Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend2149. Aan P.P. RubensGa naar voetnoot1). (K.A.)Je pense m'acquitter d'une vielle debte, en vous offrant ces tailles douces. Au moins ma maison me semond d'un peu de mention que je vous ay faict autrefois de ce bastiment. Soit obligation anciene ou nouvelle importunité, voyci le morceau de brique que j'ay eslevé à la Haye, en un lieu, que j'ose bien nommer des plus illustres du village. Quand je l'entamoy, la main de l'Eternel ne s'estoit encor appesantie sur moy. Je vivoy doublement, dans la saincte compagnie de Lei ch'è salita A tanta pace, e m'ha lasciato in guerra, et d'où je ne puis seno haver l'alma trista, Humidi gl'occhi sempre, e'l viso chino. C'est ce qui me porta à ceste égalité reguliere de part et d'autre, que vous trouverez en ces departemens, que vous sçavez avoir tant pleu aux anciens, et que les bons Italiens d'aujourd'huy recerchent encor aveq tant de soin, distribuant les quartiers des deux chefs de ma famille en deux sales, deux chambres, deux garderobes, deux cabinets et autant de galeries. Le tout separé par une sale d'entrée ou vestibule, et couplé sur le derriere par la communication d'un passage privé. Aujourd'huy ce qui avoit esté destiné pour la mere, sert aux enfants et à ceux qui les gouvernent; ma portion est du costé du jardin, que je decouvre à gauche; à droicte tout ce qui sort et entre par la bassecour; et sur le devant une excellente plaine, ceinte de bastimens, que grands, que mediocres, close de deux rangs de tilieux au croissant de leur aâge, et rebordée d'un pavé de ruë de 36 pieds, dont le costé que flanquent les saillies de mes galeries s'estend en ligne droicte à quelques mil pas. Je vous prie de jetter l'oeil sur le reste, et de m'en dire franchement vostre advis. Si vous ne me donnez que l'approbation que, possible, j'auray meritée en quelqu'endroict, j'estimeray que vous me cachez la censure qui me pourroit servir d'instruction et à d'autres d'advertissement. Mon dessein estoit d'adjouster à ces imprimez - dont je garde les planches à moy seul - une sorte de dissertation latine à mes enfants, par où, apres moy, ils demeurassent informez des raisons et justifications de mon faict, et me fusse-je lairré entrainer, à ceste occasion, en des considerations non inutiles sur le subject de l'architecture anciene et moderne, mais les divertissemens de mes charges occupent jusques à present la pluspart du loisir que cela requerroit. Je verray, si ces moiz de campagne m'y fourniront ce que la garnison me refuse, et en ce cas retourneray à vous faire part de mes resversies, sachant combien vous avez deferé à ceste estude par le passé et aveq combien d'applaudissement. Son Alt.se s'est resjouïe de vous sçavoir relevé d'une forte maladie, depuis laquelle apprenant que vous avez encor ramené la main au pinceau, elle m'a commandé de sçavoir, si vous auriez aggreable de luy embellir une cheminée, dont les mesures vous seroyent envoyés, de quelque tableau, dont l'invention fust toute vostre, comme la façon, qu'on ne desireroit de trois ou quatre figures pour le plus, et que la beauté des femmes y fust elabourée con amore, studio e diligenza. J'attendray, s'il vous plaist, quelle inclination vous y avez et, pour toute la miene vous asseureray, qu'elle bond de passion à vous faire veoir aux occasions de vostre service, que je suis ..... Au camp soubs Philippine, le 2e de Juillet 1639. |
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