Briefwisseling. Deel 1: 1608-1634
(1911)–Constantijn Huygens– Auteursrecht onbekend194. Aan zijne ouders. (K.A.)*Ma main dispute mon debvoir, quand il est question de vous aggraver l'esprit de nouvelles peu agreables, que d'ailleurs peut estre ne l'avez que trop accablé d'ennuy par la consideration de l'estat de noz affaires pardelà. Si ne devez vous ignorer que dans cette cour il nous reste peu d'apparence d'aucun soulagement, tant les asseurances que le S.r Digbie continue de jour à autre de communiquer au Roy, son maistre, de la sincere inclination du Roy | |
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d'Espagne pour la consommation du mariage et la restitution du Palatinat ont esté capables de rasseoir le courage de S.M.té et luy faire perdre les erres de ces belles deliberations faictes à Hampton Cour, quand Porter fut envoyé exprès demander le passage par les Païz baz pour M. le Prince et son armée. Nous n'avons plus besoin de nous attendre à son retour, puisqu'avant mesmes son arrivement en Espagne le Roy se contente de recepvoir à paye l'instance que le Roy l'Espagne luy faict de voulloir encor se donner la patience de quelque peu de jours, dans le terme desquelz il s'asseure de faire valoir ses intercessions avec tant d'efficace aupres de l'Empereur qu'il ne sera aucunement besoing d'en venir aux mains, s'offrant neantmoins en tout cas de joindre ses forces à l'armée angloise et procurer par ses armes ce que par ses persuasions il n'aura peu obtenir. Ce sont les frivoles appas, au moien desquelz ce prince se laisse amuser de pleine volonté, au regret indicible de quelques uns de ses bons subjetz et serviteurs plus affidez, qui, pour luy avoir parlé clair passé quelque temps, quand le soleil donnoit apparence de luire si beau, se voyent ou mesprisez ou gourmandez, et jugent fort bien que, si Dieu n'y met la main par grace extraordinaire, ce royaume va se precipiter de plein saut et nous noyer en son naufrage. Certes desjà avons nous si vivement ressenty la reflexion de ces changemens, que nous jugeons la rupture estre la plus apparente issue de nostre longue et tres espineuse negotiation. A present nous en sommes à la veille. Par le consentement du Commun Conseil de defense aux Indes le siege de Bantam a esté continué de quelques deux ans en ça. Si que les Angloiz se trouvants despourvenz de navires et autres moyens, pour le fournissement de la moitié des charges de cet exploit, à laquelle par convention precedente ilz se sont obligez, il se trouve que la Compagnie des Païs baz de gré à gré a soustenu quasi seule le peril et la despense dudit siege, nous demandons en vertu du traicté - qui generalement oblige les deux Compagnies à la charge commune aux exploictz dont le prouffit doibt venir en commun, et specialement en celuy de ce siege - que les Angloiz soient condamnez au remboursement de la moitié des despenses que les nostres ont portées pour l'avantage des deux Compagnies. Et on a le front de nous denier à plat cette pretention, fondée - quand il n'y auroit aucun traicté - en l'esgalité que les apprentifs du droict sçavent appeller la mere des societez. Ce vilain procedé nous a mis en rupture avec ceux du Conseil et contrainctz de nous adresser encor cette fois au Roy, afin que, n'ayans l'honneur de luy pouvoir laisser du contentement, il ait agreable de nous envoyer faire rapport à noz superieurs de l'estat auquel nous aurons esté necessitez de laisser cette ennuyeuse besoigne, apres onze moiz de temps et de pene qu'y aurons employez. S.M.té est à 50 miles d'icy et nous a faict mander par response sur ce qu'avions escrit au Marquis de BuckinghamGa naar voetnoot1), qu'apres avoir ouy le rapport de ceux de son Conseil à Theoballes, où il se trouvera Lundi prochain, nous aprendrons ce qui sera de son bon plaisir pour le subjet d'une autre confereme. Ce sera le jour qui nous enseignera que c'est que debvrons esperer du succez de ce traicté. Cependant je ne puis vous celer que j'en juge avec beaucoup de desespoir, qui n'ignore pourtant les grands inconveniens et dangereuses confusions dont ces malentenduz menacent nostre Estat. Mes maistres, l'adviz desquelz | |
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vous pouvez lire dans la declaration du mien, ont trouvé cette extremité de si grande importance, que pour la communiquer à leurs souverains ilz font cette depesche expresse, resoluz de rien precipiter sans avoir de quoy se garentir contre les murmures de nostre peuple au pis aller de ces affaires. Ainsi dans peu de sepmaines nous sommes apparens de vous reveoir; si ce n'est avec le contentement que l'estat de nostre Republique semble requerir, je prie Dieu que ce soit avec celuy de vous trouver en la disposition, ou je vous laissay tantost une ronde année ..... Londres, ce 10e de Novemb. 1622. |
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