Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend1620. Aan prinses Amalia van Oranje. (H.A.)*En six jours j'ay escrit six lettres consecutives, qui toutes n'en valoyent pas une bonne. C'est ce qui à la fin m'a faict eclipser le jour d'hier et peu s'en est fallu aujourdhuy, que je n'en aye faict autant. Mais je continueray d'importuner V. Alt.e, jusques à ce qu'il luy plaise m'en faire la defense que j'attens, l'un jour se ressemblant si fort à l'autre qu'il fault le desguiser de parolles nouvelles, pour faire croire aujourdhuy qu'on ne parle pas d'hier. - L'enemi donq demeure arresté dans sa poste de Rijsberghen, sans que nous apprenions qu'il se prepare à aucune attaque. Si les attendons nous toutes les nuicts, et voyci comme dans une heure, qu'il sera minuict, S. Alt.e va remonter à cheval, pour ne revenir coucher que vers les cinq du matin, se lever à onze, interrompu vingt fois en dormant, disner, monter à cheval vers les cinq, souper, dormir deux heures, et puis remonter à cheval, qui est un cercle arresté et asseuré, comme le cours du soleil. L'esperance que nous avons d'estre un jour delivrez de ceste fatigue, est fondée en ce que l'enemi nous donne du temps à redoubler noz ouvrages, et qu'apparemment il ne se hastera point d'attaquer en sa perfection, ce qu'il a redouté en sa naissance. A ce propos nous vient d'arriver un extraict de lettre, escrite en Anvers avanthier, dont les paroles s'en suivent: ‘Je viens de parler à un amy, qui fut hier à Rijsberghe en nostre armée, qui me rapporte en confidence, qu'apres la visitation des travaux des enemiz, faicte premierement par le Prince ThomasGa naar voetnoot1), et apres par le comte de FeriaGa naar voetnoot2) et autres, il ne semble pas que Son Alt.e Royale soit resolue de rien attenter, car ils sont retrenchez como demonios - comme diables - et en est bien apparent que nostre retraicte arrivera dans peu de jours. Hier on fit courrir le bruict dans nostre armée, qu'aujourdhuy on feroit une attaque par deux endroits, mais ce n'est que du vent, et je tiens la retraicte pour asseurée’. Encore d'Anvers du 7e: ‘Il me fut dit hier au soir, que le comte de Feria estoit arrivé icy vers le soleil couché. On veut parler de quelques dissensions dans l'armée et qu'on en entendra parler. Cela me faict presumer que dans peu de jours nostre armée se retirera’. Le S.r de BrouxaultGa naar voetnoot3), qui envoye ces adviz, tesmoigne qu'ils partent d'un homme de qualité et confident. On verra comment ils 'accorderont aveq la verité des evenemens. Cependant V. Alt.e rira, s'il luy plaist, des quarante jours d'indulgence que promet l'evesque d'Anvers dans ceste publication à ceux qui observeront ses ordres, aux jours de priere, contre die boose vijanden voor Breda. | |
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Mons.r de CharnacéGa naar voetnoot1) se trouve atteint d'une forte douleur au ceste, qui n'est pas sans consideration, mais ne se qualifie point du nom de pleuresie par le S.r VallensisGa naar voetnoot2). Mons.r de HaulteriveGa naar voetnoot3) patit d'ailleurs d'une extreme colique, et Mons.r de la ForceGa naar voetnoot4) d'une defluxion poignante, qui en descendant du cheval l'a rendu comme perclus et immobile. Devant Breda, le 8e d'Aoust 1637. |
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