Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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1459. A. Rivet. (L.B.)La vostre m'a esté renduë par Monsieur PollotGa naar voetnoot1), de laquelle il y a longtemps que j'ay medité le subjet, et ne seroy pas à present sans avoir contenté le desir de son Excellence, si j'eusse creu le pouvoir faire dignement. Car combien que ce ne soient pas mes estudes, et que ce champ ne soit pas de ma culture, j'eusse neantmoins tasché d'y mettre ma faux. Ce n'est point sans raison qu'y ayant a Paris tant d'interpretes qui ne font autre mestier, et ausquelz rien n'eschape, nul n'a cependant mis la main a cet ouvrage pour le rendre françois. Il faut bien qu'ilz y ayent trouvé de la difficulté, ou qu'ilz ayent creu ne le pouvoir faire que de mauvaise grace. En effect LipsiusGa naar voetnoot2) s'est accommodé a l'eschole, et a voulu servir a ceux qui en public enseignent l'histoire. Cela luy a faict mesler tant de critique, et d'allegations d'auteurs, que je ne croy pas que son Excellence ne s'en ennuyast, s'il entendoit son latin, et qu'en françois il n'y trouvast plusieurs discours et paroles inutiles a son but. Je laisse les paroles perduës du dialogue, mais y ayant peu de texte, et un long commentaire ou il est question souvent si telz ou telz ont bien traduit ce mot grec, si le texte n'est point corrompu en Polybe, s'il faut changer ce mot en celuy ci. Vous scavéz que ce n'est pas une estude agreable a un prince. J'estimeroy donc plus a son goust, si on luy traduisoit l'abbregé qui a esté faict des cinq livres de la milice RomaineGa naar voetnoot3), ou tout ce que Lipsïus en dit est fort judicieusement choisi, et les choses superfluës laissées, comme les diverses citations de tant d'auteurs, par lesquelles il monstre sa grande leçon, et les disputes critiques, ou semblables choses. Or ne cognoy-je point d'escholier françois qui puisse bien faire cela, et de l'adresse duquel je voulusse respondre. Je ne l'oseroy mesme de la mienne. Neantmoins si vous jugéz que son Excellence se contente de ce suc, sans rien obmettre de la chose ni de l'ordre, j'y donneray les heures que je pourray, et tascheray de luy en faire veoir au plustost quelque partie, de laquelle il pourra juger du reste, et selon le goust qu'il y prendra, on pourra poursuivre tous les cinq livres. Quant a Mons. de SaumaiseGa naar voetnoot4), j'apprens qu'il est a Dieppe, ou il attend le convoy que les marchands y attendent avec impatience, et que le vent detient a Rotterdam a leur grand dommage. S'il passe bientost, nous l'aurons ici au premier jour. J'en suis bien [d'accord] avec vous qu'il est Asiatique, et qu'il retire difficilement sa main de dessus le tableau, mais j'espere neantmoins qu'il fera quelque chose de plus exact, et qu'a son retour il ne tardera pas longtemps a le faire veoir, comme je l'en solliciteray souvent, si Dieu le nous rameine et nous conserve a ce temps. Je le prie qu'il estende sa protection sur le general et l'armée, et qu'il vous accroisse en toutes benedictions, et suis ..... De la Haye, le 4 Octob. 1636. |
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