Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend1637. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*aant.La marche de l'enemi, dont j'eus l'honneur d'aviser V.A. hier au soir, se trouve veritable et tout de bon. Il est parti du quartier de Rijsberghen, a marché tout aujourdhuy et loge ceste nuict à Meer, village aux environs de Hoochstrate. Mais les adviz de la routte qu'il doibt tenir sont si divers, l'un portant, qu'il tire vers Anvers, alarmé des Françoiz, et de je ne sçay quelle defaicte de Piccolomini, l'autre, qu'il doibt demain retourner à gauche vers Bavel et Oosterhout, que jusques à present bien tard on ne sçait qu'en croire. Par provision, nous laschons un peu de noz gardes extraordinaires du costé de la Haghe, et les redoublons du costé de Tetheringen, esperans veoir clair demain en ses intentions. - La jalousie qu'a S.A. de quelque notable diversion qu'ils proposent sur l'une ou l'autre de noz frontieres, l'a faict resoudre d'envoyer promptement ceste apresdinée hors du quartier jusques à 27 compagnies d'infanterie et huit de cavallerie soubs les Sieurs WijnberghenGa naar voetnoot1), RandwijckGa naar voetnoot2), AlardGa naar voetnoot3) et HarcourtGa naar voetnoot4), qui, joints au coronel PinssenGa naar voetnoot5), recevront tous l'ordre de luy, et s'opposeront à ce que l'enemy pourroit entreprendre, selon les instructions qu'on leur en a despeschées. A ce compte là, nous ouvirons en bref noz trenchées, en quoy S.A. fut hier tard recognoistre les endroits d'entre ce sien quartier et la ville, où il y a du terrain ferme et propre aux approches. Les discours qui cependant se font dans l'armée de l'enemy sont notables. Il vient de nous en paroistre par quelques lettres interceptes espagnoles de certains cavaliers de qualité, dont un entre autres entretient son ami de ces paroles: | |
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‘Je vous aviseray à toutes occasions de ce qui se passe icy. Jusques à present il n'y a rien, qui soit digne de parvenir aux oreilles de personne. Depuis que nous sommes en ce quartier, nous allons rodants, recognoissants, intentants et discourrans, sans rien executer. S. Alt.e se fortifie à demie lieuë des fortifications de l'enemy. Considerez, quel chemin c'est à secourrir la ville. Il est certain, que nous sommes moins d'un tiers de ce qu'on a dit, et que le povre Infante est plus affligé que ses conseillers, qui ne parlent que de gaiglardises. Je ne sçay, si c'est pour se consoler eux mesmes, ou pour nous encourager. Nous attendons plus de gens, mais à quoy, si celle que nous avons nous est superflue, tandis que n'en faisons rien. Enfin nous perdrons sans jouër. Nous montons toutes les nuicts à cheval, pour faire grandes choses, et puis nous en revenons plein de sommeil. Tout est fort cher icy, et avons beaucoup de malades, sans doubte à cause des eaux, qui encor se vendent. Tout le monde sçait tout, et personne ne sçait rien’. Ceste sorte de mocquerie et murmures se trouve universellement par toutes leurs lettres. Si, apres le serieux, V. Alt.e me permet de luy donner à rire d'un compliment d'amour, que faict un Espagnol, personnage de qualité, ou à sa femme, ou à sa maistresse, voicy, comme il le debite: ‘Je te supplie de mettre dans tes souliers ce ruban, que je t'envoye hors de mon rabat, et qu'en te regardant les pieds, tu te souviennes de celuy, qui te les voudroit baiser eternellement.’ Plus bas, en luy recommandant un enfant qu'il a d'elle, il proteste de l'adorer comme le sang d'un ange. - S. Alt.e dure tousjours esgalement contre les fatigues du bijwacht, et en fera, j'espere, une des dernieres ceste nuict. Devant Breda, le 14e d'Aoust 1637. |
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