Briefwisseling. Deel 2: 1634-1639
(1913)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend1104. Aan baron De CharnacéGa naar voetnoot8). (K.A.)aant.Il eust importé au bureau d'adresse d'avoir intercepté la pertinente gazette qu'il vous a pleu m'envoyer en date du 30e de Mars, et encor y auroit il moyen de m'en obliger estroictement les directeurs, si j'osoy leur communiquer la copie d'un manuscript si authentique. Mais sachant à qui le fruict de ce labeur a esté destiné, je m'en suis deschargé où je debvois et aveq ce que je | |
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doibs de promptitude à l'honneur de voz commandemens, qui me gouvernent plus absolument que ne vous sçauroit tout ce qu'il y a de BennebrouckGa naar voetnoot1) au monde. S'il y eust eu matiere à vous recompenser de tant de peine en pareille estoffe, j'en eusse receu la charge asseurement, mais cest ordre manquant à faute de subject, aggreez, s'il vous plaist, qu'en vous suivant à la piste par les meilleures parties de l'Europe, je vous die de mon chef et par articles, que 1. d'Espaigne il ne nous vient aucun advis, qui merite d'estre veu à costé du vostre. Sinon qu'il sera temps en bref, qu'ayons l'oeil sur les barres d'argent que la flotte en doibt rapporter à Dunkercke; 2. que d'Italie - où cest Estat n'a rien à considerer que celuy des Venitiens - il ne nous vient sol ni maille, quelque bon office qu'on sache que voz orateurs y ayent contribué, estant chose assez prodigieuse en quel endroiet de Quintilien ces Mess.rs Venitiens trouvent encor de la couleur de replique à tant d'arguments si irrefray[a]-bles et retorquez si souvent aveq tant de force d'eloquence; 3. qu'en Angleterre on entendra bientost parler de nous en un stile assez convenable à la saison et aux humeurs de ceste cour là; 4. que pour l'Alemaigne le malheur de treves offusque grandement les feux de joye de la glorieuse prinse de Spiere, et qu'à Bruxelles on se faict une extreme feste de ce passage de la Mozelle occupéGa naar voetnoot2), mais qu'à ceux qui en pourroyent avoir besoin, il n'en sauroit manquer assez d'autres qui sont non inviae virtuti viaeGa naar voetnoot3). Pendant quoy il nous tarde assez d'apprendre quelles auront esté les ouvertures de ceste robbe longue arméeGa naar voetnoot4), qui vous vient trouver en poste, devenue son ambassadeur mesme, plustost que d'en envoyer, comme par le passé. Apres ceste proumenade, Monsieur, où vous me voyez dans vostre suitte, je retourne à la Haye, et vous asseure qu'à la presse des officiers de guerre, qui occupent nostre loisir comme nostre logis, il est bien aysé à comprendre sans astrolabe que le soleil approche des cornes du Taureau et que, s'il est vray, comme ou le veut à Bruxelles, que dedans peu les armes du Roy treschrestien se doibvent joindre à celles de cest Estat, il arrivera un effroyable aspect in Geminis, les Hollandoiz souhaittans que la conjunction se fasse sans esclipse. Cependant les astrologues de Brabant ont faict partir le 4e de ce mois quatre regiments espagnolz vers Namur et osent ils y dire que la cavalerie qui passe devant aveq le marq. d'Aytona des le 2e, revient à 5000 chevaulx. Mais cela trouve bien du contraste en nostre incredulité septentrionale. Au chiffre dont vous avez prins la peine, Monsieur, de cacher de voz plus importantes pensées, il s'est trouvé de vray quelque faux pas, mais ceulx que vous avez preveu y debvoir estre appellez se sont imaginez qu'il vous a prins envie d'exercer un peu les facultez rouïllées, dont on vous aura faict croire qu'ils se picquent en ce mestier là et, graces à Dieu, en sont glorieusement venuz à bout, vous suppliants que ce soit pour la derniere fois, et concluants pedantesquement invoquent le feu S.r Nason à vous dire sans soloecisme: nil mihi rescribas, attamen ipse veniGa naar voetnoot5) ..... A la Haye, le 9e d'Apvril 1635. |
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