Briefwisseling. Deel 1: 1608-1634
(1911)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend566. Aan sir Rob. KilligrewGa naar voetnoot10). (K.A.)Depuis deux longs voyages que j'ay esté obligé de faire aveq cette cour, | |
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dans laquelle - ce que je doibs adjouster pour partie des excuses de mon silence - il a pleu à Mons.r le Prince m'honorer d'une commission nouvelle dans son conseil, quoyque bien embarassé d'affaires, qu'à son retour on a accoustumé de trouver amassées pour la premiere bienvenue, je ne puis m'empescher d'encor vous inquieter cette derniere fois, pour m'acquitter de la response que je doibs à un point de vostre dernier lettre, où vous m'avez voulu tesmoigner du desplaisir de ce qu'un jour je vous auroy dit, que j'avoy bien d'autres affaires que de prendre soin des pages de S. Ex.e Il ne m'est demeuré ni copie, ni minute de la lettre qui porteroit ce passage, comme en effect ce n'est pas ma coustume de me garder des mesmoires serieux de l'entretien familier de mes amiz, mais supposant ledit passage se trouver de ma main, puisque vous l'alleguez, je vous repliqueray briefvement, que si je me fusse doubté qu'on eust voulu peser mes paroles de si près, j'eusse peu m'exprimer d'une autre sorte, moins offensive au dehors, et si, au dedans de la mesme teneur. Mais parlant franchement aveq vous sur les erres de nostre amitié tant fondée, je me suis certes jamais pené à regler ma plume si exactement en vostre endroict. Cependant voyez, s'il vous plaist, l'intention que je m'imagine avoir euë alors. Tout le monde sçait ici la presse d'affaires, où me fait vivre ma vocation. A vous qui pouviez l'ignorer, aussi j'y pense la devoir alleguer, à ce que, me jugeant peut estre en faute d'avoir l'esgard à vostre fils, que je debvroy - comme toutefois je desire bien qu'on fasse à mes enfans ce que j'ay faict au vostre - à ce que, dis-je, en tel cas vous sçeussiez que j'avoy trop d'affaires pour pouvoir regarder continuellement aux pages, fussent ilz fils de mon pere. Et de maniere que ce qui pourroit arriver du defaut de ma survoyance, se devoit tenir excusable, en effect, Monsieur, si j'eusse en intention de desdaigner ce soing ou de m'en defaire, tenoit il à autre qu'à moy d'estre si mal courtois dès le commencement? Et au contraire ne m'en suis-je pas de tout temps donné la sollicitude? Avez vous pas esté plustost las de lire ce dont je vous ay entretenu en tant de fueilles de papier sur le subjet de ce povre fils, que moy de vous l'escrire? Et quoy que vous ayez voulu tirer de de mes paroles, mes actions vous ont elles jamais faict veoir, que je fusse desgousté de vous servir? Voire et quand ce viendroit à presser l'affaire, croyez vous que je manquasse de bons tesmoings à faire paroistre, comme de bon coeur je me suis employé sur ce subjet, mais comme aussi souvent j'ay souhaitté que m'en eussiez mis un entre mains, auquel il y eust eu apparence de deservir plus d'honneur et de gré? Monsieur, je ne sçauroy vous dire autre chose que tousjours cela mesme. Puisse-il arriver à mes enfans, selon que je me suis acquitté envers le vostre. Apres ceci seul je ne vous en rompray plus la teste, ni à moy. Sachez que, si c'est de bon coeur - comme je m'y attens - et sans reserve d'amertume, que vous me faictes profession d'amitié durable, il ne vous demeure rien au monde si acquis que mon affection au bien de vostre service. Prevalez vous en, s'il vous plaist, et vous asseurez qu'à voz amis, non qu'à voz enfans, je ne refuseray jamais chose beaucoup plus grande que sept shillings. Car certes qu'une noire et meschante calomnie ayt peu encor donner cette vile impression de moy à Madame Killigrew, cela ne cesse de me cuire asprement. Je m'en defends envers elle par ce mot, et ne veux plus retourner icy au vomissement. Je la prie par ce mesme mot, et vous requiers | |
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de m'y aider, de croire que j'en veux oublier le maltalent, et en cette resolution je demeure .....Ga naar voetnoot1). |
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