Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend1660. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*Les approches s'avancent de mesme ardeur tousjours que du premier commencement. Celle de Mons.r de Charnacé entre autres y est fort remarquable, et est à craindre, que du pied qu'il y va, il n'en pourra eschapper que par miracle, s'opiniastrant des nuicts entieres à la pointe de la sappe, et ailleurs, où ce seroit assez faict d'envoyer le moindre des soldats. Aussi la nuict passée un coup de mousquet luy a frisé le cordon du chappeau, et sur le matin un morceau de grenade à main luy a donné une telle secousse contre la teste qu'elle l'a estourdi et mesme luy a causé quelque vomissement, mais comme il n'a pas tombé, le signe n'en est pas reputé du tout mauvais. Aussi n'en a il pas bougé de la trenchée qu'à ce soir, à l'heure deuë, que le capitaine des gardesGa naar voetnoot3) l'a esté relever. Le plus grand mal qu'il y ayt souffert, c'est d'avoir veu griefvement blessé le S.r RemondGa naar voetnoot4), lieutenant dans son regiment, tresvaillant homme, qui aveq le petit S.r Sire et quelques autres officiers y a faict des merveilles à coups de pique contre ceux de dedans, disputans encor le chemin couvert de leur contrescarpe, qu'à present ils ont vuidée, en sorte que leurs palissades ont changé de parti, et servent dorenavant à couvrir et asseurer noz soldats. On va donq coulant à droicte et gauche de la corne, qu'on dit bien qu'ils auroyent coupée en plus d'un endroict, mais ce ne sçauroit estre grande chose; au moins en les allant visiter ainsi par le derriere, il ne sera possible à la fin qu'ils s'y maintiennent. Mais le contentement de ces diligences et bons progrez s'attrempe par des mauvais bruicts qui courrent de la perte de Venlo, d'aucuns y adjoustants que la moitié de la ville auroit esté bruslée, d'autres, qui en ont approché à deux ou trois lieuës, niants d'y avoir peu remarquer aucune apparence d'un si | |
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grand embrasement, dont au moins il eust paru quelque reflexion dans l'air. Tant y a, tout est obscur et ambigu. Il ne vient aucun mot du gouverneurGa naar voetnoot1), et si la place auroit esté rendue le 24e, n'ayant esté investie que le 20e, que si cela est, on a bien pen de subject de se fier en fortifications. On ne sçauroit manquer d'en avoir l'une ou l'autre nouvelle dans demain. - Aujourdhuy un tambour de la ville a esté envoyé demander un passeport pour la femme du S.r de Drunen, drossart de la villeGa naar voetnoot2), desirant s'en retirer aveq ses enfants, pour prendre l'air des champs - ce mande ledit S.r de Drunen - audit village. Mais j'estime que le grand nombre des bales de canon qui, en manquant les ouvrages, se proumenent aveq des tintamarres estranges au travers des maisons de la ville, la rend desgoustée de ce sejour. Le passeport luy a esté accordé aussitost. Et le tambour, apres quelques contradictions, a confessé enfin, que ce jeusne Seign.r italien, dont j'ay faict mention par le passéGa naar voetnoot3), a esté tué en la derniere sortie au quartier de M. le comte Guillaume, s'estant avancé des fins premiers, contre le gré du gouverneur, qui l'en avoit dissuadé à force, et mesmes à cinq fois l'avoit empesché de sortir. - J'espere que desormais mes lettres se rendent à temps; au moins il ne se passe jour, que je ne me donne l'honneur d'en escrire à V. Alt.e. Devant Breda, le 27e d'Aoust 1637. |
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