Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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1397. V. ConrartGa naar voetnoot1). (L.B.)J'ay receu avec beaucoup de joye la prière que Mr. de VeineGa naar voetnoot2), secretaire de Monseig.r le duc de BuillonGa naar voetnoot3), m'a faite, de vous envoyer le livre qui vous sera rendu avec cette lettre, mais j'eusse bien desiré de vous pouvoir rendre quelque service plus considérable, pour meriter l'honneur de vostre connoissance. Je say, Monsieur, qu'elle est recherchée et estimée des premiers hommes de l'Europe, et que c'est estre heureux que d'avoir part en vos bonnes graces. Je say encore que vous aymez les moeurs de nostre nation, et que n'estant pas content d'une médiocre intelligence de nostre langage, vous en avez voulu acquerir une parfaite des plus secrets mysteres de nostre eloquence. Vostre nom se lit tous les jours dans les cabinets où nos princesses tiennent leurs cercles. Les François qui écrivent le mieux aujourd'huy confessent que vous les surpasséz, et si vostre modestie vous empêche d'accepter cette lonänge, au moins ne pouvez-vous refuser justement celle de les égaler. Mais je parle icy inutilement de vous, Monsieur, car il n'y a point d'honnêtes gens à Paris, ni dans nostre cour, qui ignorent ce que je vous viens de dire, et il ne vous est pas aussi fort avantageux que vostre mérite soit publié par un inconnu. Je reviens donc à ce qui m'a obligé de vous écrire et vous supplie de croire que je chériray toute ma vie cette petite occasion que j'ay euë de vous faire savoir que je suis un des admirateurs de vostre vertu. Que si j'avois assez de bonheur pour obtenir par de si foibles effets de mon affection quelques témoignages que vous l'aurez aggréée, et que vous voulez bien m'honnorer de vostre bienveüillance, je croirois avoir acquis à fort bon marché une chose qui n'a point de prix, et ma propre expérience m'apprendroit qu'un petit fondement peut bien soutenir un grand édifice, et que la seule intention a quelquesfois des recompenses qui n'appartiennent qu' à des services effectifs. Je souhaite néantmoins, de vous en pouvoir rendre de cette nature, afin que vous ayïez plus de sujet de croire que je suis veritablement .... Paris, le 28 Juin 1636. Je n'ay point fait relier de Pseaumes avec vostre Nouveau Testament, bien que Monsieur de Veine me l'eut ordonné, parce que le volume eût esté excessivement gros. Si vous en desirez de séparer qui soyent reliez de la même sorte, prenez la peine de me le mander, et j'y feray travailler aussitôt avec tout le soin qui me sera possible, par le même libraire qui a relié le Nouveau Testament. |
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