Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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1921. R. DescartesGa naar voetnoot1).Je n'ay jamais l'honneur de recevoir de vos lettres que je ne trouve occasion de commencer ma réponse par des remercimens, mais j'ay peur de vous ennuyer de ce stile, et pour ce que toutes les Muses de France auront part à la faveur que vous m'avez faite, d'interceder pour elles envers celles de Leyde, touchant les livres Arabes que M. Hardy desire voirGa naar voetnoot2), je leur veux laisser le soin des paroles pour vous en rendre graces, et me contenter de ressentir en effet que c'est moy qui vous en ay l'obligation. Je trouverois étrange que M. de Balzac ne vous eust point écrit sur la perte qui vous arriva l'année passée, s'il avoit sceu qu'elle vous touchast au point qu'elle faisoit; mais estant, comme il est, si amateur de la liberté que mesme ses jartieres et ses aiguillettes luy pesent, il n'aura pû sans doute se persuader qu'il y ait des liens au monde qui soient si doux, qu'on ne sçauroit en estre délivré sans les regretter. Et je puis d'ailleurs répondre qu'il est des plus constans en ses amitiez, bien qu'il ne soit pas tousjours des plus diligens à le témoigner par ses lettres. Je ne sçaurois vous répondre de ce que j'ay fait tout cét esté, à cause que je n'ay presque rien fait qui merite d'estre mis en conte. Il y a eu certaines gens qui se piquent extremement de geometrie, lesquels ne pouvant entendre la mienne, et ayant, je croy, peur que ceux qui l'entendront, ne leur ostent l'avantage que ce qu'ils sçavent de l'analyse de VieteGa naar voetnoot3) leur donne sur le commun, ont cherché toutes sortes de moyens pour la decrediter per fas et nefas, en sorte qu'on m'a rendu le moins de justice, en ce où je pensois qu'il fust le moins possible de me la nier. Mais pour ce qu'ils n'ont rien sceu trouver en particulier à y reprendre, et que sitost qu'ils l'ont entrepris, j'ai pû par un mot de réponse faire voir qu'ils n'entendoient rien en ce qu'ils disoient, ils ont trouvé une autre invention pour m'attaquer, à sçavoir en me proposant des questions touchant les matieres où ils ont crù que je me serois le moins exercé, et bien qu'ils n'ayent pas eu de quoy me fort travailler, cela n'a pas laissé de me divertir, en mesme façon que deux ou trois mouches qui volent autour du visage d'un homme qui s'est couché à l'ombre dans un bois pour y reposer, sont quelquesfois capables de l'en empescher. Mais j'espere qu'ils y mettront bientost fin, ou s'ils y manquent, je l'y mettray; car je croy les avoir desja tant de fois desarmez, que je ne seray pas mal fondé à leur refuser le combat. Pour la philosophie de M. van der ScottenGa naar voetnoot4), je la trouve fort rare, et ne la juge pas neantmoins impossible. Les eaux fortes communes dissolvent les metaux, bien que la cire leur resiste. Mesme elles dissolvent plus aisément le fer ou l'acier que le plomb; et le vif argent resoud l'or, l'étain et le plomb, bien qu'il ne se puisse presque pas attacher aux autres metaux, et encore moins aux cors qui ne sont point metalliques. De quoy les raisons sont assez faciles à imaginer, pour ceux qui sçavent que tous les cors sont composez de petites parties diversement jointes, et de diverses grosseurs et figures. Car tout de mesme que, frappant à coups de baston sur un tas de verres ou de pots de terre, on les peut briser en mille pieces, au lieu que, frappant du mesme baston sur un tas de foin ou de laine, on n'y fera aucun changement; et au contraire, avec des ciseaux ou des couteaux, qui ne sçauroient mordre sur le verre ny sur cette terre, on peut aisement coupper cette laine; il n'est pas difficile d'imaginer quelque cors, dont les parties soient telles, et tellement muës, qu'elles puissent agir contre celles de l'or, plustost que contre celles des autres cors. Mais je trouve étrange qu'une mesme matiere | |
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serve à dissoudre de l'or et des diamans, et puisqu'il vous en offre l'épreuve, je croy que, sans faire la dépense d'un fin diamant, s'il peut seulement dissoudre une piece de gros verre de vitre, ce sera beaucoup. Je dis de gros verre, à cause qu'il y a quelquesfois tant de salicos(?) dans le cristalin, que la seule humidité de l'air le peut fondre. Et quoy que s'en soit, s'il est vray, comme je n'en doute point, puisque vous l'assurez, qu'il a coupé en un quart-d'heure une barre de fin acier assez grosse, le secret qu'il a pour cela est fort rare, et vaut bien la peine que vous tâchiez d'en avoir la communication. Je suis .....Ga naar voetnoot1). |
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