à si bon marché qu' ont faict les enemiz, mais ceincte d'un meschant ouvrage de terre palissadée, qu'ils ont assez bien defendu. L'eau salée des païz inondez monte tout contre le pied de ladite redoutte. Parquoy S.A. a trouvé bon qu'à ce soir vers les dix heures, quand la marée sera basse, M. le comte Henri s'avance du long de ce rivage, où l'enemi a paru tout aujourdhuy, devant une autre redoutte, laquelle il est question de prendre, pour de certains avantages qu'il fault tascher d'occuper, et oster aux enemiz. Ceste nuict nous aurons nouvelle de ce qui s'y sera passé, et je tiendray ceste lettre ouverte jusques à demain au matin, pour en faire part | |
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à V.A.’ - Z.H. voelt zich goed. Au camp à Kuijtaert, à deux heures de Hulst, ce 3e de Juïllet 1640. Ce jour, 4e de Juïllet, estant donq arrivé, je doibs dire à V.A. qu'hier au soir, environ les onze heures, à la marée basse et au clair de la lune, on a commencé à marcher vers lesdits ouvrages de l'enemi, et d'abord l'ouvrage de terre d'autour de la redoutte a esté emporté. Mais comme la dessùs on a voulu avancer, l'enemi ayant faict couler des trouppes derriere la digue à nostre gauche, il s'en est servi si à propos, qu'il en a couppé le devant de noz trouppes de celles de derriere; à quoy M. le comte Henri de Frise accourrant, il receut promptement un coup de pistolet qui entre par les reins et sort par devant vers en hault. Son cheval là dessùs se cabrant, il fut jetté par terre, et beaucoup de cavallerie passa sur luy. Toutefois il en fut retiré, et se trouve encor bien vigoureux, mais on ne sçait que juger de ce qui peut avoir esté blessé au dedans. Lesdites trouppes avancées se retirants aussi, et de bonne façon, dans ceste meslée il s'est rendu beaucoup de combat, et plusieurs officiers y ont esté blessez, quelques uns aussi tuez. Le S.r de FranckenburgGa naar voetnoot1) entre autres ni son lieutenant Wageman ne paroissent point, et croid on que ce sera du premier que parlent les enemiz qui ont envoyé dire qu'il nous est permis de venir recognoistre le corps d'un comte de Nassau. Le fils de M. HarenGa naar voetnoot2) commandant la compagnie de M. le comte Henri est mort aussi, item le lieutenant coronel MachwitsGa naar voetnoot3), et quelques autres officiers de ce regiment aleman, qui a eu l'avantgarde, qu'on ne sçait pas tous encor. D'entre les volontaires le jeusne du MetsGa naar voetnoot4) est blessé à mort. M. de BeverweertGa naar voetnoot5), qui n'y estoit que par affection et a rendu beaucoup de service, s'est trouvé longtemps aveq quelques mousquettaires qu'il avoit amassez au dedans de la digue contre autant de mousquettaires enemiz, qu'il prenoit pour des nostres, jusques à ce qu'estants cognuz, le S.r YsselsteinGa naar voetnoot6) et nozdits mousquettaires se ruerent dessùs, et les defirent presque tous. Des enemiz nous avons prisonniers quelques officiers espagnols du regiment de Sayavedra, qui a le plus combattu; entre autres le fils de Lucas Cayro, blessé à mort, et un autre capitaine nommé Peralta, aveq bon nombre de soldats, sans qu'on puisse encor bonnement sçavoir ce qui est demeuré sur la place de part et d'autre. Par conclusion, tout n'est rien, si M. le comte Henri peut eschapper, comme nous esperons. J'en manderay plus de particularité à V.A., quand sa playe aura esté mieux recognue, comme aussi de toute autre circonstance de ceste rencontre, où nous avons laissé une petite piece, les charetiers ayant fuy aveq leurs chevaulx, et en fust allé de mesme d'une autre, sans que M. de Beverweert l'eust faict retirer à force de bras. Pour sa personne il n'a aucun mal, et je pense qu'il en va escrire à Mad.e sa femmeGa naar voetnoot7). |
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