Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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1704. Aan R. DescartesGa naar voetnoot1). (K.A.)Je ne suis pas si loing de vous qu'il y a d'icy à AlckmaerGa naar voetnoot2), ni que vous le debviez souhaitter pour estre exempt de mes importunitez. L'intervalle depuis Breda jusqu'à voz espaces imaginaires ne me semble qu'imaginaire aussi, et je vous entretiens tous les jours, soit par l'entremise de vostre livreGa naar voetnoot3) que j'estudie à tous les momens qui me restent de l'occupation de ma charge, ou par la communication du jeusne SchootenGa naar voetnoot4), dont vous estes le principal subject, et en voyci un eschantillon. C'est que j'ay envoyé tailler à Amsterdam un triangle de bon verre, pour en examiner icy la refraction, apres quoy Schooten se mettra en debvoir de nous marquer une hyperbole tres-exacte, et mearum partium erit de la faire tailler par ce mesme tourneur qui autrefois y a mis la main, mais y procedera d'une autre sorte a ceste fois icy, ayant fort bien consideré les inconveniens que le simple tour y doibt apporter, comme aussi dans vostre livre les moyens que vous avez enseigné de les prevenir ou lever. Mais comme il est homme industrieux en matiere de mouvements mechaniques, il presume de venir à bout de vostre invention à beaucoup moins de façon. En effect il produit des choses si estranges par des petites machines de deux liards, que si ce n'estoit vous, Monsieur, j'espereroy qu'il abregeroit de quelque chose ce que vous avez desseigné pour arriver à la perfection de ces verres; nous verrons ce qui arrivera, et vous en rendrons compte. Si cependant vous estes en peine de quelque divertissement parmi la profonde estude que je m'imagine vous occuper maintenant, je vous prie de sçavoir qu'il y a longtemps que je suis jaloux de cest honeste homme, en faveur duquel vous avez autresfois escrit le Traicté de la musiqueGa naar voetnoot5), et peut-estre ne vous lairray point en repos, donec paria mecum feceris, et m'aurez favorisé d'un traicté de trois fueillets sur le subject des fondements de la mechanique, et les quatre ou cinq engins qu'on y demontre, libra, vectis, trochleonGa naar voetnoot6), etc.Ga naar voetnoot7) J'ay veu autrefois ce que Guido Ubaldo en a escritGa naar voetnoot8), et depuis Galilaeo, traduict par le pere MersenneGa naar voetnoot9); mais l'un et l'autre a peu de satisfaction, m'imaginant que ces gens là ne font qu'envelopper de superfluitez obscures une chose que je m'asseure que vous comprendrez en deux ou trois propositions, n'y ayant rien, à mon advis, qui se tienne d'une si claire et necessaire. Vous voyez, Monsieur, que c'est de s'allier à des amiz ignorans et impudens, mais souvenez vous, s'il vous plaist, que je ne vous convie qu'à un peu de divertissement. S'il debvoit vous troubler en aucune sorte ou causer de l'interruption en ces meilleures contemplations que vous allez avançant pour le bien et la conservation du genre humain, Dieu sçait que je me chastieroy de mon impertinence le premier; mais il m'est advis que je ne vous propose rien de plus difficile qu'une page de l'Amadis de GauleGa naar voetnoot10), ou on m'a dit que vous souliez jetter les yeulx. Enfin, Monsieur, exaucez moy, | |
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ou me rejettez, selon que l'humeur vous en prendra; j'aimeroy mieux n'estre point, que de vous estre à charge et vous avoir donné subject de croire que je ne fusse absolument et sans reserve ..... Devant Breda, vostre anciene garnisonGa naar voetnoot1), ou nous faisons tout ce qui est possible à vous y rendre l'entrée aussi franche qu'autrefois. Le 18e de Sept. 1637. |
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