Briefwisseling. Deel 1: 1608-1634
(1911)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend760. C.B. de PetersdorffGa naar voetnoot1). (H.A.)J'ay eu l'honneur de vous entretenir à la Haye de plusieurs choses, esquelles j'ay creu que S.E. pourroit avoir quelque profit ou domage, pour embrasser l'un et eviter l'autre par des moyens convenables et luy avantageuses; avec promesse, de vous donner quelquefois advis de tout ce que j'estimerois vous pouvoir servir pour parvenir à ladite fin. Que s'il plaist à Dieu d'en faire reussir mes bons desseins pour ce bon Prince et toute sa Maison - laquelle n'a que trop negligée jusques icy ses biens et ses plus nobles droits, ainsi que je vous ay monstré en partie - quelque plus grand fruit auctorisera à l'advenir l'hommage que j'ay fait à S.E. à la Haye. Suivant de quoy je vous diray, voyant en vostre arbitrage, que Monseig.r le Prince a intenté avec Mesdames ses soeurs, vos foibles arguments, dont vous vous servez, faute de meilleures estoffes, contre la force de ceux de mesdites dames, et si ledit arbitrage se juge par des gens de bonne conscience, vous en serez indoubitablement comdamnez; voyant aussi d'ailleurs qu'il y aille de l'honneur de S.E., que les secrets entre freres et soeurs d'une mesme et si illustre Maison soyent tellement, et au prejudice de l'un et de l'autre, divulgez et ventilez des estrangers; que pour ces raisons j'empeschay que les pieces dudit arbitrage ne furent mises du S.r MaurizeGa naar voetnoot2) ès mains des arbitres, ainsi qu'il a voulu faire, et dis naifement mon sentiment à S.E., comme sçavez. Laquelle m'ayant donné ceste responce: que mesdites ses soeurs luy fissent donc proposer et demander quelque chose raisonnable, sur laquelle, suivant mesdites raisons, elle se voudroit declarer comme il faudroit, je n'ay pas manqué d'en conferer avec Mad.e de BouillonGa naar voetnoot3), et par lettres avec Mad.e l'ElectriceGa naar voetnoot4), esperant de les avoir mené jusques là, qu'elles demanderont à S.E. quelque chose raisonnable, sçachant y avoir apporté tout ce qui se pouvoit de foi et d'affectionGa naar voetnoot5). Laquelle demande vous ferez, Monsieur, suivant vostre credit aupres de S.E., en sorte, que pour vuider tant plus promptement et avec contentement de l'un et de l'autre cet affaire, elle ne la rejette pas, ni s'en esloigne. Car vous sçavez ce que je vous en ay au long deduit, et le dis encor devant | |
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Philiberte de Luxembourg, die in 1531 hare bezittingen aan haar kleinzoon René de Chalon betwistte, schonk deze, en ook Charny, aan haar neef Philippe Chabot, den admiraal. Hij was een zoon van Jacques Chabot, baron de Jarnac, die in 1485 gehuwd was met Magdelaine (of Marguérite) de Luxembourg, eene zuster van Philiberte.
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Dieu sans aucune partialite, qu'il leur faut à chascune une somme d'argent, mais non pas telle qu'elles demandent. Touchant la conté de CharnyGa naar voetnoot1), je croye que suivant mon instruction et memoire, laissé à la Haye, vous aurez fait cercher les papiers y necessaires. Et si vous les avez et intervenez en la cause, il n'y a point de doubte que vous n'emportiez ceste piece, dont le goust vault bien le coust. Il y a astheur deux mois que M.r de CharrouGa naar voetnoot2), neufveu de feu M.r le Marquis de MiribeauGa naar voetnoot3), s'est mis en possession pour l'usufruct seulement dudit conté, dont on ne sçait à qui la proprieté appartient. Ils n'ont osé se mettre plustost en possession, de peur qu'ils ne soyent rebouttez de vous; mais puisque tout le monde en France sçait et est accoustumé de voir comme on prend les biens de la maison mortuaire, prescrit contre elle, ou gaigne de mauvaises causes par faute de se defendre, j'estime qu'à la fin, voyant que personne n'y parte, ils ont cru et fait de mesme icy. Il faut done que vous y pensiez de bon escient et bientost. J'en ay escrit à un procureur à Grenoble, pour sçavoir de luy comme les pretendents s'y sont accordez; aussitost que j'en auroy des novelles, vous aurez la communication. Cependant prenez garde que vous soyez devant d'accord avec mesdites dames; apres vous aurez le jeu libre, quoyqu'elles n'en sçavent, ny sçauront rien. Vous sçavez aussi, comme j'ay entretenu S.E. et vous touchant deux creanciers, à scavoir Mad.e d'ElboeufGa naar voetnoot4) et M. SaiveGa naar voetnoot5), president au Parlement de Dyon, lesquels S.E. aye à craindre uniquement, et qui pourroient inquieter touts ses biens en France. Vous sçavez le moyen que j'ay ditGa naar voetnoot6) d'en pouvoir sortir avec peu de chose, ainsi que je laissay pour ce subject les memoires necessaires en vos mains. Avec le premier, à scavoir Mad.e d'Elboeuf, vous n'avez pas subject de vous trop haster, veu que depuis l'arrest obtenu le 8 Janvier 1611 par mesdites les Princesses contre elle - par laquelle elles sont maintenues du Roy en leur legitime, et les creanciers remis au principal heritier et chef de la Maison de Nassau et Chalon - elle ne poursuit autrement, sinon qu'elle donne touts les ans une requeste seulement au | |
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Grand Conseil à Paris, affin que son action contre mondit Seig.r le Prince d'Orange ne soit pas prescripte. Mais si vous voudriez prendre l'occasion au poil, et vous servir du temps, il me semble que vous ne puissiez choisir une meilleure saison pour ladite poursuite que celle cy, ou ladite dame est fort mal veue de la cour, à cause de M.r son filsGa naar voetnoot1) absent avec MonsieurGa naar voetnoot2), son affaire mauvaise et sans fondement - car si elle estoit bonne, elle ne se contenteroit pas avec sa requeste annuellement, mais trouveroit asses des biens appartenants à S.E. en France, dont elle se pourroit faire payer - et prest, à ce qu'on m'a dit, à estre jugée, si l'on veut. Mais puisqu'on a du temps pour y penser, je vous parleray du dernier seulement, à sçavoir president Saive, comme plus pressant. Lequel, ayant une debte provenant de Jean de ChalonGa naar voetnoot3) au Conte de BourgogneGa naar voetnoot4) de la somme de 4960 ℔ en capital, fit le 12 Mars de l'année passée assigner Mad.e la Princesse Palatine, à cause qu'elle possedoit des biens provenants de ladite Maison de Chalon, ainsi que je vous laissay tout en vos mains, puisque c'est à S.E. d'y pourvoir. Pour mon particulier, me voulant justement mettre allors en chemin pour aller et faire un tour en Allemagne, ainsi que je fis aussi un jour apres ladite assignation, et n'ayant pas beaucoup de loisir de m'amuser des affaires qui ne nous concernoyent point, j'en manday mon advis à M.r ArmetGa naar voetnoot5), affin que quelqu'un en mon absence par son ordinance se presentast pour nous en ladite cause et se mocquast de ladite poursuite. Consideré que (1.) ceste debte touchoit le Roy d'Hispagne, et nullement Monseig.r le Prince d'Orange; et quand cela seroit, que (2.) Mad.e n'estoit pas heritier de la Maison de Nassau et Chalon, mais en avoit (3.) avec mesdites ses soeurs leur pure legitime seulement, laquelle par toutes les raisons, le droit divin et humain, par le testament, partage et finalement par l'arrest du Parlement demeure dechargé des debtes. Depuis ce temps je n'ay jamais ouy parler dudit Saive, ainsi que je vous dis aussi à la Haye, et ay tousjours estimé, ne pouvant ledit Saive rien gaigner contre Mad.e, que peut estre ilGa naar voetnoot6) laisseroit aussi en paix, veu que le fond de son affaire ne valoit rien, ou il y a prescription, dont S.E. se peut servir contre | |
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luy. Mais tant s'en faut qu'il aye quitté ladite poursuite, qu'il l'a aussi pressé depuis l'Octobre de l'année passé plus vivement, voyant que nous estions touts absent, et s'imaginant parainsi que par faute de defense il auroit jugement, comme vous verrez par une lettre du 17 DecembreGa naar voetnoot1), laquelle M.r de Conte gouverneurGa naar voetnoot2) me donna à Sedan, avec excuse, qu'il ne l'aye pas vonlu envoyer, puisqu'il m'avoit creu desja en chemin. Le Saive s'est peut estre persuadé que son auctorité es parlements de France, la haine qu'on porte à la Relligion dispenseroit les juges de nous conserver le droict; joinct qu'on aye cy devant negligé tant de nobles droits, et laissé juger quantité des bonnes causes de ladite Maison au grand prejudice d'icelle, voire qu'on aye permis prescrire et faire choses semblables contre elle; quel jeu il a creu qu'il auroit aussi avec ladite Maison - quoyque tres inpartinement - avec les Allemans, qui estoyent absent et ne scavoient pas tant bien le droit, ou plustost la chicquanerie françoise. Mais ledit S.r Armet a bien fait qu'il s'est mocqué seulement jusques icy de sa procedure, voyant que nous n'y avions aucun interest. Or puisqu'il nous presse tant astheur, que mes gens de Paris me mandent qu'il faut necessairement respondre à son escrit, et nous servir, pour eviter des frais inutiles de la justice, des fondements que la nature, tout le droit, et le Roy nous a donné, et dont mesdites dames se sont servies contre Mad.e d'Elboeuf, je vous en ay premierement voulu advertir, Monsieur, et vous dire, puisque le Roy remet les creanciers, comme de raison, au vray heritier et chef de la Maison de Chalon, que S.E. sera assigné par le juge, aussitost qu'il verra par ledit escrit et responce de Mad.e, que ladite affaire ne la touche pas, pour faire mondit Seig.r entrevenir en la cause comme garand et chef de ceste Maison; ou puisque S.E. est tant esloignée, il fera saisir une des terres de S.E., ainsi que j'ay desja entendu soub main qu'on aye parlé, devant nostre arrivée icy, de la terre de Chasteau RenardGa naar voetnoot3), pour la faire saisir à cause de ladite debte. Ou je prevoye que ces pauvres gens là, ne sçachant rien de ladite affaire, ny d'aucun fondement, comme ils puissent respondre aux assauts et objections de ce creancier, pourroient faire un pas de clerc qui puisse grandement nuire à S.E. Pour cet effect et pour obvier à touts ces inconvenients, il faudroit que Monseig.r le Prince n'attendist pas ce coup, mais envoyast par la premiere commodité un pouvoir à quelqu'un à Paris pour intervenir en ladite cause, ou S.E. peut faire semblablement commender à Mr. Tronchet ou quelqu'un autre, en cas qu'on aye besoin de quelque peu de chose - que toutefois je n'estime pas pouvoir monter à 30 ou 40 escus - que ledit S.r donne à l'advocat ou procureur, selon qu'il en sera besoin. J'en ay instruit totalement un procureur, fort homme de bien, nommé Fenou, qui loge en la rue St. Jean de Beauvais, devant le college de Bovais. Comme aussi un advocat nommé HeraultGa naar voetnoot4), le logis duquel on sçaura chez le procureur, pour prendre | |
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cependant garde jusques à vostre ordinance, qu'on n'y face quelque chose en vostre prejudice par forme de chicannerie, ou vous pouvez voir, en cas que vous n'avez point d'autres, si vous vous voulez servir de ceux cy. Et s'il y faut aussi des gens qui y pourroient avoir l'inspection et solliciter aussi bien l'advocat et procureur que les juges, brief voir tout ce qui s'en passoit, je vous addresserois bien le S.r Armet, homme d'esprit et de bonne marque. Mais pour eviter des despens de voyage, vous pourriez prendre un de Paris mesme, ou je vous nomme un qui s'appelle Daniel Dumaistre, secretaire de la Chambre du Roy, homme de bien, et qui vous en contenteroit extremement. Et tout ce que je dis, c'est au defaut des autres qui vous y pourroient servir. Pour moy, je voye qu'il n'y a que deux moyens de contenter ledit creancier, à sçavoir par composition, ou par justice, ainsi que je l'ay dit aussi à S.E. et vous à la Haye. Or si on m'eust commendé de l'accorder, il n'y a point de doubte que je ne l'eusse desja fait pour peu de chose à nostre arrivé[e], ayant mesme dit à S.E., comme un gentilhomme, nommé BricquemautGa naar voetnoot1), m'en aye desja donné quelque ouverture. Astheur si on voudroit tenter le mesme moyen,j'apprehende qu'il ne soit inutile, ou mesme domageable à S.E. Car il s'imaginera que vous trouverez astheur vostre cause tres mauvaise, laquelle au contraire ne vault rien de ce costé à cause de la prescription; tellement qu'à mon advis vous devez poursuivre contre luy. Je fais estat de pourvoir à mes affaires particulieres et faire un voyage apres Pasque en Allemagne; n'estoit cela, j'y servirois S.E. avec passion, voyant que ces gens là s'imaginent d'emporter tousjours, comme par cy devant est fait, de ces bons Princes avec une mauvaise cause. Toutefois il faut qu'à Pasque, ou quelques jours apres, j'aye vostre response, et à qui vous aviez donné la charge. Ou je ne faudray pas, si S.E. le desire, devant mon partement d'instruire encor vostre advocat, et d'y faire tenir la main en mon absenee par ledit S.r Armet, tellement que vostre cause et bon droit sera pourveu comme il faut, et que vous n'y ayez rien à craindre. Car si ce n'est que l'auctorité dudit Saive comme president, par ses parens et compagnons, vous face un mauvais tour - comme je ne me peu imaginer - sa cause ne vault pas un deut, et S.E. en est bien asseurée de la gaigner. M.r Armet m'a bien dit par cy devant que Monseig.r le Prince Maurits l'avoit une fois requis, en cas que ce Saive et Mad.e d'Elboeuf remueroient quelque chose - comme le premier n'a jamais fait autrement qu'à Dole contre l'Hispagnol - de tascher de les persuader qu'ils se pourvoyent sur les terres et salines qui leur estoient au conté de Bourgogne affectées, et les fissent discuter prealablement. Mais cela ne se practique point pardeça, et il y a des meilleures exceptions et fondements pour Monseig.r le Prince, soit de la prescription, ou de la denegation de la debte, de laquelle le Roy d'Hispagne seul doit estre condemné comme heritier universel de Mad.e la Princesse de BourgogneGa naar voetnoot2). En un mot, leur cause ne vault rien. Voila pourquoy il les faut repousser | |
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par ladite voye, et faire ainsi les biens de S.E. clairs et dechargez. Voila ce que j'ay creu estre mon devoir de vous communiquer, regrettant infiniment que vous n'avez personne qui prenne garde à vos affaires, qui sont hors de vostre element, quoyque les biens de S.E. seront entierement esclaircis et dechargez en France, quand vous aurez fait juger lesdits deux creanciers, comme je l'ay dit pour vostre advertissement à la Haye, et le dis encor. En quoy je finiray, apres vous avoir supplié d'asseurer S.E. de mon tres humble obeissance et immuable affection à son service, et de me conserver tousjours en l'honneur de vostre souvenir. Je reputeray à bon heur, quand les occasions se presenteront de vous pouvoir faire cognoistre, comme je desire avec passion d'estre et demeurer ..... ce 12 Fevrier 1633. Je vous communiqueray à la premiere des privileges et immunites de S.E. et de sa Maison en France, dont toutefois vous vous ne servez pas. De mesme je vous diray le contenu de ce libvre dont je vous parlay à la Haye, et lequel j'ay empesché que M.r le conte Jean de NassauGa naar voetnoot1) ne l'aye eu, ainsi qu'il l'a desiré et faire demander à diverse fois. En cas qu'il vous n'est pas allors aggreable, ce gentilhomme qui a ledit livre peut avoir son argent quand il voudra dudit S.r Conte. |
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