Briefwisseling. Deel 1: 1608-1634
(1911)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend680. Aan J.L. Guez De balzacGa naar voetnoot8). (K.A.)J'ay de la peine à resoudre quelle interpretation je doibs à la faveur que m'a voulu faire M. le baron de S.t Surin. C'est bien l'effect d'une bienvueillance extreme, qu'il ayt daigné me | |
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frayer le chemin à l'honneur de vostre cognoissance, dans laquelle j'avouë qu'il y a plus de quoy m'enfler que dans ma portion hereditaire en ceste fraternité adoptive du peuple romain que vous ramentevez à la vanité de ma nation. Mais, ayant resolu de me produire à voz yeulx, qui valent ceux de tout ce grand païs, dont je n'ay encor rien veu que ce qui en paroist en haute mer, ceste mesme bonté n'obligeoit elle pas à me couvrir de sa livrée et d'habiller un peu le barbarisme à la mode, afin de vous le rendre moins insupportable? Et faut il que, prostitué en chemise, j'en recognoisse à l'auteur de ma honte les obligations d'un bienfaict sans reproche? Au moins, Monsieur, quelque patience que vous tesmoigniez avoir apportée au desplaisir de me veoir dans ce pourtraict que je luy envoyay de mes imperfections, en souïllant celuy de vos vertuz de mon encre, il y avoit moyen de vous accabler plus legerement de moy, de faire moins de violence à vostre bonté et d'empescher que ce rencontre ne devint choq et secousse. Si M. de S.t Surin m'eust voulu estre aussi liberal à peu pres de la bouche que de la main, et un peu m'assister des fleurs de sa langue dans le rapport d'un si digne ami, vous eussiez peu trouver passable ce qu'il estoit raisonnable que vous abominassiez en ses couleurs naturelles. Mais enfin, il a fallu que je servisse de jouët à la faveur precipitée de l'un, pour exercer la pitié de lautre, ou que, comme une bale de paume, passant de main en main, je vous donnasse à chascun le mesme plaisir de me renvoyer. Je ne sçauroy pas que la fortune me gardoit cette piece d'employ pour cette année, et cependant, à m'en expliquer rondement, elle est si loing de mon desplaisir, qu'au contraire, Monsieur, je pense n'en avoir jamais eu de plus digne; touts chemins me rient, par où l'on me puisse conduire à la felicité de vous entendre parler. Il est vray que j'en ay usurpé la possession depuis quelques années, et qu'il y a longtemps que je me trouve aux escouttes de voz merveilles dans la presse infinie de voz lecteurs, mais depuis que me tirant à part vous commencez à m'entretenir seul à seul, et me jetter de ces roses que ci devant j'ay esté bien aise de ramasser, à mesure que vous en avez semé parmi le peuple, je desdaigne ma fortune de jadis et fay estat, que ce n'a esté que la saison de mes adversitez, quand je n'ay eu que le bonheur de vous cognoistre sans reflexions. Il reste que vous me permettiez de vous supplier, que ces grands bienfaits d'aujourdhuy soyent sans repentance, que je n'aye commencé d'estre du nombre de voz amiz, pour achever de l'estre quelque jour, qu'il n'y ayt point de fin à ce qui est si proche de son commencement et qu'au moins je me console dans l'esperance de la durée d'un bien acquis sur le tard. C'est à dire, Monsieur, que vous ne vueillez jamais vous. informer de ce que je vaulx à par moy, et que je n'entre jamais en vostre imagination qu'en la suitte de M. de S.t Surin. La difformité d'un lacquay More nous plaist, si quelque grand ami l'ameine. Permettez que le service que j'ay voué à cettuy-ci des vostres me conserve le bien de vostre souffrance. C'est tout ce que j'ay jamais osé pretendre et c'est dont le seul espoir que vous m'en donnez m'obligeroit à demeurer tousjours ..... Le 3e de May 1632Ga naar voetnoot1). J'embrasse chaudement le tesmoignage que vous rendez à mes deux grands amiz, les S.rs Heinsius et Cunaeus, et m'asseure qu'ilz se flatteront tant que permettra leur modestie de l'honneur de vostre approbation. Vous verrez, s'il vous plaist, dans ce peu de feuillets que le premier a donné naguere au publiq, s'il ne vous preste dignement la main â ramener le siecle de Leon Xe. L'autre n'a pas tant accoustumé de se communiquer, et n'y a rien depuis sa Republique des JuifsGa naar voetnoot2), piece tres-estimée parmi nous, par où il ayt faict preuve de progrez de sa suffisance, que l'estude des loix et cette profession espineuse occupe principalement. |
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