Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend1854. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*aant.V. Alt.e aura veu dans celle que j'eus l'honneur de luy escrire hier, comme la contenance de l'enemy au païs de Waes avoit faict juger qu'il ne songeoit principalement qu'à la defensive, mais il a fort paru du contraire, par les | |
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nouvelles qui nous sont venues à ce matin. A sçavoir, que depuis ceste nuict à douze heures il a commencé a donner une bien forte et serieuse alarme du costé de la Marie, et une seconde du costé de Beveren sur le quartier de M. le comte Guillaume à Calloo, mais d'une troisiesme et plus furieuse attaque s'est jetté sur le quartier du S.r EerenreiterGa naar voetnoot1) à Verrebroeck, où le combat a esté grand, opiniastre et sanglant, et ne cessoit pas encor à dix heures du matin, quand noz derniers courriers en sont partiz. Par tant de contestations Dieu n'a pas permis que les nostres ayent perdu aucune piece de grande importance ou qui ne se puisse recouvrer, mais V.A. peut considerer ce qu'il en peut avoir cousté de part et d'autre. Encor de nostre costé l'estat provisionel qui se peut faire des morts n'est pas grand - on le tient au bas de la centaine - mais des enemiz, van der StratenGa naar voetnoot2), tesmoing de tout, veult asseurer qu'il en seroit demeuré au moins trois mille, et sembloit à veoir touts ces corps morts, dit il, comme une armée dormante. Je nomme l'auteur, afin que V.A. puisse regler sa croyance à discretion. Les mieux advisez font leur conjecture du tiers, mais enfin, tout nous est incertain pour encore. - Le nombre des blessez cependant est bien grand mesme parmi nous, et comme l'on s'y est comporté avec ce qu'il falloit de valeur contre tant de rudes assaults, que l'enemi a redoublé coup sur coup, en poussant son infanterie par force cavallerie au dos, qui est leur coustume, nous n'en avons pas eschappé sans perte de fort bons officiers, parmi lesquels se comptent, au regret d'un chascun, le lieutenant coronel HindersonGa naar voetnoot3), le major LevingstoneGa naar voetnoot4) et un capitaine du mesme nomGa naar voetnoot4). Le lieutenant coronel BoshuijsenGa naar voetnoot5) se dit griefvement blessé, mais l'on sçait plus de particularitez du povre Mons.r de CalvartGa naar voetnoot6), qui vient d'estre transporté dans Berghe, chargé de dix ou onze playes, seulement d'espée et de pique, comme luttant et roullant par terre aveq un des enemiz, qui se sauva, il en fut accablé à outrance. Mais de tant de coups il n'y en a qu'un d'estramaçon sur la teste qui mette les chirurgiens en peine, pour avoir bien enfoncé les tables du crane, à quoy il faudra pourveoir apparemment par la trepane, comme desjà on a preparé l'ouverture. Il a le coeur bon, et tout le monde le guerit de souhaits, mais on ne peut encor juger de l'issue. Du costé de l'enemy il y aura bien eu autre carnage entre les officiers, car en effect on avouë qu'il ne s'est jamais veu de plus rude combat. Vers Monsieur le comte Guillaume - car on a combattu à tous les trois endroits à bon escient - un lieutenant coronel a esté faict prisonnier. A Verrebroeck deux capitaines espagnols, l'un blessé et l'autre non, aveq d'autres officiers et soldats. C'est en gros le sommaire de ceste dure rencontre; demain on en pourra sçavoir des particularitez. | |
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M. le comte Guillaume se doubtant, que le jeu pourra n'en demeurer pas là, a renouvellé ses instances envers S.A. pour du secours, que M. le comte Henry son frereGa naar voetnoot1) luy mene presentement jusqu'au nombre de 27 compagnies, qui animeront grandement le reste de leur arrivée. Nous souhaittons que la tempeste, qu'il faict, cesse tant soit peu, pour faciliter leur passage à la marée d'à ce soir. Pour nostre gros, la distribution des bateaux vient d'estre faicte, et sera temps que nous paroissions en quelqu'endroit à divertir tant de mauvaises humeurs de dessùs noz amiz. Bien pourroit-ce estre dans demain, ou le jour d'apres, mais il n'y a rien d'arresté pour encor. En toutes ces entrefaictes la cavallerie de Berghe qui se trouve aveq M. le comte Guillaume n'a presque rien peu faire que veoir beau jeu et se laisser canoner sur le hault d'une digue droitte et estroitte, mais eneor a elle rendu bon service, en apportant de l'amunition de tous costez, car de chariots on n'y est non plus pourveu que de plusieurs autres commoditez. Demain, s'il plaist à Dieu, nous sçaurons ce qui est de la suitte de cest affaire, et je ne perdray aucune occasion à tenir V.A. advertie de tout. - S. Alt.e se porte esgalement bien tousjours. A Noordgeest, le 21e du Juin 1638. |
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