Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend1655. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*Ce fut hier la garde de Mons.r Morgan aux approches angloises - par ou V.A. voit que sa blessureGa naar voetnoot1) n'est pas de grande consequence - et aux françoises de M. de BuatGa naar voetnoot2), qui enfin a obtenu de commander aux trenchées à son tour, comme feroit son coronel. D'un ni d'autre costé il n'est rien arrivé de considerable, sinon que les Anglois, à la pointe de leur sappe, ont rencontré un petit lieu marescageux, sur lequel on a raisonné, sçavoir s'il le falloit combler, pour apres travailler dedans, ou bien passer à l'entour. La derniere opinion a prevalu, parce qu'il eust fallu prendre le sable de fort loin en arrière, n'y en ayant point sur les costez, et desjà on en est venu à bout, de maniere qu'on est tout contre la contrescarpe. - Ceux de dedans ontencor faict jouër de leurs grosses grenades, mais sans domage de nostre costé, sinon qu'hier deux soldats, en voyants tomber une, et croyants que ce fust une bale de canon, qu'ils amassent volontiers, pour les revendre au commis des amunitions, furent attrapez de son coup inopiné, et fracassez touts deux d'une façon espouvantable. - A ce soir environ les six heures, il a pleu au gouverneur de Breda d'envoyer quelques 150 ou 200 hommes, soustenuz de plus grand nombre, à faire une attaque aux approches de Mons.r le comte Guillaume, sur certain petit ouvrage moitié faict, où il n'y avoit encor point de garde. Mais ils ont esté repoussez promptement par M. le comte HenriGa naar voetnoot3), qui estoit de garde aux trenchées, et | |
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sur la retraicte leur en a esté tué assez bon nombre, qui pourtant est encor incognu, parce que, le soir survenant, il n'a esté possible de les nombrer ni recognoistre; un officier italien, à ce qu'on dit, et fort blessé à coups de picque, est demeuré prisonnier; le reste se sçaura demain. De nostre costé y a jusqu'à quinze morts, entre autres un capitaine nommé Schuring, et quelques blessez. Aussi l'escarmouche ne fut pas courte, mais dura une petite demie heure. S. Alt.e qui vint de sortir des mesmes approches, eut le divertissement de tout veoir de dessus une redoutte entre icy et le quartier de mondit S.r le comte Guillaume. Dans cestuyci, je dis dans le nostre, le malheur en a voulu ce matin au quartiermaistre general PercevalGa naar voetnoot1), qui a esté frappé d'un coup de mousquet au travers du bras, vers l'espaule, en quoy aucuns chirurgiens trouvent du danger, et d'autres moins. Mais S. Alt.e cependant s'en va trouver incommodée aux progrez de l'approche, et seroit grande perte que ce jeusne bon officier vinst à manquer. Apres qu'on a bien eu attendu nouvelles de l'enemy, enfin lettres sont arrivées du gouverneur de VenloGa naar voetnoot2), qui mande du 20e que ce jour là mesmes il s'est trouvé soudainement investi par des trouppes de l'enemi, que le marquis de Lede s'en venoit montant aveq quelques trouppes à gauche de la Meuse, et que le gros de l'armée passoit au haut du Peel, le Cardinal Infante ayant logé la nuict d'auparavant à Nederweert. Que pour luy, bien que la meilleure moitié de sa garnison luy ayt esté ostée, il ne manquera de faict aveq le reste, ce qui appartient à un homme d'honneur. Celuy qui porta la petite lettre, adjouste, que le pont a esté mis sur la Meuze entre Venlo et Aerssen, et enfin, que c'est le commencement d'un siege tout formel. Ceste nouvelle fasche fort S. Alt.e en ce que M. de StakenbroeckGa naar voetnoot3), ayant eu ordre, il y a longtemps, d'aviser à mettre des compagnies dans Venlo, en cas que l'enemy fist la mine d'y aller, semble s'estre laissé abuser par les espions, qui ont ven passer ledit marquis de Lede dessus le pont à Gennep, aveq trois à quatre mil hommes, et luy ont rapporté que c'estoit toute l'armée. Sur quoy il s'est hasté aussitost aveq son gros vers le Rhin, et a laissé le temps à l'enemi de se jetter devant ladite ville d'un costé et d'autre de la riviere, avant qu'il en ayt peu cognoistre le dessein. On attend sçavoir d'heure à autre ce qui s'y passe, et y avons nous escrit en bons termes au gouverneur, aveq promesse de secours asseuré, pourveu qu'on puisse avoir le loisir de venir à bout de ceste place. M. de Charnacé, voyant toutes ces entrefaictes, et l'enemi ne bransler non plus à la diversion pretendue des armées françoises, que si elles n'estoyent qu'imaginaires, en demeure exterieurement tout confus, protestant n'avoir, non plus que nous, aucune nouvelle du costé de la France, de quoy il y en a pourtant qui doubtent. Le coronel SandilandsGa naar voetnoot4), qui est du costé de M. le comte Guillaume, y fut blessé, il y a quelques jours, d'une mousquettade vers le poignet, mais, à ce qu'on dit, n'en sera pas estroppié. Devant Breda, le 24e d'Aoust 1637. |
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