Briefwisseling. Deel 1: 1608-1634
(1911)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend681. Aan P. BardinGa naar voetnoot3). (K.A.)Mon malheur a tant faict proumener voz proumenades qu'autant que je | |
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compte entre leur arrivée et celle de vostre lettre, elles eussent peu faire tout le chemin des conquestes d'Alexandre et du Roy de Suede. Je ne diray pas que cela m'en ayt aiguisé l'appetit, car à celuy que j'en avoy en extremité il ne se pouvoit rien adjouster, mais j'advoueray franchement, que cette longue attente et M. de S.t Surin m'en ont dit moins que ce que j'en ay trouvé dans les premieres pages. Permettez moy que j'en precipite ainsi mon jugement, de peur que la foulle des merveilles, que je suis bien asseuré d'y rencontrer entre ce commencement et la fin de vostre oeuvre, ne m'accable en sorte, que par trop d'obligation de vous louër, je ne demeure perclus jusqu'à n'oser entreprendre de vous en ouvrir mes sentimens. Ceux cy, Monsieur, sont vuides de ces passions qui ont accoustumé de brouiller ceux du vulgaire. C'est de quoy j'ose me vanter, soit que vous en attribuiez l'effect à la stupidité de ma nation, ou à sa candeur. Nous sçavons que c'est de parler rondement et indoctement; à d'autres la subtilité, l'elegance et le fard. En franc Hollandois j'ose declarer que vostre philosophie est saine, qu'elle est masle, qu'elle est pure et polie, que les sages y trouveront de quoy s'edifier, les foibles de quoy s'abaisser davantage, pour monter d'ou on ne descend pas, et que finalement tout le monde y jouira largement du riche amas de voz profondes estudes, distribuéz au bien publiq d'une liberalité inouïe. Puisqu'aujourdhuy les desseins de la pluspart de ceux qui escrivent, tendent à obscurcir d'avantage ce qui l'est assez par l'aage, au lieu de mettre en veuë et de communiquer à la necessité du bien publiq ce que les ordures du siecle requierent que chascun aide à depousseter, Voyci, Monsieur, comme nostre septentrion profane brusquement les doux fruicts mysterieux de vostre midi. Soyez si clement, ou si juste que le reproche deu à ma patrie ne me vienne à moy seul à charge, qui n'en suis qu'une des plus foibles parties. Ains qu'ayant faict choix de cette amitié en faveur d'une autre, assez capable de vous faire gouster les plus indignes du monde, le seul respect de voz premieres resolutions vous induise à souffrir mes imbecillitez, dont je ne me soucieray point de vous avoir estallé ce premier essay, pourveu qu'il me puisse avoir servi à vous tesmoigner l'estime que sans fard, ni feinte je fay de voz vertuz eminentes, et comme le goust que je viens d'en prendre en si peu de loisir m'eschauffe le desir d'entrer en pleine possesion du bien d'estre reputé à jamais .... A la Haye, le 4e de May 1632Ga naar voetnoot1). |
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