Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend1766. Aan R. DescartesGa naar voetnoot4). (K.A.)Le pretexte ne seroit pas controuvé, si je disoy m'estre teu jusqu'à present, pour avoir loisir à mediter de quelles parolles vous remercier dignement de la faveur speciale dont il vous a pleu m'obliger, en vous laissant destourner de l'illustre chemin où vous marchez, pour gratifier mon ignorance d'une instruction de sa portée; mais j'allegueray sans ceremonie et veritablement que vostre pacquet avoit mis 18 jours à faire le chemin depuis vos espaces imaginaires à Breda, où le partement de l'armée me surprenant, je resolus de sortir de la confusion militaire pour vous rendre graces de sens rassis. C'est à quoy plusieurs affaires domestiques ne m'ont encore laissé parvenir, et ne me trouvé-je que de fiebvre en chaud mal; mais il s'en alloit dard(?), s'il ne l'est de longtemps, Monsieur; ce que je vous prie tres humblement d'excuser, et de croire que vous me tenez de nouveau dans une obligation si estroicte, qu'il n'y a sorte de service de mon pouvoir que je ne pense vous debvoir, tant que je debvray ceste vie à Dieu, que je prie de vous inspirer à faire continuellement part au monde de voz escrits, puisqu'à vuë d'oeil ils sont destinez à le nettoyer d'un deluge universel d'erreurs et d'ignorance. Au reste, Monsieur, je prevoy qu'en ne pouvant me taire de ce que je possede de si precieux de vostre main, on m'en fera chaudement l'amour de touts costez. Il reste qu'il vous plaise me commander comment j'auray a m'y comporter, car j'advouë qu'il me faict mal, non seulement de faire part à un chascun de ce que je cheris plus que toute autre chose, mais aussi de veoir comme le monde a accoustumé de se jetter soudainement dans les imprimeries, aveq ce qui, partant de la main de l'autheur en bonne forme, ne passe par la leur que difforme et diffiguré. Il est vray que j'incline à la defense de toute communication par la jalousie que je viens de vous confesser, mais voz interests y ont beaucoup de part. Aussi seront ils tousjours les miens. C'est tout ce que j'ay de compliment en vostre endroit, mais il perdra ce nom aux occasions et s'accomplira d'effect partout où j'auray moyen de vous faire cognoistre que je suis plus que personne ..... A la Haye, ce 23e de Novemb. 1637. Je pense vous avoir promis, ou bien je promets encore, de ne vous interrompre plus en ces haultes et immortelles pensées, que vous allez filant de jour à autre, pour le bien de l'univers; mais apres vous avoir osé demander trois fueillets, j'ay bien le coeur encor à vous prier de me dire quelque jour en trois lignes à quoy vous en estes, si la plume accompagne le raisonnement, et si vous lairrez vivre apres vous le moyen de vivre plus que nous ne faisons et ne debvons pour bien estudier vos leçons. |
|