Briefwisseling. Deel 1: 1608-1634
(1911)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend
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770. Aan L. Potier markies de GesvresGa naar voetnoot1). (K.A.)Le cher amy M. de BeringenGa naar voetnoot2) s'est acquitté en bon herault de la commission dont il vous a pleu le charger en mon endroict. Mais j'ay protesté de ne luy recognoistre que la moitié d'une si belle obligation, s'il ne la veult redoubler et prendre la tasche de vous en rendre le compliment de ma part. Je ne sçay quelle pitié il aura de mon incapacité, mais bien vous puis-je asseurer, Monsieur, qu'à moins de mettre en oeuvre les extremes efforts de ceste eloquence que nous luy cognoissons naturelle, il ne sçauroit exprimer le plus foible des ressentimens que j'ay de voz faveurs. Je ne suis pas assez dissimulé pour implorer le support du bien dire d'autruy, hors du cas de necessité. En un besoin ordinaire je me hazarde sur mes aisles. Mais, pour voler si haut que m'appelle la recognoissance que je vous doibs, il n'est pas jusqu'au[x] plumes des Balzacs que je ne taschasse d'emprunter, s'il m'estoit loisible, pour essayer en aucune sorte de me desengager. Considerez cependant, Monsieur, comment c'est que vous avez employé voz bienfaits, où on ne songe qu'à vous payer en assignations à peine imaginables et, de grace, apres avoir faict si generalement ce que vous avez peu, parce que vous l'avez voulu, ne vueillez pas en rigueurGa naar voetnoot3) ce que vous empechez de pouvoir à ceux que voz faveurs accablent. Si vous me permettez de m'expliquer, j'oseray dire que je ne parle pas de l'honneur de cest ordreGa naar voetnoot4), où je sçay bien que le desordre me reçoit, et lequel debvroit estre avili plus bas de deux siecles, pour me souffrir des siens sans reproche, mais que mes imaginations se plaisent dans les impressions que je me garde de l'asseurance de l'honneur et de vostre amitié. C'est dans quoy se baignent mes pensées et c'est où je les arreste, comme qui s'attacheroit à la contemplation d'une belle source, sans considerer les rivieres qui en naissent. Je diray mesme sans blaspheme de l'honneur que vous m'avez procuré, qu'au prix de ceste source de vostre affection, dont je m'estime la conqueste aussi glorieuse que celles de l'an passé, où vous avez tant contribué, à mon Maistre, touts ses plus beaux effects me vienent à mespris et croy-je que S.t Michel souffre sans scandale, ni offence qu'au declin de son ordre j'en fasse un peu moins de compte que du vostre naissant, à mesure que voz vertuz communiquées au monde vous y acquierent des serviteurs, raviz au dehors de l'honneur de vous appartenir, et dans le coeur de la grace d'y porter les enseignes de vostre bienvueillance. C'est là l'ordre, | |
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Monsieur, qui m'en pourroit faire prendre d'autres pour ordure. C'est celuy auquel vous ne recevez personne qui ne tente ma jalousie, et duquel cependant je ne cesse d'enflammer le monde par des recits opportuns et importuns de voz merites que m'arrache la verité, appellant un chascun à ce que je voudroy que personne ne possedast qu'apres moy. Obligez moy, s'il vous plaist, de ne me faire jamais paroistre qui sont ceux qui m'y devancent; j'iray me chatouïllant de mes fortunes imaginaires et enfin iray du pair avec ces roiz phrenetiques qui jouïssent du bien d'autruy tant que dure leur mal, si seulement vous me permettez le contentement de me figurer qu'il soit possible que je merite un jour l'honneur d'estre creu ..... Le 13e de Mars 1633. ..... Ayant veu par ce que vous mandez à M. de Beringhen, comme vous estes content de passer encor la veue sur mes armes, je m'avance à vous en donner ceste importunité, attendant que le Roy, apres m'avoir favorisé d'un honneur personnel, daigne au moyen de vostre entremise y en faire adjouster un autre plus hereditaire, et dont la memoire ne puisse mourir qu'avec ma postérité. Ceux qui font mestier ici de ces vanitez sont d'advis que, suivant le project ci joinct, la fleur de lis se doibt appliquer ainsi dans le quart, qui m'est propre du costé de mon Pere, et que le timbre, qui jusqu'à maintenant a esté de costé, se pouvoit dresser et orner comme le voyci, si ce n'est que pardelà les entenduz en jugent autrement. Je vous demande mille pardons de ces sottises, qui n'ont jamais esté de mon humeur et ne le sont encor que par contraincte d'une raison qu'il vous a pleu approuver autrefois, et laquelle je pretens expliquer un jour comme il faut. Postd. Je fay tres-humble reverence à Mons.r le comte de TresmeGa naar voetnoot1), vostre pere, et vous supplie le vouloir disposer à faire du creancier pitoyable envers moy, de qui l'insolence luy devient si notoire par ce premier exemple domestique. |
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