Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend1680. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*Je fay un office superflu, en advertissant V.A. de la prinse de nostre corne, apres tant d'informations de bouche qu'elle en pourra avoir euës, mais la chose est trop bonne, et l'action trop glorieuse, pour n'en confirmer pas la nouvelle. Enfin ceste prinse ne couste gueres moins que 300 des meilleurs hommes au gouverneur. Don Giuseppe, le capitaine qui a commandé à la poste, me le confesse ainsy, comme encor un alferes reformé, tous deux Espagnols et braves gens, mais assez griefvement blessez. Le dernier, plus vigoureux que l'autre, ne cesse de jurer contre le gouverneur, et de blasmer sa conduitte, son peu d'ordre, sa paresse et sa negligence, car quand je luy ay demandé où le gouverneur estoit durant ceste attaque, il a respondu en colere, dans son lict à dormir, aveq choses semblables. Dit aussi que Don Juan de Monroy, son camarade, qui est le seul capitaine espagnol qui reste dans la ville, est atteint de la peste, outre des blessures de coups de grenade, qui l'avoyent alicté. Au reste ils louënt extremement nostre procedé, en ce que faisants saulter une mine et attirans vers là toutes leurs forces, soudainement l'autre mine a joué, de sorte qu'on les a surprins doublement, et combattuz aveq beaucoup de vigueur. Un enseigne bourguignon du regiment du comte de S.t Amour vient d'estre amené presentement à S.A., ayant paru de dessous la terre esboullée par la mine, où il dit avoir resolu de se tenir caché jusques à la nuict, ne s'estant descouvert que comme il a entendu battre le tambour à faire la trefve, qui vient d'expirer, de sorte qu'on s'en retourne aux armes et aux canonades. | |
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Noz officiers et volontaires, tant françoiz qu'angloiz, ont faict rage en ceste occasion. Parmi les gens de marque le petit CroftGa naar voetnoot1) est demeuré sur la place. ApseleyGa naar voetnoot2) y a receu un mauvais coup par la bouche et la machoire, Rieux un autre au travers du poignet gauche, S.t ChristofleGa naar voetnoot3) un autre ailleurs, nostre grand Constantin dans un pied, et semblables marques d'honneur s'en sont emportées, mais sans gueres de mortalité. Le bon S.r de la FerandiereGa naar voetnoot3) y a esté veu faire tres-bien, et mesme y a receu quelqu'incommodité, mais legere, à ce qu'on me dit, qui ne l'ay pas encor veu. - Apres ceste prinse, qui a esté plus absolue qu'on ne l'avoit esperé, on se trouve tout contre le fossé de la ville, qui est large en effect, mais ne sçauroit tant couster de sang ni de peine que ces malheureuses cornes, qui pour estre basses, sont plus capables de se defendre que ces grands bastions eslevez. Toutes les nuicts nous guettons un certain galant qu'on est bien adverti de se tenir proche d'icy, aveq des lettres qu'il a entreprins de porter dans la ville. Ces Espagnols me disent qu'ils en reçoivent tous les jours assez, mais je doubte qu'ils s'en vantent faussement, ou n'en soyent pas informez au vray. Devant Breda, le 7e de Septemb. 1637. |
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